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        L’Evangile de ce Dimanche nous rapporte la première parole de Jésus en St Marc : « Les temps sont accomplis : le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15), un mot qui, en grec (εὐαγγέλιον, euangélion) signifie « Bonne Nouvelle »… Cette Bonne Nouvelle est celle d’un Dieu Père de tous, un Dieu Père qui Est Amour et qui n’Est qu’Amour (1Jn 4,8.16). Jésus, le Fils éternel, le « Verbe fait chair » (Jn 1,14), nous l’a fait connaître par nos paroles humaines en témoignant de ce que Lui, le Fils, vit  de toute éternité : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’il a (Jn 16,15), tout ce qu’il est (Jn 17,10). St Marc nous offre cette même Révélation, en actes, juste avant cette première parole de Jésus en nous racontant son baptême par Jean Baptiste, photo instantanée d’une réalité éternelle. Alors que Jésus « remonte de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe, et une voix vint des cieux : « Tu es mon Fils Bien Aimé ; en toi je trouve ma joie » » (Mc 1,9-11). Or « Dieu est Esprit » (Jn 4,24). Depuis toujours et pour toujours, le Père, Amour, n’a ainsi qu’une seule Parole à dire à son Fils : « Je t’aime ». Et cette Parole est un acte : le Don de tout ce qu’il Est en Lui-même, et il est Esprit, un Esprit qui Est Vie, un « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6 ; Ga 5,25). C’est ainsi que le Père, « avant tous les siècles », engendre le Fils en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). « Tout Don excellent, toute donation parfaite vient d’en haut et descend du Père des lumières » (Jc 1,17) qui, en donnant en un acte éternel tout ce qu’il Est au Fils, et il Est Lumière (1Jn 1,5), lui donne d’être lui aussi, gratuitement, par Amour, « Lumière née de la Lumière » (Crédo), « Lumière véritable » (Jn 1,9), « Lumière du monde » (Jn 8,12). Toute la Lumière du Père est dans le Fils et réciproquement : tel est « le Règne de Dieu », « le Royaume des Cieux », un Mystère de Communion dans l’Esprit (Rm 14,17), un Esprit qui est Lumière et Vie…

            St Luc est le seul à nous préciser qu’en cet instant Jésus « se trouvait en prière » (Lc 3,21), « les yeux levés vers le ciel » (Mc 7,34 ; Jn 17,1). Souvenons-nous de ce que Ste Thérèse de Lisieux nous dit de la prière : « « Pour moi la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus ». En se tournant de tout cœur vers Dieu, en lui ouvrant grand son cœur, elle ne pouvait que recevoir, comme le Fils de toute éternité le reçoit de son Père, ce Don de l’Esprit qui ne cesse de jaillir de l’Amour, un Don qui l’unissait à Jésus dans « la Communion du Saint Esprit » (2Co 13,13), « dans l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3).

            Or, en mettant en parallèle ces deux grandes affirmations de St Jean, « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24), recevoir l’Esprit, c’est recevoir l’Amour, « l’Amour dont Dieu nous aime » écrit en note la Bible de Jérusalem pour Rm 5,5 : « L’Amour de Dieu a été versé dans nos cœur par le Saint Esprit qui nous a été donné »… C’est pourquoi Ste Thérèse de Lisieux déclarait également : « Je le sens , lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j’aime toutes mes sœurs. »

         

            La charité, à laquelle nous invite le carême, n’est donc pas le fruit de nos efforts : elle est la conséquence incontournable pour un cœur qui s’ouvre vraiment au Seigneur, et qui ne peut donc que recevoir ce que Dieu, par nature, ne cesse de donner : la Lumière de l’Amour… Lorsque nous ouvrons les volets de notre maison, la lumière du soleil entre aussitôt dans la pièce, il ne peut en être autrement, le soleil ne sachant, par nature, que donner sa lumière… Il en est de même pour Dieu… Et l’Amour vraiment reçu ne peut que pousser à aimer… « On reconnaît l’arbre à ses fruits », nous dit Jésus (Mt 12,33)…

            Au Carmel, Ste Thérèse de Lisieux, dépouillée de tout, n’ayant désormais plus rien, ne pouvait pas bien sûr « faire l’aumône » (Mt 6,1-4). Mais ceci n’est qu’un exemple de charité, si tant est bien sûr qu’elle est réalisée non pas pour montrer à tous sa générosité, mais pour répondre vraiment de tout cœur au besoin de celles et ceux que nous pouvons rencontrer. Et ces besoins sont multiples : besoin de chaleur humaine, d’un simple sourire, d’un effort d’attention, d’un accueil et d’une écoute authentiques… Ste Thérèse, encore elle, nous donne l’exemple : « Il se trouve dans la communauté une sœur qui a le talent de me déplaire en toutes choses, ses manières, ses paroles, son caractère me semblaient très désagréables. Cependant c’est une sainte religieuse qui doit être très agréable au bon Dieu ; aussi ne voulant pas céder à l’antipathie naturelle que j’éprouvais, je me suis dit que la charité ne devait pas consister dans les sentiments, mais dans les œuvres, alors je me suis appliquée à faire pour cette sœur ce que j’aurais fait pour la personne que j’aime le plus. A chaque fois que je la rencontrais je priais le bon Dieu pour elle… Je sentais bien que cela faisait plaisir à Jésus, car il n’est pas d’artiste qui n’aime à recevoir des louanges de ses œuvres et Jésus, l’Artiste des âmes, est heureux lorsqu’on ne s’arrête pas à l’extérieur mais que, pénétrant jusqu’au sanctuaire intime qu’il s’est choisi pour demeure, on en admire la beauté. »

            Le Don de Dieu, le Don gratuit de l’Amour, est ainsi appelé à irriguer toute notre vie, à chaque instant, dans toutes nos relations, une aventure sans cesse à refaire, à reconstruire. Et ce Don, dans sa gratuité, sera avant tout pour nous « Eau pure » qui nous purifie sans cesse par un Pardon surabondant (Rm 5,20) qui couvre toutes nos défaillances (Ez 36,24-28 ; 1P 4,8 ; Ps 65(64) ; 130(129)) et nous donne de pouvoir repartir et repartir encore…

 

 

Prions

 

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, tout au long de ce Carême, de progresser dans la connaissance de Jésus Christ et de nous ouvrir à sa Lumière par une vie de plus en plus fidèle. Alors, en ce temps d’incertitude, nous trouverons avec Lui cette Plénitude de Paix qu’il est venu nous offrir, une Paix qui nous donnera de pouvoir regarder à nouveau l’avenir avec confiance…

 

1er dimanche de Carême – 18 Février 2024 – Diacre Jacques FOURNIER

 
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