Prédication disponible en format audio.

A la fin de l’été 1868, Zélie MARTIN, mariée à Louis, perd coup sur coup, en quelques jours, son bébé Joseph, âgé de huit mois, et son père, auquel elle était profondément attachée. C’est le deuxième petit garçon que les MARTIN voient mourir dans leurs bras, impuissants. La jeune mère, désormais orpheline, est déchirée :

« Samedi, raconte-t-elle à sa belle-sœur Célie, je cherchais mon père partout ; il me semblait que j’allais le trouver, je ne pouvais me figurer que j’en étais séparée pour toujours. Hier, je suis allée au cimetière ; à me voir, on aurait dit que j’étais la personne la plus indifférente du monde. J’étais à genoux au pied de sa tombe, je ne pouvais pas prier. A quelque pas plus loin, je m’agenouillais sur celle de mes deux petits anges ; même indifférence apparente…

 

J’ai parcouru un chemin que j’avais suivi, il y a cinq semaines, avec mon petit enfant et mon père, je ne pourrai vous dire ce que j’ai éprouvé ! Je ne faisais attention à rien de ce qui se passait autour de moi ; je regardais les endroits où mon père s’était assis. Je restais là, debout, presque sans pensées. Jamais de ma vie je n’avais ressenti de pareils serrements de cœur. En arrivant à la maison, je n’ai pu manger, il me semblait que n’importe quel malheur me trouverait maintenant insensible. »

 

Zélie se sent égarée, anéantie. Son âme est comme absente d’elle-même. Elle ne réussit plus à parler à Dieu, à prier. Et elle n’est pas, hélas, au bout de ses deuils, qui la conduiront au bord de la dépression.

« Ma petite Thérèse est morte aujourd’hui samedi à une heure de l’après-midi.

 

Dimanche dernier je la croyais sauvée. (…) Son agonie a commencé ce matin, à dix heures et demie, on ne peut figurer ce qu’elle a souffert ! Je suis dans la désolation, j’aimais tant cette enfant. A chaque nouveau deuil pour moi, il me semble toujours aimer l’enfant que je perds plus que les autres.

Oh ! Je voudrai mourir aussi ! Je suis tout à fait fatiguée depuis deux jours ; je n’ai pour ainsi dire rien mangé et j’ai été debout toute la nuit, dans des angoisses mortelles ».

 

A la fin de sa vie Thérèse souffre terriblement de la tuberculose qui la ronge.

Elle déclare sans ambages :

« Oui !!! Quelle grâce d’avoir la foi ! Si je n’avais pas eu la foi, je me serais donné la mort sans hésiter un seul instant ».

Je suis un bébé qui n’en peut plus ! (…) Jamais je n’aurais cru qu’il était possible de tant souffrir ».

 

Quand nous souffrons, nous ne connaissons pas la fin de l’histoire. Alors, nous pouvons crier : « Où est Dieu ? Combien de temps vas-tu m’oublier ? »

Mais si Dieu a fait du bien, tant de bien à Zélie, Louis ou Thérèse, à Léonie à la foule innombrable de ceux qui ont crié vers lui, alors pourquoi pas à moi aussi ?

L’homme est libre devant son regard, et non une marionnette. Mais Dieu se tient avec l’innocent malade ou persécuté. Il ne le quitte pas d’une semelle. Et son art, c’est de transformer un mal objectif qu’il ne voulait pas en un bien plus grand.

C’est donc une expérience que nous faisons : la souffrance, liée à l’amour, nous transforme. Au fond, ce qui nous remue l’âme, c’est lorsque l’amour transforme la laide souffrance en beauté.

C’est ce que Jésus, le Fils de Dieu, a fait sur cette croix, instrument de torture pour les criminels. Il a transfiguré la violence hideuse en parfait amour. Et cet amour, parce qu’il est Dieu, surpasse le mal, tout le mal du monde. Aucun mal ne sera plus fort que cet amour, pourtant discret et sans bruit. Aucun mal ne pourra le vaincre.

 

Zélie, atteint d’un cancer du sein écrit à son mari le 24 décembre 1876, alors qu’elle est en séjour chez son frère Isidore à Lisieux :

« J’irai à Lourdes, et j’espère que la Sainte Vierge me guérira, si cela est nécessaire. En attendant, tranquillisons-nous ». Puis elle ajoute : « Je me réjouis beaucoup de vous revoir tous ; que le temps me paraît long ! Je ne me plais qu’avec toi, mon cher Louis ».

A la fin de ce mois, elle s’abandonne de plus en plus. Elle veut recevoir les événements qui lui arrivent.

« Le bon Dieu me fait la grâce de ne pas m’effrayer, dit-elle ; je suis très tranquille, je me trouve presque heureuse. (..) Si le bon Dieu veut me guérir, je serai très contente, car, dans le fond, je désire vivre ; il m’en coûte de quitter mon mari et mes enfants. Mais d’autre part, je me dis : « Si je ne guéris pas, c’est qu’il leur sera peut-être plus utile que je m’en aille… » (Jn 16,7). En attendant, je vais faire tout mon possible pour obtenir un miracle ; je compte sur le pèlerinage à Lourdes, mais si je ne suis pas guérie, je tâcherai de chanter tout de même à mon retour. »

 

Zélie avait confié qu’elle ferait bien volontiers le sacrifice de sa vie pour Léonie, la plus difficile de ses enfants, dont elle considérait quelquefois le cas comme désespéré et qui la préoccupait constamment, et cela pour qu’elle devienne une sainte. Et aujourd’hui, Léonie, en procès de béatification, réconforte et éclaire une multitude de parents épuisés par un enfant qui les soucie, et nombre de jeunes désemparés puisent en elle du courage.

 

Oui, étonnamment, la Sainte Vierge n’a pas exaucé Zélie en la guérissant. Mais le bon Dieu, en ayant l’air de ne pas lui donner ce qu’elle implorait, pourtant si légitimement, lui préparait l’exaucement de son vœu le plus cher, tirant de son sacrifice la sainteté plénitude de l’amour pour elle, et pour tous ceux qu’elle aimait.

 

Zélie mourut à Alençon le 28 août 1877, après une longue maladie.

Louis déménagea alors à Lisieux pour assurer à ses cinq filles un meilleur avenir.

Il mourut près d’Evreux, le 29 juillet 1894. Ils furent béatifiés le 19 octobre 2008 à Lisieux.

 

MÉDITONS

 Moi, je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t’aime Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur

Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême Ne saurait à mon âme, inspirer de frayeur.

Je ne crains plus l’éclat de ta gloire suprême. Avec toi, j’ai souffert et je veux maintenant Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t’aime Et redire à jamais que je suis ton enfant.

Ste Thérèse de Lisieux

 

« A ceux qui attendent la consolation », Bénédicte DELELIS et Noëline FOURNIER, Laïc,

 

 

1er semaine de Carême – 23 Février 2024 – Noëline FOURNIER, Laïc

 
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