Jésus, « le Prince de la Paix »,

par qui tous furent créés, par qui tous sont appelés au Salut…

« Père, les paroles que tu m’as données, je les leur ai données » (Jn 17,8). « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait… Je fais les œuvres de mon Père… Ces œuvres même que je fais me rendent témoignage que le Père m’envoie » (Jn 5,19-20 ; 10,37 ; 5,36). Ainsi, « Jésus, le Nazôréen » est « cet homme que Dieu » le Père « a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous » (Ac 2,22). Et lorsque Pierre, Jacques et Jean ont eu le bonheur de le voir transfiguré sur la montagne, ils furent « les témoins oculaires de sa majesté… « Celui-ci est mon Fils bien aimé qui a toute ma faveur ». Cette voix, nous, nous l’avons entendue ; elle venait du Ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte » (2P 1,17-18).

         Dès lors, Pierre parlera de Jésus en le présentant comme « le Serviteur du Père » (Ac 3,26 ; 4,30), un Père qui, de son côté, fait tout avec lui et par lui… St Paul écrit ainsi : « Il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur Jésus Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes » (1Co 8,6).

         Et ce principe s’applique à tout être humain, dès lors qu’il existe… « Au commencement était le Verbe », le Fils, « et le Verbe était avec Dieu », le Père, « et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu », le Père. « Tout fut par lui et sans lui rien ne fut » (Jn 1,1-3). Lorsque le Père créa l’être humain « en insufflant en lui un souffle de vie » (Gn 2,7), cet Esprit Saint (cf. Is 42,5 ; Jn 20,22) qui est participation à ce que Dieu Est en lui-même (Jn 4,24), il le fit par son Fils. Or, nous dit le Livre de Job, « si Dieu tournait vers lui son cœur, s’il concentrait en lui son souffle et son haleine, toute chair expirerait à la fois et l’homme retournerait à la poussière » (Job 34,14-15). Ainsi, d’instant présent en instant présent, tout être humain vit dans la mesure où le Père, par son Fils, lui donne de vivre en lui communiquant cet Esprit au plus profond de son être, un Esprit qui le constitue, le fait « être vivant » (Gn 2,7), car c’est un « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), un « Esprit qui est vie » (Ga 5,25). « C’est en Dieu », nous dit St Paul, « que, tous, nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28)…

         Ainsi, pour tout être humain, quel qu’il soit, où qu’il soit, Jésus est ce « Prince de la Paix » (Is 9,5) par qui il a été créé, et par qui il est maintenu dans l’existence, instant après instant, par ce Don de l’Esprit qui, aux racines de son être, « est » non seulement « vie », mais aussi « paix » et « joie »… « Le Royaume de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie par le Saint Esprit » (Rm 14,17)…

         Tout être humain de bonne volonté tendra donc, dans ses paroles et dans ses actes, à l’harmonie avec ce qu’il est déjà, avec l’Esprit qui le constitue et le fait vivre, et « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5,22). « Heureux alors les artisans de paix », où qu’ils soient, quels qu’ils soient, « car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9). Il ne peut en être autrement puisque, par leurs paroles et par leurs actes, ils manifestent déjà qu’ils sont bien les enfants de leur Créateur et Père, et les frères de Celui par qui ils existent, et par qui ils vivent… Un jour Jésus posait la question : « « Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard tous ceux et celles qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère, une sœur, une mère » (Mc 3,33-35)…

Quiconque… qu’il connaisse ou non Jésus Christ… Il ne peut alors qu’être en harmonie avec sa conscience, fidèle à vivre dans sa vie toutes ces valeurs qui l’habitent en tant que créature « participant à la vie et à l’être du Dieu vivant » (P. C. Spicq). « St Paul met au plus haut point le primat de la conscience, qui est une norme de l’agir plus haute que les lois » (P. Michel Quesnel).

Et il ne pourra qu’expérimenter une joie encore plus intense en prenant conscience de l’existence de son Dieu et Père, de son Frère éternel par qui il vit, de l’insondable richesse de l’Esprit qui le constitue déjà et l’appelle à toujours plus « d’ouverture » pour être toujours plus « comblé » (Lc 1,28 ; Ac 2,4) par cet Amour qui ne cesse de se donner pour le plus grand bonheur de tous… Si Jésus, Prince de la Paix, est déjà Source de Vie et de Paix (Jn 7,37-39) pour tous, son « Oui » libre et conscient à l’Amour ne pourra qu’être source à son tour d’une Plénitude plus grande encore… « Je vous laisse la Paix, je vous donne la Paix… Paix à vous… Recevez l’Esprit Saint » (Jn 14,27 ; 20-19-22), un Don qui ne fera que porter à son accomplissement ce qui est déjà présent au cœur de tout être humain… Tel est le cadeau de Noël par excellence…

Joyeux Noël à tous !

Prions

Dieu de nos pères, Grand et Miséricordieux,

Seigneur de la paix et de la vie, Père de tous,

tu as des projets de paix et non d’affliction,

tu condamnes les guerres et tu abats l’orgueil des violents.

Tu as envoyé ton Fils Jésus

pour annoncer la paix à ceux qui sont proches ou loin,

pour réunir les hommes de chaque race et de chaque origine

en une seule famille.

Ecoute le cri unanime de tes fils,

la supplication pleine de tristesse de toute l’humanité :

plus jamais la guerre, aventure sans retour,

plus jamais la guerre, spirale de deuil et de violence ;

non à cette guerre, qui est une menace pour tes créatures,

         dans le ciel, sur la terre et la mer.

En communion avec Marie, la Mère de Jésus, nous te supplions encore :

Parle au cœur des responsables du destin des peuples,

arrête la logique des représailles et de la vengeance,

suggère par ton Esprit de nouvelles solutions,

des gestes généreux et honorables,

des possibilités de dialogue et de patiente attente,

    qui soient plus féconds que les rapides décisions de guerre.

Accorde à notre époque des jours de paix.

Plus jamais la guerre.

Amen

St Jean Paul II