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Le mot « carême » vient du latin « quadragesima, quarante ». Il se réfère aux quarante années de la traversée du désert par les Hébreux (Ex 16,35), et aux quarante jours du Christ au désert qui lui font écho… « Les Evangiles parlent d’un temps de solitude de Jésus au désert immédiatement après son Baptême par Jean : Poussé par l’Esprit au désert, Jésus y demeure quarante jours sans manger ; il vit avec les bêtes sauvages et les anges le servent. A la fin de ce temps, Satan le tente par trois fois cherchant à mettre en cause son attitude filiale envers Dieu. Jésus repousse ces attaques qui récapitulent les tentations d’Adam au paradis et d’Israël au désert, et le diable s’éloigne de Lui « pour revenir au temps marqué » » (cf. Lc 4,1-13 ; Catéchisme de l’Eglise Catholique & 538-540).

            C’est donc « son attitude filiale envers Dieu » qui est en jeu, pour lui comme pour nous. En effet, le tout premier texte de la Bible nous présente la création de l’homme « à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-28), une expression qui, dans le Livre de la Genèse, est caractéristique de la relation « père – fils » (cf. Gn, 5,3). Tout être humain est donc « enfant » d’un seul et même Père… De plus, dès que Dieu le crée, il le bénit. A ce titre, toute l’humanité – et donc chacun d’entre nous – est bénie, et lorsque Dieu donne, il ne se reprend jamais… La question que nous pouvons alors nous poser est : « Qu’est-ce que je fais de cette bénédiction ? »

            De plus, la toute première bénédiction du texte apparaît lors de la création des premiers êtres vivants, dans la mer et dans le ciel : « Dieu les bénit en disant : « Soyez féconds, multipliez… » (Gn 1,22). La bénédiction a donc pour but la vie… Pour les êtres humains, nous lisons : « Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds, multipliez » » (Gn 1,28)… La différence est essentielle : alors que pour les animaux une parole est prononcée sur eux sans qu’ils n’aient rien à dire, rien à répondre, Dieu par contre s’adresse directement à chaque être humain pour vivre la relation avec lui… Et c’est dans le cadre de cette relation avec son Créateur et Père, en lui ouvrant son cœur, en l’écoutant et en lui répondant de tout son être que nous sommes tous appelés à trouver la vraie Vie…

            En effet, le Christ, Plénitude de la Révélation du Mystère de Dieu, ne cessera de nous parler de « son Père et de Notre Père » (Jn 20,17 ; Mt 6,7-10), un Père qui l’aime et qui, dans la gratuité de cet amour, le comble de toute éternité de son Être et de sa vie. Or, nous apprend-il, « le Père lui-même vous aime », du même amour : « Père, il faut que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 16,27 ; 17,23). De toute éternité, le Fils « vit du Père » (Jn 6,57) dans la surabondance de ce « Don de Dieu » qu’il reçoit de son Père (Jn 4,10 ; 5,26) ? « Je suis venu pour qu’on ait la vie », la même, « et qu’on l’ait », comme lui, « en surabondance » (Jn 10,10). Mais ce cadeau s’adresse-t-il seulement à certains, à quelques rares privilégiés ? Non, il est pour tous, sans aucune exception (cf. Ac 10,34 ; Rm 2,11) : « Et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32) car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6)…

            Dès lors, si « le cœur de l’homme est compliqué et malade » (Jr 17,9), si nous sommes tous des pécheurs, le principe de nos vies, lui, est simple… En Jésus Christ, Dieu s’est révélé comme une Source d’Eau Vive (Jn 7,37-39) : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6). Ainsi, se tourner vers Lui de tout cœur, c’est recevoir la vie, gratuitement, par amour… Ne pas l’accueillir, c’est se priver soi-même du Don de Dieu et se retrouver ainsi dans une situation de « mort » : « Le salaire du péché, c’est la mort ; le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

            « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant, oracle du Seigneur Dieu », un « méchant » qui est toujours son enfant, « et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre ? » (Ez 18,23). « S’il revient de ses péchés et pratique le droit et la justice, s’il observe les lois qui donnent la vie sans plus faire le mal : il vivra, il ne mourra pas. On ne se souviendra plus de tous les péchés qu’il a commis » (Ez 33,10-20). En effet, « si tu retiens les fautes, Seigneur, Seigneur, qui subsistera ? Mais près de toi se trouve le pardon pour que l’homme te craigne… Oui, près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat » (Ps 130(129)) car « là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5,20)…

            Le temps du Carême est ainsi un temps de grâce où le Don du Père nous est offert avec encore plus de force pour que nous puissions, grâce à lui, être « arrachés à l’empire des ténèbres et transférés dans le Royaume de son Fils Bien aimé » (Col 1,13). Il s’agit donc, avec l’aide et le soutien de Dieu Lui-même, de renoncer à tout ce qui, malgré les apparences, nous tue pour choisir Celui-là seul qui veut nous communiquer la vraie vie, la sienne, et la paix, en surabondance… Renoncer au péché : telle est la vraie Croix qui n’a d’autre but que la Plénitude de cette vie que Dieu veut pour tous… Les privations auxquelles nous sommes invités ne portent donc pas avant tout sur des « questions de nourriture ou de boisson » mais sur tout ce qui s’oppose à ce que nous puissions vivre le plus pleinement possible, dans la foi certes, mais « dans la justice, la paix et la joie de l’Esprit Saint » (Rm 14,17), ce Don de Dieu déjà offert à tous pour que tous puissent trouver en Lui le vrai Bonheur (Mt 5,112 ; Lc 6,20-23)…

            « Je vous ai dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite… Recevez l’Esprit saint… l’Esprit qui purifie… l’Esprit qui justifie… l’Esprit qui sanctifie… l’Esprit qui vivifie… cet Esprit dont le fruit est amour, paix, joie » (Jn 15,11 ; 20,22 ; Ez 36,24-28 ; 1Co 6,11 ; 2Th 2,13 ; 2Co 3,6 ; Ga 5,22)…

Prions

            Jésus nous presse : « Demandez, et vous recevrez… Car quiconque demande reçoit… Quel est d’entre vous le père auquel son fils demandera un poisson, et qui, à la place du poisson, lui donnera un serpent ? Ou encore s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du Ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (Lc 11,9-13).

            Seigneur, c’est ce que nous faisons aujourd’hui, en toute liberté, t’exprimant ainsi notre désir de recevoir ce que tu veux nous donner. Aide-nous, dans l’invisible de la foi, à reconnaître ce Don, sa Présence en nos cœurs, sa Paix, sa Plénitude de vie, et qu’il soit notre force pour vivre cette paix avec toutes celles et ceux qui nous entourent.

Mercredi des cendres – 22 février 2023 – Jacques Fournier, diacre

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