Prédication disponible en format audio.

La fête des Saints Innocents manifeste la cruauté des hommes ambitieux et esclaves du pouvoir. Hérode a mis à mort des enfants innocents. Innocent veut dire du point de vue étymologique « non nuisible ». Ces enfants, sans force, ont été éliminés de manière expéditive au nom de la sauvegarde de la royauté et des intérêts personnels.

Jésus n’est pas naïf. Il connaît le cœur de l’homme, capable du meilleur comme du pire. Je me souviens de ce que me disait une sœur de Saint-Joseph de Cluny, un jour à Port-au-Prince, capitale d’Haïti, alors que nous échangions sur les conditions de vie dans les camps après le séisme du 12 janvier 2010. « Les hommes sont sans pitié », déclarait-elle.

La fête des Saints Innocents manifeste aussi la grâce du Christ Jésus venu sauver tous les hommes. Ces enfants n’ont pas parlé en faveur du Christ ni manifesté leur foi en lui. Ils ont été sauvés par l’amour gratuit de Dieu.

Leur mort est célébrée comme martyre, car dans leur innocence ils ont témoigné de Jésus, l’Agneau pascal, qui enlève le péché du monde. Leur mort annonçait déjà la mort de Jésus innocent, le Vendredi saint. Sauvés par une grâce qui vient de la croix de Jésus et de sa glorification, ces enfants sont morts à la place de Jésus qu’Hérode cherchait à éliminer.

Dans la paix de Noël, la violence n’est pas loin. La croix jette son ombre sur la crèche illuminée par la présence du Fils de Dieu fait homme.

S’il l’on nous demandait de choisir un animal pour symboliser Dieu, lequel choisirions-nous ? Le taureau, par sa puissance ? Le dragon ? Pourtant, c’est un Agneau que Dieu a choisi pour symboliser le mieux son être d’amour et de paix, sans violence. Non violent, artisan de paix, Jésus est symbolisé par un Agneau immolé. Ces enfants sanctifiés par Jésus dévoilent au monde la puissance de l’amour de Dieu.

S’il fallait résumer toute la Bible en un seul mot à mettre sur un timbre-poste, lequel choisirions-nous ? L’Esprit Saint nous révèle dans la première épître de saint Jean que Dieu est Amour (I Jn 4,8). L’amour dit le cœur de Dieu. L’amour de Dieu enseigne aux hommes que le mystère de leur vie ne se comprend que dans cet amour divin.

Sainte Catherine de Sienne (†1380), docteur de l’Église, copatronne de l’Europe, transmet dans ses écrits ce message de l’amour de Dieu, comme source, modèle et fin de l’existence humaine. Inspirée par l’Esprit, Jésus parle en elle pour dire ceci : « De même que l’amour vous a tiré du sein de mon Père, qui vous a créés avec sa sagesse, de même, cet amour vous conserve. Car vous n’êtes faits que d’amour[1]». Oui, l’homme est amour. Argile d’amour entre les mains du potier (cf. Jr 18,6), Amour. Et cet amour qui vient de Dieu se manifeste vainqueur de la mort en Jésus.

C’est l’amour qui a poussé le Fils de Dieu à devenir homme.

C’est l’amour puissant de Jésus qui a accordé aux enfants morts à Bethléem une nouvelle naissance dans la gloire de Dieu.

Prions pour les enfants victimes de violences.

Prions pour les enfants qui témoignent de leur foi en Jésus. Qu’ils soient affermis, par l’Esprit du Seigneur, au milieu des critiques et des contradictions.

Rendons grâce à Dieu pour tant de témoignages de foi, d’amour, de prière et de sainteté offerts par les enfants, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

 

 [1] Sainte Catherine de Sienne, Lettre seizième à grand prélat. Le Livre des dialogues Suivi de Lettres. Préface et traduction de Louis-Paul Guigues. Éditions du Seuil. Mars 2002.

 

  Méditation du Lundi 28 décembre 2020 – Fr Manuel RIVERO O.P.

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