Aujourd’hui commence le temps du Carême, un temps pendant lequel tout chrétien est invité à approfondir sa relation avec le Christ…

Tout récemment, pour les fêtes de Noël, nous avons célébré la naissance du Fils de l’Homme : « Καὶ ὁ λόγος σὰρξ ἐγένετο, kai o logos sarx égénéto, et la Parole chair advint, et le Verbe s’est fait chair » écrit St Jean (Jn 1,14). Or la parole est l’outil de la relation entre deux personnes, l’instrument qui permet « l’en dehors de soi » et donc la communication avec l’autre, l’expression du cœur de l’un devenant alors perceptible à l’autre… Lorsque  quelqu’un parle, il exprime son désir d’être entendu et compris par la personne à laquelle il s’adresse. Et il attend bien sûr que ce qui vient d’être dit soit pris en compte pour que la relation se poursuive et s’épanouisse au mieux…

Dès le début de son Evangile, St Jean appelle ainsi Jésus « le Verbe ». Plus de quarante fois, il le présentera comme « l’envoyé » du Père. Toute son œuvre consistera à mettre en relation « le monde », tout le monde, avec le Père en nous donnant une Parole qui ne vient pas de lui mais du Père : « Ma doctrine n’est pas de moi mais de celui qui m’a envoyé… Je dis ce que le Père m’a enseigné… Je dis la vérité que j’ai entendue de Dieu… Ainsi donc ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis… Père, les Paroles que tu m’as données, je les leur ai données » (7,17 ; 8,28.40 ; 12,50 ; 17,8). Jésus est ainsi « le témoin fidèle » du Père (Ap 1,5)…

St Jean et tous les disciples se mettront à l’écoute de cette Parole, et à travers elle, par elle, ils vivront une relation nouvelle avec Celui que « nul n’a jamais vu ; mais le Fils Unique, qui est tourné vers le sein du Père, Lui, l’a fait connaître » (Jn 1,18).  Et à leur tour, aidés et soutenus par l’Esprit Saint (Jn 14,26), ils témoigneront, par leurs écrits, de ce qu’ils ont vu et entendu : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette vie éternelle qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue » (1Jn 1,1-4). Cette « vie » leur « est apparue » car elle est « Lumière, Lumière qui brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,4-5). C’est ainsi que le Christ, « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), le « Prince de la vie » (Ac 3,15) est « Lumière du monde » (Jn 8,12). Et il nous a rejoints dans nos ténèbres pour que grâce à cette Parole qu’il est venu nous transmettre nous puissions passer des ténèbres à la Lumière : « Qui vous écoute m’écoute, et qui m’écoute, écoute Celui qui m’a envoyé…  Moi, Lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Lc 10,16 ; Jn 12,46) mais ait « la Lumière de la vie » (Jn 8,12).

Cette Parole est maintenant à notre disposition, toujours offerte… Il suffit d’ouvrir un Nouveau Testament et de lire l’Evangile selon St Jean, selon St Luc, etc…

Pendant ce Carême, si nous désirons approfondir notre relation avec le Christ, prendrons-nous le temps de nous asseoir le plus simplement du monde, de faire silence et de lire, là aussi, le plus simplement du monde cette Parole qui est nous déjà donnée ? Si nous y consentons, tôt ou tard, au moment peut-être où nous nous y attendrons le moins, nous nous surprendrons à dire avec St Pierre : « Tu as les Paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Et l’expérience de cette « Vie » nous marquera à jamais car nous découvrirons avec elle le plus grand Trésor qui soit (Mt 13,4452), le Seul qui peut vraiment et durablement combler nos cœurs… « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi » (St Augustin)…

Prions

« Jamais je n’ai cessé de t’aimer, de te parler, de t’appeler… Cet appel, souvent tu ne l’as pas entendu, parce que tu n’écoutais pas. Souvent aussi tu le percevais, mais d’une manière vague et confuse. Parfois, tu étais tout près de me donner la réponse qui accepte. Parfois, tu m’as donné cette réponse, mais sans conséquence durable… Jamais encore tu ne t’es mis définitivement, d’une manière totale et exclusive, aux écoutes de l’Amour » (Un moine de l’Eglise d’Orient, Amour sans limites)…

Seigneur, viens à notre aide…