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Si l’on devait résumer en une seule phrase ce qui constitue l’essence même de la vie d’un homme, l’essentiel de ses aspirations profondes, nous pourrions retenir ceci :

            « Être aimé, aimer et faire aimer l’amour ».

 

            L’ordre des mots n’est pas anodin. Beaucoup de gens pensent à tort que le désir d’aimer constitue le premier mot de l’amour.

A strictement parler, le plus fondamental est d’abord de se découvrir aimé d’un autre et du Tout-Autre.

            On aime et on peut aimer, parce qu’au préalable on a été aimé.

En amour, le premier mot n’est donc pas « je t’aime », mais « je suis aimé ».

            L’expression commune, « tomber amoureux », le laisse entendre clairement :

il y a quelque chose d’un amour qui nous tombe dessus et qui provoque en retour notre amour.

            Ce qui est vrai dans l’ordre de l’amour humain l’est encore plus dans notre relation à Dieu : plus une âme se découvre aimée de Dieu plus elle se sentira attirée, poussée à lui rendre amour pour amour, et plus elle sera comblée.

            C’est que l’amour traverse le cœur de l’homme selon une trajectoire précise qui correspond d’ailleurs à son orientation profonde de créature aimée et sauvée.

            Saint Jean récapitule merveilleusement cette respiration de l’amour dans l’accueil et le don.

            Premier temps, l’amour reçu : « En ceci consiste l’amour. Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés  en premier ».

Dans un second temps seulement : « Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons nous aussi, nous aimés les uns les autres ». (1 Jn 4, 10-11)

           

            Avant de faire des choses pour Dieu et lui prouver notre amour avec générosité, nous devrions apprendre à nous laisser aimer par notre Seigneur….    pour mieux aimer bien entendu.

            L’amour vertical de Dieu précède notre amour horizontal, il le tient et lui permet de donner toute sa mesure.

            Très tôt, Léonie, bien qu’alourdie par ses divers handicaps, était habitée par la conviction d’être aimée de son Seigneur. Et elle dit :

            « J’entends Jésus me dire intérieurement : « Ne te suffis-je point, que crains-tu ? Une enfant aussi aimée que je t’aime peut-elle périr entre les bras du Tout-Puissant ? »

            Je suis poursuivie par cette très douce pensée qui me réconforte et me ranime ».

Voilà pour le fondement de l’amour : le « je suis aimé » précède et permet le « je t’aime ».

            C’est un fait marquant, il y avait une très forte circulation d’amour au sein de la famille MARTIN.

            Léonie en a bénéficié comme ses sœurs. Elle se découvre aimée, elle qui toute sa vie, ne se croira guère aimable :

            « Je me crois aimée, alors que je ne sois guère aimable ».

            Plus tard, lorsqu’elle sera définitivement entrée au couvent, elle aura besoin de sentir encore l’amour de ses sœurs de sang.

            Ceci est un enseignement pour nous et tout particulièrement pour les âmes blessées. Bien sûr que Dieu veut nous voir grandir en toute liberté, ayant lui seul pour point d’appui, mais à certaines périodes plus douloureuses de la vie, nous pouvons avoir besoin d’une âme amicale, spirituelle et même médicale :

            « Je t’aime petite Maman chérie, écrit Léonie à Pauline, toi et nos deux petites sœurs très aimées, vous m’êtes indispensables pour supporter l’exil…   Oui, vraiment, nous ne faisons plus qu’un cœur et qu’une âme en notre Bien-Aimé Jésus, dès l’exil, en attendant le bienheureux face-à-face éternel ».

          

            Il y a des chances que certaines hanches qui boitent se feront sentir pendant longtemps, mais l’amour est si puissant qu’il est capable de guérir les blessures de l’amour.

            « Dieu est Amour » (Jn 4,7). Avec ces trois mots tout est dit de Dieu et pourtant tout reste à dire.

            Comment un croyant pourrait-il proclamer de bouche son amour pour Dieu ainsi que sa volonté de lui appartenir, alors que de cœur il demeure prisonnier de fausses images de Dieu ?

            Comment pourrait-il se lâcher dans la confiance entre les bras de son Dieu alors qu’inconsciemment il se méfie de ce même Dieu ? Cette contradiction bloque littéralement le grand saut.

            Avec le temps Léonie s’est installée dans cette disposition intérieure, elle n’a plus peur de Dieu. En 1921 elle écrit à Pauline au terme d’une retraite :

            « Je ne comprends pas les âmes épouses qui ont peur de Lui : Ah ! Pour celles qui sont en plein dans la toute aimable petite voie, il en est autrement et nous sommes bien du nombre, n’est-il pas vrai ? »

            Si je conçois un Dieu désireux de s’approcher de moi jusqu’à vouloir s’unir à mon âme, face à de telles avances d’amour, comment ne pas fondre et tomber  en amour.

La petite voie d’enfance pratiquée par Léonie n’est rien de moins qu’un mariage, une communion d’amour entre un Dieu amoureux et une âme qui se laisse saisir.

            « Que je suis heureuse d’être au bon Dieu », s’exclame Léonie dans un courrier adressé à Céline. On comprend pourquoi elle dira à propos du jour béni de sa consécration religieuse :

            « Bénis soient tout de même ces jours, ces années passées dans les larmes qui m’ont procuré un si grand bien, puisque, moi aussi, malgré mon indignité, ô honneur ineffable ! je suis devenue l’épouse de Jésus ; voilà en toute vérité le plus beau jour de ma vie qui fut celui de ma profession religieuse le 2 juillet 1900 ».

 

                                                           Léonie, la faiblesse transfigurée.

 

 

 

 

1er semaine de Carême – 20 Février 2024 – Noëline ne FOURNIER, Laïc

 
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