Jésus avait-il des amis personnels ? Saint Jean l’évangéliste nous introduit dans le cercle d’amis intimes de Jésus : Lazare, Marthe et Marie. Ils habitaient Béthanie, non loin de Jérusalem. Jésus y faisait souvent escale pour partager le projet de salut voulu par Dieu le Père, dans un climat familial et reposant.
Au chapitre 11 de son évangile, saint Jean nous raconte la mort de Lazare, les prières de Marthe et de Marie, les larmes de Jésus et le miracle du retour à la vie de Lazare, figure et annonce de la résurrection de ceux qui croiront en Jésus Messie.

S’il est vrai que la foi chrétienne exige un détachement des créatures pour aimer Dieu de tout son cœur, nous avons à éviter le risque de penser que nous aimons Dieu parce que nous n’aimons plus personne. 

Jésus avait des sentiments envers ses amis. L’Évangile ne mentionne que deux fois les larmes de Jésus : devant l’obstination de Jérusalem (cf. Lc 19,41s) et lors du décès de son ami Lazare. Les pleurs de Jésus ému devant le tombeau impressionnent les gens : « Voyez comme il l’aimait ! ».

Marthe et Marie sont aussi très proches de Jésus, chacune selon son charisme et sa psychologie. Ne sous-estimons pas la valeur de Marthe et l’attachement de Jésus à son égard. C’est bien Marthe qui part la première à la rencontre de Jésus et c’est à elle que Jésus déclare : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ». C’est aussi à Marthe que Jésus révèle la victoire sur la mort : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu « .

Quant à Marie, saint Jean rappelle qu’elle avait répandu du parfum sur Jésus et ses cheveux avaient essuyé ses pieds. Le parfum de Marie imprégna le corps de Jésus et le parfum de la sainteté de Jésus transforma l’âme de Marie.

Les échanges de Jésus avec ces trois amis se sont déroulés dans la lumière de la foi et d’une foi qui allait en grandissant et en se purifiant. Les premiers « si » de Marthe et de Marie « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort » rencontrent un autre « si » de Jésus : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». Voilà la conversion et le passage d’un « si » marqué par le deuil à un autre « si » surnaturel, le « si » de la foi en Jésus qui conduit à la gloire du Dieu vivant.
Le père Henri-Dominique Lacordaire (+1861), dominicain, prédicateur à Notre-Dame de Paris, qui a restauré l’Ordre des prêcheurs en France après la Révolution, a décrit la grâce de l’amitié : « Fondée sur la beauté de l’âme, l’amitié naît dans des régions plus libres, plus pures et plus profondes que toute autre affection ».

« Lazare, viens dehors », crie Jésus d’une voix forte. 

Aujourd’hui aussi il nous dit « Viens dehors », sors de ta zone de confort. Comme Lazare enveloppé d’un suaire, nous sommes bloqués par nos soupçons envers Dieu et par les liens du péché. 

« Déliez-le, et laissez-le aller », demande Jésus aux amis de Lazare. Nous avons besoin de la prière, de l’écoute et du soutien spirituel de nos amis pour retrouver la liberté de croire et d’aimer le Seigneur.

Puissions-nous agir en ce Carême comme les proches de Lazare qui l’ont libéré des bandelettes de la mort. Que notre témoignage et nos encouragements spirituels libèrent nos amis des forces de la mort qui les paralysent : orgueil, pornographie, mensonge …

Merci Seigneur Jésus, ce que nous faisons de bien, c’est toi qui l’accomplis en nous.
 

Cinquième dimanche de Carême – 26 mars 2023 – Fr. Manuel Rivero o.p.