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Dans l’évangile de ce jour, un père a deux fils. Il souhaite les envoyer à la vigne ; le premier refuse d’abord et finit par y aller, et le second accepte mais ne se rend pas à la vigne. Notons qu’il manque deux autres cas de figure possible : celui qui dirait « non » d’abord et ne va pas à la vigne et celui qui dirait « oui » et irait dans le même élan. Jésus semble vouloir insister ici sur le changement de direction et de décision, puisqu’il n’évoque pas les deux cas que nous ajoutons. Le Seigneur nous invite à réfléchir sur l’évolution possible de notre cœur, et surtout sur l’importance du dernier choix.

La conclusion de la parabole n’est pas non plus du pur pragmatisme, à savoir juste regarder si la chose est faite ou non. L’important n’est pas tellement de savoir si un des fils est allé travailler, mais plutôt de savoir qui a fait la volonté du Père. Comment chacun d’eux a compris, accueilli et fait cette volonté. Le premier commence par se rebeller, et finit par faire. Et le second accepte et ne fait pas. Finalement, c’est le premier qui est loué. Cela a tout de même quelque chose de rassurant, et invite à une réelle sagesse. Ce n’est pas parce que nous disons « non » une fois, que cela puisse être notre dernier mot. Nous sommes des créatures matérielles, qui vivons dans le temps. Et cette temporalité est justement ce qui permet le changement, la variation, le mouvement. Nous avons la capacité de changer d’avis, de direction, de fin. Nous nous autodéterminons et le temps nous permet de revenir sans cesse sur notre choix. L’Avent est une période qui nous invite à penser le temps, puisqu’il s’ouvre sur la fête du Christ Roi, et que nous attendons le retour du Sauveur, soit la fin des temps.

Nous pouvons donc changer, passer d’un « non » à un « oui ». Nous pouvons revenir sans cesse. Avec les risques que cela comporte aussi, l’inverse, passer du « oui » au « non ». Mais jusqu’au dernier instant de notre vie, jusqu’à notre dernier souffle, la possibilité nous est donnée. Et ce choix d’aller ou pas à la vigne du Père, se fait par une succession de petits choix qui préparent les grands. C’est par cette multitude de petits « oui » que je me prépare à dire des grands « oui ». C’est en acceptant les petites contrariétés, agacements ou soucis, que je me rends apte à traverser les grandes difficultés. Et j’ai eu beau dire d’abord « non », refuser telle ou telle volonté, le Seigneur laisse toujours la possibilité de revenir à Lui, de reprendre ce bon chemin qui mène à sa vigne, lieu où nous pourrons vraiment porter du fruit.

Car ce Père sait ce qu’il y a de bon pour ses fils, c’est qu’ils aillent à la vigne, travailler pour produire un bon fruit. Cette vigne est aussi souvent symbole de paix dans la Bible. L’expression « s’assoir à l’ombre de sa vigne et de son figuier »[1] signifie être en temps de paix.

Les publicains et les prostituées sont des archétypes de ceux qui ont d’abord refusé la volonté de Dieu, parce qu’ils n’étaient pas en accord avec la Loi. Et ce sont eux qui disent finalement « oui » à l’invitation de la parole de Jean Baptiste. Cette conversion de ceux que l’on considère comme « grands pécheurs » nous donne un éminent exemple à suivre d’un changement de route au sein de notre vie quotidienne, pour nous rendre capables, face aux grands choix de notre vie, de toujours faire la volonté de Celui qui ne nous veut que du Bien.

[1] Par ex cf. 1 R 5.5.

Le mardi de la 3e semaine de l’Avent – 14 décembre 2021 – fr. Etienne Harant o.p. 

Vous pouvez nous envoyer vos demandes de grâces et intentions de prière en répondant dans l’espace de commentaires. Elles seront recueillies et portées en intention à la messe du weekend à la Cathédrale de Saint Denis. Nous vous invitons aussi à partager cette méditation avec vos amis.

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