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Jean le Baptiste a véritablement marqué son temps. On s’est pressé pour aller voir ce curieux énergumène du désert qui prêchait la conversion et la venue de quelqu’un après lui. Jean est fascinant ne serait-ce déjà par son mode de vie. Il ne vit pas comme nous, comme tout le monde. Il vit dans le désert, sans réel vêtement ; il n’a pas de métier, il mange ce qu’il trouve, bref, il est quand même assez proche de ce que l’on appelle poliment de nos jours « un sans-abri ». Et pourtant, on va le voir, en masse, Jésus fait remarquer cette apparente contradiction. Ceux que l’on va voir d’habitude, ce sont plutôt les grands et les puissants, dans leurs palais, pas les « barbus-chevelus » dans les déserts.

Et pourtant, cet homme atypique est le « plus grand des enfants des hommes ». Il y a évidemment dans ce rapprochement que fait Jésus, une invitation à ne pas voir le monde avec uniquement nos yeux d’hommes. C’est consternant, mais c’est ainsi, et il nous faut rester vigilants ; mais la plus part du temps, nous fonctionnons comme des pies : nous sommes attiré par tout ce qui brille ! Je ne parle pas que de bijoux, de belles montres, de Porsche ou d’Iphone. Je pense aussi aux éloquents, aux charismatiques, aux leaders… Voilà bien des talents qui brillent, et que nous voulons suivre, qui nous attirent. Et Jésus nous dit, mais pourquoi être allé voir Jean ? Est-il un « roseau agité par le vent ? », c’est-à-dire, quelqu’un qui change d’avis au gré des modes et de ce que la foule veut entendre ? Ou bien est-il un vrai serviteur de la vérité prêt à donner sa vie pour la justice ? C’est bien cela que la foule est allée voir…un prophète ! Et pas n’importe lequel, le dernier de l’ancienne Alliance, le plus important, qui devait désigner le Messie lui-même.

Et c’est peut-être là la deuxième leçon que Jésus veut nous donner. Jean nous invite non seulement à changer notre regard et à chercher à voir plus en profondeur et non uniquement à l’extérieur, mais aussi il nous invite à méditer sur ce rôle de précurseur. Pourquoi Dieu fait-il appel à un « précurseur » ? Il n’est pas capable de s’annoncer lui-même ? D’ailleurs Jésus ne dit jamais clairement et explicitement dans l’Evangile « je suis le Fils de Dieu, le Messie ». La plupart du temps il répond à des questions, de manière énigmatique. Comme s’il attendait que cela vienne des autres. Le rôle de Jean Baptiste c’est de montrer le Sauveur au peuple. Dieu agit toujours comme cela. Il se sert des uns pour faire comprendre aux autres.

Mais alors, ai-je vu dans ma vie des Jean Baptiste ? Ai-je déjà croisé quelqu’un qui m’a montré le Sauveur ? Peut-être que ce temps de l’Avent est une bonne occasion d’aller chercher dans sa mémoire ces visages des Jean Baptiste de notre chemin et de rendre grâce à Dieu de nous les avoir envoyés du désert, ou même dans notre désert.

Et à l’inverse, ai-je été un Jean Baptiste pour quelqu’un d’autre ? Il ne s’agit certainement pas d’en tirer orgueil, mais bien plutôt de rester toujours disponible à l’action de l’Esprit en nous. Être un Jean Baptiste, c’est être capable de reconnaître et de désigner le Christ pour les autres. C’est avoir cette vie sobre, sans faste, juste et droite, qui rend notre parole crédible. C’est être un roseau qui ne penche qu’à un seul souffle, celui de l’Esprit Créateur et Vivificateur. Alors demandons au Seigneur, que notre veille soit celle du plus grand des enfants né d’une femme, afin que nous puissions désigner à sa suite celui qui continue de passer en notre monde : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

Le jeudi de la 3e semaine de l’Avent – 16 décembre 2021 – fr. Etienne Harant o.p. 

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