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Nous voyons l’Eglise avec tout ce qui est fait de la matière de ce monde. Mais les
chrétiens la vivent comme un mystère de salut et de communion avec Dieu par
l’Esprit Saint.
Dans son caractère surnaturel, l’Eglise ne reflète pas les représentations de la
famille humaine selon l’ordre charnel.
Ainsi par son Incarnation, le Christ est « le premier né d’un grand nombre de
frères » (Rm 8, 29). Mais en tant qu’égal du Père, n’est-il pas aussi le Dieu des
fidèles ?
De la Vierge Marie, mère du Christ, le Pape Innocent III (1160-1216) écrit : « La
créature conçoit son créateur ».
Quant à l’Église, elle est à la fois la fille du Christ, née de lui et aussi son épouse.
(Cf. Ep 5,31-32)
Le Christ reçoit bien sa nature humaine de la Vierge Marie mais sa conception est
le fait du Saint- Esprit selon l’annonce de l’ange : « Le Saint-Esprit viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint
enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ». (Mt 1,19).
Pour « Joseph, l’époux de Marie » (Mt 1,19), la situation est différente. Il est le
père de Jésus selon la loi ; par lui, descendant d’Abraham et du roi David, Jésus
relève de la tribu de David par adoption. Joseph est époux et père adoptif.

De Joseph, il y a aussi le silence.
Mais à quoi pourrait nous renvoyer ce silence si profond de notre saint Joseph ?
Son silence est d’abord celui de Marie. Marie ne dit rien de son état. Sa confiance
en Dieu est absolue : ce Dieu qui l’a comblée de grâce ne va pas manquer
d’œuvrer pour Joseph.
Tout aussi fidèle à son Dieu par la stricte observation de la loi, Joseph forme le
projet de répudier Marie mais en secret. Non pas pour cacher une quelconque
faute. : Saint Jérôme nous dit (347-420) :« Comment Joseph pourrait-il être
déclaré juste s’il cachait la faute de son épouse ? Loin de là, c’est un témoignage
en faveur de Marie. Connaissant la chasteté de Marie, Joseph est bouleversé de
ce qui arrive, il cache par son silence l’évènement dont il ignore le mystère ».

LA TRINITE Le Greco – 1577
« La jeune femme en rouge semble être l’Eglise née du sommeil du Christ. »

N’en doutons pas un instant, Joseph est tout acquis à son Dieu mais nous ne
pouvons lui refuser un moment de déréliction tant ce qu’il vit est saisissant.
En échos au début du psaume 22, chant d’espérance, « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? », gageons qu’en Joseph retentit un cri de

douleur, non de désespoir. Il dit la détresse de l’âme qui a touché à la limite
extrême de sa propre résistance.
Joseph s’abîme dans la profondeur de Dieu et il devient fils
Le mourir en Dieu est une forme d’attachement à Dieu, une déprise qui laisse
Dieu agir en l’homme. Mourir à toutes choses et à soi- même : « Le fruit est la
naissance de Dieu dans l’âme, naissance qui est accomplie par l’Esprit Saint
irriguant l’âme. » nous dit Maître Eckhart. « Dieu vient naître dans l’âme et dans
le même instant, l’homme devient fils de Dieu »
En définitive, nous pourrions dire que Joseph est fils (fils de Dieu par l’Esprit) avant
d’être Père (Père adoptif du Verbe incarné.)
Tout comme Marie qui accueille le Verbe de Dieu dans son cœur avant de
l’enfanter dans sa chair, Joseph rejoint et constitue avec elle la famille divino-
humaine qu’est la première Eglise, celle de Nazareth.
Conjugalité de Joseph et Marie
Le Fils a été envoyé dans le monde, l’Esprit dans les cœurs (Ga 4, 4-6). Joseph et
Marie conjoints par l’Esprit dans la chair du Verbe incarné ne font qu’un. Sous le
même joug, c’est bien le sens du mot « conjugal », ils sont appelés pour une
même mission : servir en Jésus-Sauveur la volonté du Père de sauver les hommes
et l’avènement du Royaume en eux.

Prions : Seigneur donne-nous la grâce du détachement pour que l’Esprit qui scrute
les profondeurs de Dieu entre dans les profondeurs de notre homme intérieur.
Rassemble l’humanité en un peuple saint qui te glorifie.

 Méditation du Mercredi de Pâques, 7 avril 2021 – Saholy Rabiazamaholy

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