Prédication disponible en format audio.

La parole de Dieu

«  Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Evangile de Jésus Christ selon saint Luc, Lc 13, 4-5

La méditation

En quelques mots, les images fortes de l’évangile de Luc affirment que l’urgence de donner des fruits repose sur la patience de Dieu à notre égard. Quel étonnant paradoxe ! Dieu a fait alliance avec l’humanité parce qu’il rêve de lui procurer bonheur et bienfaits. Cette alliance suppose une réponse de notre part. Sommes-nous à la hauteur ?
L’image du vigneron presque trop patient, disposé à accepter les fruits imprévus de l’arbre parasite, nous rassure. La parabole met en scène un vigneron qui croit aux récoltes à venir. Il s’adapte à la présence d’un intrus dans sa plantation : un figuier qui pousse sans tenir compte des plans minutieux destinés à assurer la meilleure production possible. Mais dans sa patience, le vigneron s’attend à voir un jour des résultats tangibles, souhaitables. Sinon, il faudra bien se résigner à couper le figuier importun.

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Cette mise en scène est à l’image de Dieu qui espère voir mûrir les fruits de l’Alliance qu’il a proposée à notre humanité. Sa patience a donc un but : accueillir notre réponse à son projet. Selon Jésus, nous devons cesser de remettre l’essentiel au lendemain et nous décider pour Dieu maintenant, afin de porter du fruit. Il serait en effet absurde que notre vie se termine sans que nous ayons donné les fruits que Dieu espère de nous. Car il est un vigneron patient, mentionne le psalmiste « tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ». Un Dieu patient, certes, mais déterminé.
Jésus savait entendre et interpréter les drames qui survenaient en Judée en raison de l’occupation romaine. Il agit tout comme Dieu au chapitre 3 du livre de l’Exode. Le Seigneur a vu et entendu les cris du peuple hébreu pris dans les rets de l’esclavage en Egypte et il est passé à l’action. Il prend Moïse comme associé, qui disait lui-même avoir un défaut d’élocution. Nous pensons là aux hésitations de Jérémie, le timide, le discret ou encore à celles d’Amos saisi par Dieu derrière son riche troupeau. Dieu attend de nous une participation décisive. Il veut que nous donnions des pieds et des mains à ses interventions. En se montrant patient avec nous, ses alliés, Dieu prend un risque. Il parie sa réputation sur nous. Quand nous disons oui aux urgences de notre temps, c’est le Seigneur qui voit et entend les misères de son peuple. Quand nous disons non à l’exclusion des plus pauvres, quand nous tournons le dos à la Doctrine Sociale de l’Eglise, c’est encore lui qui s’indigne des effets pervers de nos choix de société.
Devant les flots de réfugiés qui cherchent ailleurs un avenir meilleur, devant les actes ignominieux de guerre et de barbarie, des voix accusent Dieu de ne pas agir. Comme si c’était Dieu qui agissait mal et planifiait les malheurs de l’humanité. Les Ecritures soutiennent plutôt le contraire. Et la patience du vigneron nous ramène à nos initiatives généreuses. Elles traduisent dans le concret de nos vies le désir d’alliance bienfaisante de Dieu. En ce Carême du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, le pape François nous convie à offrir au monde entier des fruits de sainteté qui ont pour noms réconciliation, équilibre respectueux de la nature, soin des plus faibles. Autrement dit, tout ce qui permet de faire entrer l’humanité dans une prospérité honnête et une saine durabilité. Portons donc les fruits de la solidarité avec ceux qui souffrent. Sous la sainte patience de Dieu.

Pour aller plus loin avec la parole

« Il n’y a pas de bon arbre qui produise un fruit malade, et pas davantage d’arbre malade qui produise un bon fruit. Chaque arbre en effet se reconnaît au fruit qui lui est propre : ce n’est pas sur un buisson d’épines que l’on cueille des figues, ni sur des ronces que l’on récolte des raisins. » Lc 6, 43-44

Diacre Jean-Marie Armand – Chemin de Carème

Transcription audio : Jean-Marie Armand

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