Prédication disponible en format audio.

Simon Pierre, pêcheur professionnel, vient de travailler toute une nuit sans rien prendre. Il était sur le rivage du lac de Tibériade et lavait ses filets. Jésus s’approche, monte dans sa barque, lui demande de s’éloigner un peu, « puis, s’étant assis, de la barque il enseignait les foules » rassemblées sur le rivage… Quand il eut fini, il invita Simon Pierre à avancer en eau profonde et à lâcher ses filets… Mais lorsqu’il fait jour, tous les poissons descendent au fond du lac, les pêcheurs le savent bien… Néanmoins, il obéit et « ils capturèrent une grande multitude de poissons à tel point que leurs filets se rompaient ». Le déclic se produit : Simon Pierre commence à percevoir « qui » est Celui qui est dans sa barque… La Lumière du Christ « Lumière du monde » entre dans son cœur et lui permet de percevoir l’invisible. Et il tombe à ses genoux en l’appelant « Seigneur »… « Par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10). Cette Lumière est celle de l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité, qui lui permet de reconnaître la vérité de Jésus vrai homme et vrai Dieu (1Co 12,3)… Mais en entrant dans son cœur, cette Lumière de Vérité lui donne aussi de découvrir ce qu’il est en vérité : un pécheur, et c’est toujours une expérience douloureuse, pénible, une souffrance… « Eloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Lc 5,1-11).

            St Paul et ses compagnons sont sur la route qui mène à Damas… Ils ont reçu une lettre de recommandation du Grand Prêtre et ils partent y « persécuter à mort » les premiers chrétiens, une secte dangereuse à leurs yeux, avec comme but : « les ramener enchaînés à Jérusalem pour y être châtiés ».  Mais le Christ « Lumière du monde » lui apparaît… L’a-t-il vu comme nous nous voyons les uns les autres ? Les textes ne parlent que de « Lumière » et « d’une voix » : « Une lumière venue du ciel l’enveloppa de sa clarté. Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Une fois cette Lumière disparue, « Saul se releva de terre, mais, quoiqu’il eut les yeux ouverts, il ne voyait rien… Trois jours durant, il resta sans voir » (Ac 9,1-19 ; 22,1-21 ; 26,1-23)… Comme pour Pierre, alors qu’il découvre le Christ « Lumière », il prend aussitôt conscience de sa faiblesse, « il tombe à terre », et de son aveuglement, de ses ténèbres intérieures : « il ne voyait plus rien »… Lui qui croyait voir et tout savoir, il était en fait « aveugle »… Plus tard, il écrira : « J’étais naguère un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur… Oui, elle est sûre cette Parole et digne d’une entière confiance : le Christ Jésus est venu sauver les pécheurs, dont je suis, moi, le premier » (1Tm 1,12-17).

            Cette prise de conscience de notre misère profonde est toujours douloureuse : « Je suis un être de chair vendu au pouvoir du péché », écrit St Paul… « Je sais que nul bien n’habite en moi… Vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir puisque je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas… Malheureux homme que je suis » (Rm 7,14-25)… Et il sait que ce qu’il vit, tout être humain, tout chrétien, le vit aussi, d’une manière ou d’une autre : « Les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez » (Ga 5,17).

           

        Si nous en restions là, nous aurions toutes les raisons d’abandonner… Oui, la lecture de la Parole de Dieu, la recherche du Christ « Lumière », est une route difficile pour nous, pécheurs… Nous cherchons la Lumière ? Nous expérimentons nos ténèbres… Nous voudrions vivre la joie ? Notre lecture se fait rude, sèche, aride et ne débouche apparemment sur rien… A l’évidence, une pure perte de temps… Tant d’autres occupations sont quand même beaucoup moins pénibles !

            Alors, qu’allons-nous faire ? Abandonner ? C’est le chemin le plus facile… Accepter la rudesse de l’aventure et poursuivre ? Mais laissés à nos seules forces, nous savons bien que cela ne durera pas longtemps… C’est comme perdu d’avance…

Mais si, en fait, tout ceci n’était qu’un point de départ où nous allons commencer, bien contraints et forcés quelque part face à l’évidence de nos faiblesses, à compter non plus sur nous-mêmes mais sur un autre pour pouvoir continuer ? Même si nous ne savons pas trop ce qui arrivera et de quoi demain sera fait ?

            Dieu nous connaît à fond et il ne permettra pas que nous succombions sous le poids de nos misères : « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau, et moi je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples (…), et vous trouverez le repos pour vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » (Mt 11,28-30). « L’épreuve qui vous a atteints n’a pas dépassé la mesure humaine. Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter » (1Co 10,13), la force de cet Esprit (Ac 1,8 ; 2Tm 1,7) qui est Paix (Ga 5,22), repos, soulagement…

En tant que pécheurs ? Crucifiés… En tant qu’abandonnés entre les mains de Dieu, heureux… « Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera » de cette condition humaine blessée « qui me voue à la mort ? Mais grâces soient à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 7,24-25). Nos épreuves, nos difficultés, nos multiples misères, regardées en face, douloureusement acceptées et offertes, sont en fait le lieu privilégié où jaillit la Lumière : elle va pouvoir écrire dans ces ténèbres, en Lettres de Feu, comme la craie sur un tableau noir, nous révélant ainsi toute la Gratuité et toute la Beauté de Dieu… « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). L’Infini de Dieu, l’Infini de l’Amour, ne peut être vaincu… Il ne peut que vaincre dès lors qu’on le laisse vaincre…

 

Prions avec Ste Elisabeth de la Trinité

 

« Il est vivant dans nos âmes. C’est Lui-même qui l’a dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14,23). Puisqu’Il est là, tenons lui compagnie comme l’ami à celui qu’il aime…

Ah ! Je voudrais pouvoir dire à toutes les âmes quelles sources de force, de paix, et aussi de bonheur elles trouveraient si elles consentaient à vivre en cette intimité. Seulement, elles ne savent pas attendre. Si Dieu ne se donne pas d’une façon sensible, elles quittent sa Sainte Présence, et quand Il vient armé de ses dons, il ne trouve personne. L’âme est au dehors dans les choses extérieures. Elle n’habite pas au fond d’elle-même.

Il me semble qu’au ciel ma mission sera d’attirer les âmes en les aidant à sortir d’elles-mêmes pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux, de les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en elles et de les transformer en lui ».

 

Ste Elisabeth de la Trinité, prie pour nous et viens accomplir ta mission en nos cœurs, le plus concrètement possible… 

 

Jeudi après les Cendres  – 15 Février 2024 – Diacre Jacques Fournier

 
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