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         Juste après avoir été tenté au désert par le diable, Jésus retourne en Galilée. St Matthieu y voit l’accomplissement d’une prophétie d’Isaïe : « Galilée des nations ! Le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui demeuraient dans la région sombre de la mort, une lumière s’est levée » (Mt 4,12-17 ; Is 8,23-9,1). Et de fait, avec le Christ « Lumière du monde » (Jn 8,12), il est bien cette « Lumière véritable qui éclaire », déjà, « tout homme » (Jn 1,9)… Mais il ne suffit pas que la Lumière brille… Encore faut-il que nos yeux soient ouverts et qu’ils puissent voir… Et Jésus ici ne parle pas d’une lumière semblable à celle du soleil : c’est la Lumière spirituelle de « Dieu » qui « est Esprit » et « Lumière » (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5). Et cette « Lumière » n’est perceptible que par « les yeux du cœur » (Ep 1,18). Or « Juifs et Grecs, tous sont soumis au péché, comme il est écrit : « Il n’est pas de juste, pas un seul… Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis… Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rm  3,910.23) et donc de sa Lumière… Nous sommes comme des aveugles marchant en plein soleil (cf. Ps 84(83),12) : plongés dans les ténèbres, nous ne voyons rien… Mais toute la mission de Jésus consiste à nous ouvrir les yeux, à nous ouvrir le cœur : « Ephphatha, c’est-à-dire, ouvretoi ».  (Mc 7,34)Moi, Lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en  « moi ne demeure pas dans les ténèbres… Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 12,46 ; 8,12). Et le Père Boismard écrit : « St Jean met une équivalence entre vie et lumière, comme dans le Psaume 36,10 : « En toi est la source de vie ; par ta lumière, nous voyons la lumière », c’est à dire la prospérité, le bonheur. La lumière naturelle est source de joie : « Douce est la lumière et il plaît aux yeux de voir le soleil » (Qo 11,7). Elle est donc devenue le symbole du bonheur : « Je façonne la lumière », dit Dieu, « je fais le bonheur » (Is 45,7). La vie parfaite, comblée de tous biens, apporte aux hommes la lumière qui est joie; mais il n’est de vie parfaite qu’en Dieu et par Dieu, car lui seul peut combler toutes les aspirations de l’homme » (Ps 36,10).

            Telle est donc « la Bonne Nouvelle » que le Christ commence à annoncer dès son retour en Galilée : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » (Mt 4,17). Avec Lui et par Lui le Règne de l’Esprit, à qui rien ne résiste, se propose à nos cœurs : sa Lumière est victorieuse de toutes formes de ténèbres, sa Vie triomphe de nos morts, la vraie Joie, celle de Dieu Lui-même, commence à nous être communiquée : « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jn 15,11). Et peu de temps après, Jésus gravira la montagne et il donnera aux foules ce fameux discours des Béatitudes où résonne neuf fois le mot « heureux » (Mt 5,1-12), un appel retentissant au vrai bonheur, œuvre de Dieu en nos cœurs…

            Mais cela signifie-t-il pour autant que pour les disciples de Jésus toutes souffrances, toutes épreuves, toutes difficultés disparaissent désormais ? Déjà certaines Béatitudes nous sont plus difficiles à entendre… Dès la troisième, Jésus dit en effet : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés »… Après avoir accueilli Jésus, les pleurs existeront-ils donc toujours ? « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux… Heureux serez-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi  » (Mt 5, 5.10-12)… Les persécutions, les épreuves, les coups bas, les trahisons, les mensonges, les calomnies seront-ils donc toujours là, avec leur cortège de souffrances ? St Jacques écrit à ses frères et sœurs dans la foi : « Quelqu’un souffre-t-il ? Qu’il prie »… Suivre Jésus ne nous dispense donc pas des souffrances de la vie… « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Eglise et qu’ils prient sur lui après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur » (Jc 5,13-14). Suivre Jésus ne nous dispense donc pas de la possibilité de tomber gravement malade, et donc, là encore, de souffrir … C’est ainsi que Ste Thérèse de Lisieux, « la plus grande sainte des temps modernes » (Pape Pie XI) sera touchée par la tuberculose et en mourra le 30 septembre 1897 à l’âge de 24 ans… Ste Bernadette, qui a vu la Vierge Marie à Lourdes, attrapera elle aussi cette maladie redoutable et incurable à l’époque ; en plus, elle avait une tumeur à un genou qui avait mis sa chair à vif… Voir la Vierge Marie ne l’a donc pas préservée des souffrances de la vie…

            Tout cela, nous avons du mal à l’entendre… Et pourtant, la Bonne Nouvelle demeure… En effet, Jésus nous dit : « Je vous ai dit ces choses pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). La paix et la joie de Dieu règnent au cœur même de la souffrance… C’est ainsi que Ste Thérèse qui, un mois avant sa mort, avait répondu à une Sœur qui lui demandait ce qui lui ferait plaisir : « Un éclair au chocolat ! », écrivait : « Il n’y a pas de plus pur bonheur qu’aimer en souffrant »… « Ne croyez pas que lorsque je serai au Ciel je vous ferai tomber des alouettes rôties dans le bec… Ce n’est pas ce que j’ai eu ni ce que j’ai désiré avoir. Vous aurez peut-être de grandes épreuves, mais je vous enverrai des lumières qui vous les feront apprécier et aimer. Vous serez obligées de dire comme moi : « Seigneur, vous nous comblez de joie par tout ce que vous faites. »

 

Prions

 

Le 5 février 1597, Antoine Deynan, enfant de chœur de 13 ans, fut crucifié en raison de sa foi sur une colline proche de Nagasaki, au Japon, avec Paul Miki et vingt quatre autres compagnons… Il chantait sa joie sur la Croix… Seigneur, à leur prière, donne-nous de pouvoir marcher avec toi dans la vérité parfois douloureuse de nos vies. Nous avons besoin de toi : que ta grâce en nos cœurs ne nous manque jamais… Avec elle puissions-nous vivre dans ta Paix avec le réconfort de te savoir Présent à nos côtés…

 

Vendredi après les cendres – 16 Février 2024 – Diacre Jacques FOURNIER

 
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