Prédication disponible en format audio.

« Le Seigneur m’a entendu, il m’a pris en pitié.

Le Seigneur est venu à mon aide » (Ps 18).

Voilà le but ultime que recherche le Seigneur pour nous, dans sa bonté. C’est en se donnant entièrement à lui que nous trouverons enfin la source du vrai bonheur. Sans être exemptés pour autant d’épreuves. Mais, l’offrande de nos épreuves est déjà un grand pas, fondamental, qui change notre rapport à la souffrance. L’offrande ne s’arrête pas à une conversion de notre vie de souffrance. Le Seigneur s’en sert comme d’un levier pour nous entraîner encore plus loin sur cette voie : C’est-à-dire ;  à partir du don de nos souffrances, il va nous préparer, nous attirer au don de notre vie, par une conversion totale. (Jn 6,44) : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». nous dit Jésus.

            Pour durer dans l’offrande, nous avons à redire « oui » au Seigneur chaque matin de notre existence et tout au long de notre journée. Il y aura des moments où cela ira de soi ; d’autres cependant, où il faudra se battre, s’accrocher pour tenir cet engagement vital. Persévérer pauvrement, comme on peut, voilà ce qui compte réellement.

            En effet, en Mt 11,28, où Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous soulagerai », cette phrase pourrait être mal comprise,  être assimilée à un simple dépôt. Certes, on remet nos croix à Jésus mais on peut le faire comme on s’en débarrasserait au plus vite, tout en accablant le Christ pour qu’il les supporte par procuration, à notre place. On se déchargerait sur lui de nos peines pour en être dégagés au plus tôt, pour notre convenance personnelle. Il y a là une possible ambiguïté, clairement levée par le passage à l’offrande. Cependant, il est clair que l’offrande de notre souffrance au Seigneur ne la fait pas magiquement disparaître. L’offrande est une opération spirituelle qui change nos perspectives intérieures, notre cœur, et produit des effets apaisants. Mais elle ne signifie pas pour autant que l’on soit guéri, libéré du poids et de l’agression de la douleur physique, psychologique ou morale qui nous atteint, nous habite ou nous blesse. La réalité de la souffrance peut persister, et c’est souvent le cas. Mais à travers notre geste d’offrande, nous pourrons mieux la supporter, la vivre avec plus de courage, de sérénité, de foi et surtout d’espérance. Du moins les bons jours…

            Pourtant, la souffrance peut également être source d’évangélisation. Si nous sommes conduits à témoigner de la manière dont nous la vivons grâce au Seigneur, et que nos proches constatent le chemin intérieur que nous avons parcouru à travers les fruits qui se manifestent en nous (sérénité, abandon, joie, etc) et autour de nous (attention aux autres, bienveillance, charité, etc), elle devient une arme très efficace pour révéler l’œuvre miséricordieuse de Dieu, et ainsi lui attirer des âmes. Pourtant, parfois, l’offrande n’est pas, n’est plus possible : nous souffrons trop, nous avons perdu toutes nos forces, nous n’arrivons plus à prier tant la douleur ou la peine sont grandes… Rassurons-nous, c’est le désir qui compte aux yeux de Dieu, le désir d’offrir qui nous habite, c’est avant tout une question de cœur à cœur, d’engagement personnel par rapport à notre Dieu. Tout reste donc à faire, ou plutôt à vivre, faire fructifier l’offrande de notre vie, la traduire en acte de foi, d’espérance et de charité. Alors, Dieu nous donnera tous les moyens spirituels pour pouvoir l’accomplir. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus l’a expérimenté tout au long de sa vie : « Jamais Dieu ne m’a fait désirer quelque chose sans me le donner ».

            Car c’est bien nous-mêmes qu’il désire à ses côtés, pas seulement nos offrandes ; et pas seulement comme des serviteurs, mais comme des amis et des frères et sœurs. Et Marie, en mère attentionnée, n’a de cesse de nous présenter à notre avantage à son Fils, malgré nos défauts, nos péchés. Bien sûr, nous ne pouvons emprunter ce chemin qu’à condition d’avoir confiance en Jésus, une confiance qui se construit, s’affermit jour après jour, par la prière, l’écoute de la Parole, la fréquentation des Sacrements, les témoignages, l’aide des frères et sœurs, et les actes de charité. Une telle confiance est le socle sur lequel nous pouvons bâtir le temple de notre abandon à Dieu, même dans les temps de malheur et de douleur. Le chemin du ciel sur la terre s’ouvre devant nous, avec ses incertitudes, ses peines et ses joies, ses ombres et ses lumières. Mais la Miséricorde et l’Espérance éclairent sans cesse nos pas ; la Parole de Dieu est notre lampe ; la Foi, notre bouclier. Même les épreuves peuvent devenir source de Vie et de Salut.

PRIONS :     

Ne pleure pas si tu m’aimes !

Si tu savais le don de Dieu et ce qu’est le ciel !

Si un instant tu pouvais contempler comme moi la beauté

devant laquelle toutes les beautés pâlissent !

Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens

comme elle a brisé ceux qui m’enchaînaient,

et quand, un jour que Dieu seul connaît et qu’il a fixé,

ton âme viendra dans ce ciel, où l’a précédée la mienne,

ce jour-là, tu reverras celui qui t’aimait, et qui t’aime plus encore.

Tu me reverras donc, transfiguré dans l’extase et le bonheur,

non plus attendant la mort, mais avançant d’instant en instant avec toi,

dans les sentiers nouveaux de la Lumière et de la Vie !

Essuie tes larmes et ne pleure plus, si tu m’aimes.  

                                                                       Saint Augustin.

                        Extraits de « Petite vie dans les épreuves », de Jean-Romain FRISCH,                                                          membre de la Communauté de l’Emmanuel,

 

                                                                       Noéline FOURNIER Laïc

 

Le vendredi après les Cendres – vendredi 4 mars – Noéline FOURNIER, Laïc

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