Prédication disponible en format audio.

Devant les inégalités structurelles de la ville de Lima dans le Pérou du XVI siècle, Saint Martin de Porrès n’a pas cessé de casser les barrières et les codes qui empêchent l’Evangile d’être proclamé à toutes les nations. Et il a commencé par lever les barrières qui lui ont été imposés personnellement. Dans la vie civile d’abord. Mais également dans l’Eglise où le prieur du couvent dominicain du Saint Rosaire l’accepte alors que les lois canoniques de l’époques interdisaient aux Indiens, aux Noirs et à leurs descendants de rejoindre des ordres religieux. Pour un descendant d’esclave, métis comme Martin de Porrès, intégrer le couvent même sous des vœux privés, restait improbable, selon les canons de l’Eglise catholique. Il faudra attendre 1643, soit 3 années après sa mort, pour qu’un chapitre général dominicain abroge avec autorité « Les nombreuses ordinations très sévères interdisant l’admission aux métis, aux Indiens et aux Africains, par l’un des parents ou les deux, partout où elles existent » Comment ne pas voir l’influence et l’exemplarité de Saint Martin, dans une telle décision ; évidente pour nous maintenant, mais novatrice pour l’époque. Martin de Porrès illustre parfaitement que l’Eglise ne se réforme pas par des mouvements de contestation ou de revendication. Mais elle se réforme par la sainteté et le courage évangélique qui n’est dicté que par le Saint-Esprit.

L’avenir mettra probablement en lumière des aveuglements de notre époque peut-être plus grand encore. Et qu’un tel saint nous pousse à avoir une conduite prophétique et oser casser les codes de nos sociétés et les barrières de nos mentalités. Qu’elles soient civiles ou ecclésiales, elles éloignent beaucoup de personnes de l’Evangile et du Royaume des cieux.

Comme par exemple cet indien, pour qui le paradis chrétien est rempli de tortionnaires. Martin le retrouve poignardé et agonisant dans la rue. Il le recueille dans sa cellule pour le soigner. Suite à quoi le prieur lui infligera une punition que Martin accepte « humblement » et s’en excuse, demandant tout de même des explications : Je ne croyais pas que le précepte de l’obéissance l’emportait sur celui de la charité… Finalement le supérieur le laissera exercer la miséricorde à l’intérieur du couvent. Et la miséricorde envers tous les pauvres et les plus petits, signifie également envers les animaux et notre nature qu’il ne cesse d’aimer.

Son couvent est envahi de rongeurs que le prieur souhaite exterminer. Mais Martin, par le dialogue, les rassemble, leur donne un coin de liberté dans le jardin et les nourris. En échange de quoi, plus aucun ne viendra détruire ni voler dans le couvent. Si les rongeurs bénéficient de son attention, ou les chiens et les chats errants qu’il soigne et nourris. Ce sont surtout les hommes assoiffés de miséricorde qui attirent sa compassion, en premier lieu les orphelins, les enfants abandonnés ou sans foyers. Le frère Martin fonde le premier orphelinat du continent américain, ainsi qu’un hôpital et le collège de Sainte-Croix. Des institutions qui subsistent encore à ce jour, 400 ans après.

Le Saint Pape Jean XIII le proclame patron de la justice sociale, et je complèterai de l’écologie intégrale qui fait partie de la vie sociale de l’Eglise. Il passe ses dimanches après-midi à prendre soin d’une terre en friche pour planter des arbres fruitiers, afin que les pauvres ne soient plus tentés de voler pour se nourrir. Il leur rend ainsi leur dignité de fils de cette Terre. Cette option préférentielle pour les pauvres, dont fait preuve Saint Martin, est un des principes de la doctrine sociale de l’Eglise. Elle se base sur les paroles directes de Jésus qui ne cesse de prêcher heureux les pauvres de cœur. Et qui indique à ses disciples que des pauvres vous en aurez toujours à servir. En ce temps de l’Avent, souvenons-nous que le signe même de la venue et de la présence du Messie, c’est que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.

Lundi 14 décembre, Chemin de l’Avent – Fr. Fabien-Joseph HIGNETTE

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