Prédication disponible en format audio.

 

 Dans le Nouveau Testament, les scribes sont souvent représentés, avec les Pharisiens et parfois des Sadducéens comme les adversaires de Jésus. Ils lui posent des questions pour le mettre à l’épreuve… Dans l’Évangile de ce jour, pour la première fois depuis le début de l’Évangile de Saint Marc, un scribe est présenté positivement, comme « un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu. » D’emblée, la question du scribe à Jésus nous centre sur l’essentiel : « Quel est le premier de tous les commandements ? »

            Et Jésus répond en donnant le célèbre texte du « Shema », que tout Israélite est tenu de réciter matin et soir qui dit (Dt 6,5 ) « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un, et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, et de toute ton âme et de toute ta force. » Ici Jésus ajoute « et de toute ta pensée ».

            « Écoute, Israël ». D’abord « écouter », écouter dans notre monde où les zones de silence sont si rares. Écouter en ce temps de carême, pour tendre l’oreille à la Parole de Dieu, pour mieux ouvrir notre cœur à ce Dieu qui se tient à la porte et qui frappe. Jeûner de paroles, pour mieux écouter. « Parle Seigneur, ton serviteur écoute. »

« Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur est un, le Seigneur est l’unique », Jésus vient nous rappeler la 1ère parole du Décalogue, la 1ère des dix paroles de vie, que Dieu donne à Moïse. Ex 20,3. « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi. »

            Quels sont ces dieux, ces idoles dont je suis encore esclave ? L’argent, les biens matériels ? « Vous ne pouvez pas servir Dieu et Mammon, le dieu-argent » dit Jésus (Mt 6, 24). Mais tant d’autres idoles moins visibles… Mes projets, mes idées, une tradition… « L’idolâtrie est toujours sélective, dit le Pape François. Elle nous fait penser aux bonnes choses qu’elle nous donne, mais elle ne nous montre pas les mauvaises. » Mon travail peut devenir aussi mon idole, une personne aussi peut être mon idole, parfois même, ma responsabilité dans ma paroisse. Mon téléphone portable me rend un nombre incroyable de services, mais si je ne m’en sépare jamais, il devient mon idole. Le Pape François donnait aussi dans une de ses homélies, en 2020, l’exemple de l’idole de la mondanité. « En effet, l’idolâtrie te conduit à une religiosité erronée, disait-il. Bien souvent, la mondanité, qui est une idolâtrie, transforme la célébration d’un sacrement en une fête mondaine. Pensons par exemple à une célébration de mariage. Tu ne sais pas si c’est un sacrement où les jeunes mariés donnent vraiment tout et promettent d’être fidèles devant Dieu, ou si c’est un défilé de mannequins, pour voir comment sont habillés les uns et les autres… la mondanité. » Et moi, quelles sont les idoles qui se cachent dans mon cœur ?

 

            « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un, et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. »  Il ne s’agit pas d’aimer du bout des lèvres mais d’aimer sans réserve et de tout notre être. Aimer Dieu de tout notre être nous pousse à abandonner complètement les idoles, à ménager du temps pour L’écouter, Lui parler, mais aussi Le Servir avec zèle et dévouement.

 

Le second commandement que Jésus mentionne ici et dont il est dit dans un autre Évangile qu’il est semblable au premier, est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Commandement impossible à observer sans aimer Dieu… Aimer Dieu nous amène à lui donner notre vie, à tout donner à Celui qui est la source de cet amour, Dieu est Amour.  Et, l’amour de Dieu pour les hommes L’a poussé à donner Son Fils unique pour nous, afin que nous soyons rachetés, pour pouvoir aimer à notre tour. Si nous aimons Dieu, Il nous donne d’aimer les autres et en particulier cet autre que nous connaissons parfois si mal : nous-mêmes. Il commence par changer le regard parfois dévalorisant que nous avons sur nous-mêmes. Et, si le manque d’estime que nous avons de nous-mêmes vient de notre passé, il peut être souhaitable de demander de l’aide, un accompagnement… Après cette première étape, continuant à puiser à la source de l’amour, grandissant dans l’amour de Dieu, nous pouvons aimer à notre tour notre prochain.  Et cet amour du prochain ne se limite pas aux chrétiens seulement, avec qui nous adorons le même Dieu, ou à nos amis, mais à toute personne.

 

Alors après les deux commandements donnés par Jésus, cas unique dans les Évangiles, le scribe confirme la justesse des propos de Jésus, et il ajoute : « Aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Le scribe a compris que l’importance de l’amour prime sur les holocaustes et les sacrifices, et nous donne de mesurer combien nos efforts de carême perdent leurs sens, s’ils ne sont pas liés à l’amour. Et il nous renvoie aussi au jeûne qui est agréable à Dieu et qu’on trouve au chapitre 58 du livre d’Isaïe : « Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. » (Is 58, 9b-10)

 

Prions.  Seigneur, donne-nous de nous ouvrir à ta lumière, que nous la fassions nôtre, pour qu’elle se lève dans nos ténèbres, qu’elle vienne mettre à jour ce qui reste encore comme idoles dans notre vie. Aide-nous à garder les yeux fixés sur toi, pour que nous ne cédions pas au découragement sur ce chemin parfois chaotique de notre amour pour les autres. Amen.

 

 

3ième semaine de Carême – 8 mars 2024 –  Joëlle et Roger GAUD, Laïcs

 
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