Prédication disponible en format audio.

Beaucoup de personnes ont peur de parler et d’exprimer leurs pensées et leurs sentiments. Il y a la menace des régimes politiques totalitaires et il y a aussi la pression du « prêt à penser » obligatoire par le biais des idéologies, des réseaux sociaux et des opinions publiques souvent façonnées par des lobbys qui travaillent dans l’ombre, et qui nous renvoient aux marionnettistes qui tirent les ficelles derrière des rideaux. Derrière ceux qui parlent et qui menacent il peut y avoir des intérêts politiques ou des visions machiavéliques.

Pierre et Jean ont fait cette expérience de la persécution, de l’interdiction de parler et de la menace des sanctions. Le miracle accompli par Jésus à leur prière était évident : l’infirme a été guéri. Beaucoup de personnes pouvaient en témoigner à Jérusalem. Cela gênait des notables religieux qui se sont réunis en vue de mettre un terme à la prédication des apôtres au nom de Jésus.

Pierre et Jean ont réagi face à cette interdiction de parler : « Est-il juste devant Dieu de vous écouter, plutôt que d’écouter Dieu ? À vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu » (Ac 4).

La morale chrétienne repose sur la raison. Quand saint Thomas d’Aquin (+1274) commente la loi naturelle inscrite en tout homme, il n’évoque pas la nature sauvage sans science ni culture, mais la loi de la raison qui dit dans le silence de la conscience : « Fais le bien et évite le mal ».

C’est pourquoi le Docteur Angélique n’accorde le nom de loi qu’aux lois qui conduisent au bien ; une loi qui conduirait au mal n’aurait pas l’autorité propre aux lois car elle serait tout simplement l’opposé de la loi.

Les chrétiens sont obéissants ; ils obéissent aux lois dont la force s’enracine dans la recherche du bien et non du mal, dans la défense de la vie et non dans des actions de mise à mort.

C’est pourquoi l’Église appelle au sens de la responsabilité. Après les camps de concentration qui ont fait des millions de mort parmi les Juifs, les Allemands se sont demandés : « Comment l’Allemagne riche en culture et en religion a-t-elle accepté le pouvoir nazi et la mise à mort de millions d’innocents ? Pourquoi les Allemands n’ont-ils pas désobéi aux nazis ? ». Les théologiens allemands ont proposé alors de passer d’une morale de l’obéissance à une morale de la responsabilité.

C’est cette morale de la responsabilité que les apôtres Pierre et Jean ont mis en avant face au rouleau compresseur des autorités. Ils ne pouvaient pas devenir « des chiens muets » après avoir rencontré Jésus vivant et opéré des miracles en son Nom.

Dans l’évangile selon saint Marc, Jésus reproche aux apôtres leur manque de foi et leur dureté de cœur alors que Marie Madeleine avait témoigné de la résurrection de Jésus et de sa rencontre dans le jardin de Jérusalem.

Nous aurions tort d’imaginer qu’il y a deux mille ans les gens étaient crédules et qu’ils avalaient n’importe quelle nouvelle. Les apôtres ont manifesté leur résistance à croire au témoignage de Marie Madeleine et des disciples qui s’étaient entretenus avec Jésus vivant. Loin d’affaiblir ce côté sombre des apôtres, saint Marc le souligne en faisant preuve d’une grande liberté d’esprit et de foi en Jésus ressuscité.

Le doute des apôtres sera dépassé par le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Ils croiront et ils partiront annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection de Jésus partout dans le monde, sans reculer devant les menaces ni le martyre, car il faut obéir à la raison et à Dieu plutôt qu’aux hommes.

Samedi de Pâques – 6 Avril 2024 – Fr. Manuel Rivero O.P.

 
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