Prédication disponible en format audio.

Lorsque qu’on s’aime, comme les sœurs MARTIN, on peut avoir une grande liberté dans le partage et les confidences. Ainsi Pauline se montre très directe avec Léonie : « Va à Jésus par la   confiance   et   l’amour,   ne   pleure   pas   sur les imperfections que tu garderas toute ta vie, cela ne sert à rien du tout, c’est du temps perdu ».

 

Léonie a beaucoup souffert de son infériorité. Avec le temps et sa vie d’union à Dieu, elle a accepté cet état de fait, et son cœur est devenu paisible : « J’ai beaucoup souffert de mon infériorité, j’ai senti très vivement l’isolement du cœur, de tout… A présent (grande grâce) de la retraite, son fruit délicieux, c’est à peine si tout ce fatras vient effleurer mon âme ».

 

Relire son passé avec la force du pardon est très libérateur.

Revisiter dans l’amour son histoire passée peut représenter une étape importante dans le cheminement de certaines personnes. Le risque peut exister de tellement vouloir tout expliquer par le passé, qu’on s’enferme dans une introspection paralysante. Mais, lorsqu’un seuil décisif et libérateur advient, les âmes cessent de se replier sur leurs blessures et leur passé, et prennent à bras-le-corps leur histoire cabossée pour mieux la transformer en offrande. « Dorénavant, je vais faire avec, mais en Dieu ».

« Et quand, parfois, dit Léonie, je me surprends à désirer autre chose, ou que je suis prise d’ennui et de dégoût, vite je fais un plongeon dans la volonté de Dieu ».

Ce qui est admirable chez Léonie, et ce qui en fait toute sa grandeur, c’est qu’elle n’entretenait aucune jalousie, aucun ressentiment. Par exemple, Léonie ne boude pas, n’envie pas sa petite sœur Thérèse le jour de sa prise d’habit, le 10 janvier 1889, alors qu’elle-même vient de vivre un second échec dans la vie religieuse. Elle ne jalouse pas non plus ses autres sœurs, toutes réunies au Carmel de Lisieux :

 

 

« Je t’embrasse, ma petite maman avec une tendresse inexprimable, écrit-elle à sa sœur Pauline, ainsi que nos deux petites sœurs qui ont la joie de pouvoir t ‘embrasser réellement puisqu’elles vivent avec toi. Quel privilège ! Mais bien loin d’être jalouse, je m’en réjouis parce que je les aime plus que moi ».

 

Ces derniers mots : « je les aime plus que moi » disent tout de son cœur et expliquent pourquoi la jalousie ne l’atteint pas. Elle nous donne au passage un secret de bonheur : lorsqu’on ne cherche plus à capter le prochain, lorsqu’on aime les autres pour eux-mêmes, « je les aime plus que moi-même », que de tempêtes intérieures évitées et que d’aisance dans la vie relationnelle.

Sur la fin de sa vie, elle eut la grande joie, comme ses sœurs carmélites, d’assister au triomphe grandissant de la petite dernière, Sainte Thérèse de Lisieux. Lors de la bénédiction de la Basilique de Lisieux, l’évêque de Bayeux et Lisieux, Monseigneur PICAUD, mentionne dans son homélie les trois sœurs carmélites de Sainte Thérèse et il oublie complètement la quatrième sœur, Léonie, qui de plus suit en direct le discours à la radio en présence de sa communauté de visitandines. Pauvre Léonie, toujours dans l’ombre et oubliée. Elle ne nie pas que sa sensibilité en a été blessée :

« Ne trouves-tu pas, écrit-elle à Pauline, que Monseigneur aurait dû dire un mot délicat pour la quatrième sœur qui était là si présente de cœur et d’âme, cet oubli involontaire, sans doute, m’a été très sensible, tu le comprends ».

 

Mais aussitôt, sa charité désintéressée lui permet de tout accueillir, tout offrir

et de ne pas perdre la paix. Elle se borne à ajouter :

« Mère Agnès de Jésus (Pauline) en sera plus peinée que moi », et elle écrira peu

après :

« Ma Céline chérie, par ta carte arrivée à point pour me consoler de l’oubli

regrettable de Monseigneur notre Évêque, je vous ai senties toutes les trois auprès de         moi, ce qui m’a été un baume délicieux sur la plaie qui s’est fermée aussitôt. »

 

Il est facile de donner son amour une fois, mais il est admirable de donner son amour cent fois. Il est beau de se relever aussitôt après un échec, mais il est extraordinaire de se relever après de nombreux échecs. Cela suppose une humilité rare.

 

Les trois premiers essais de vie religieuse, tous soldés, par un échec cuisant, avant son entrée définitive dans la consécration religieuse, manifestent la ténacité de Léonie mais plus encore son humilité bouleversante.

Léonie fait tout d’abord un essai de vie religieuse chez les sœurs Clarisses d’Alençon en octobre 1886. Cette décision relève d’un coup de tête. Elle n’est pas prête, sa santé est si chancelante qu’elle ne peut supporter les rigueurs des religieuses de sainte Claire : il ne faut pas plus de deux mois pour que la jeune postulante s’avoue vaincue.

Elle fera un second essai de vie religieuse, cette fois-ci à la Visitation de Caen, en juillet 1887. Elle n’y restera que six mois.

En 1893, à l’issue d’une retraite spirituelle elle y fait une seconde tentative. Hélas, Léonie sort à nouveau de son couvent en 1895. Sa santé toujours fragile, son tempérament encore instable ainsi que la rigueur de la règle, l’obligent à s’éloigner pour une seconde fois du couvent de Caen.

On suppose sa profonde tristesse et les assauts de découragement qu’elle a dû subir. Elle aurait pu capituler, elle venait d’avoir 32 ans.

Eh bien non ! Le 28 janvier 1899, elle fait un quatrième essai de vie religieuse. Celui-ci sera le bon : « En entrant, écrit-elle à ses trois sœurs, j’étais bien un peu émue, mais pleine de confiance et mon premier mot après m’être jetée dans les bras de ma tendre Mère fut celui-ci : « Je sortirai d’ici, mais dans mon cercueil ».

 

Le 13 avril 1941, jour de Pâques, Léonie ne peut plus écrire, elle n’a plus de sain que le cœur et la tête, grâce à Dieu, mais il peut tout prendre, tout est à Lui !

Elle fait signer sa lettre pour ses sœurs : « Votre petite visitandine dont le cœur est si grand si aimant ».

Le 17 juin 1941 s’éteignait notre Sœur Françoise-Thérèse (Léonie MARTIN).

 

Son procès de béatification est ouvert officiellement le 2 juillet au monastère de la Visitation de Caen, là où Léonie, sœur de Thérèse de Lisieux et troisième fille de Louis et Zélie MARTIN, a été religieuse sous le nom de sœur Françoise-Thérèse de 1899 à sa mort le 17 juin 1941. Cette session était présidée par Mg BOULANGER, évêque du diocèse de Bayeux et Lisieux.

« Léonie, la faiblesse transfigurée. »

 

 

1er semaine de Carême – 22 Février 2024 – Noëline FOURNIER, Laïc

 
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