Prédication disponible en format audio.

En ce samedi 7 janvier, l’Église fête saint Raymond de Penyafort (1175-1275), dominicain, juriste et co-fondateur avec saint Pierre Nolasque (1189-1256) de l’Ordre de la Merci connu aussi comme Ordre des Mercédaires pour la libération des captifs tombés aux mains des pirates musulmans et réduits à l’état d’esclavage.

Saint Raymond de Penyafort a travaillé de toutes ses forces pour la libération intégrale de l’homme : libération physique de l’esclavage ; libération du péché par le pardon de Dieu.

En bon dominicain, il a dialogué avec les juifs et les musulmans en créant des écoles d’hébreu à Murcie et d’arabe à Tunis de manière à rejoindre les autres dans leur propre langue.

Aujourd’hui, d’autres esclavages enchaînent l’esprit et le corps de l’homme : la drogue, l’alcool, le sexe, la violence, l’envie et la jalousie, le désir de paraître et d’être admiré …

L’homme devient esclave de ce qui le domine. « C’est plus fort que moi », disons-nous quand nous faisons quelque chose poussé par la force de la passion.

Quand l’homme fait le mal, il pense devenir plus libre mais il se trouve seul et triste, trompé et vaincu par la tentation.

Le risque est de tourner en rond en faisant « les mêmes bêtises ».

Avec Dieu, le meilleur est toujours devant nous à condition de ne pas s’enfermer dans le passé ou dans le déni.

Souvent, l’homme est prisonnier de lui-même.

Il n’y a qu’un seul libérateur : Jésus-Christ. Il fait dépasser le passé car l’homme est plus grand que ses fautes.

Dans l’échec, l’homme et la femme peuvent parfois penser au suicide : « Est-ce que je me tue ou pas ? » Combat psychologique, physique et surtout spirituel contre les puissances de mort agissant en nous, attisées par le diable, « le diviseur », jaloux du bien et de l’amour qui relie l’homme et Dieu et les hommes entre eux. La figure de Judas, ténébreux, désespéré, revit souvent au milieu de nous, voire en nous-mêmes.

Il peut arriver aussi que des jeunes envisagent le suicide, le cherchent, le tentent et parfois malheureusement l’accomplissent.

Quelle tristesse de voir l’attrait de la mort comme une libération !

Jésus-Christ, par son pardon, rend juste le coupable. Le pécheur est purifié par le Sang de Jésus versé sur la Croix. Les ténèbres dans le cœur du méchant s’estompent pour laisser grandir la lumière de la grâce.

Pour célébrer cette libération il y a une condition : reconnaître sa faute et demander le pardon dans la foi.

Si nous refusons la vérité, nous sommes des esclaves de notre propre mensonge. Si nous refusons d’appeler le Sauveur Jésus, nous nous enfonçons dans l’abîme.

Jésus ressuscité nous relève du fond de notre honte et de notre angoisse. Le Psalmiste implore sans cesse cette nouvelle naissance dans la grâce: « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. (…) Lave-moi et je serai plus blanc que neige. Fais que j’entende les chants et la fête. (…) Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu » (Ps 50).

Le pécheur devient alors apôtre en reconnaissance du salut reçu.

Pourquoi y a-t-il si peu d’apôtres au cœur brûlant et tant d’âmes tièdes ? Parce que nous nous croyons bons par nos propres forces au lieu de nous considérer comme des coupables graciés et sauvés par le Christ.

L’hypocrisie n’engendre pas de vocations apostoliques. Ceux qui goûtent à la miséricorde de Jésus en témoignent avec joie et reconnaissance.

Quand quelqu’un dit : « Je me suis converti ». Le dit-il dans la tristesse ou dans la joie ? Toujours dans la joie ! Car il a reçu le plus beau cadeau qu’un homme puisse découvrir : l’amour de l’Esprit Saint répandu dans son cœur par la foi en la Parole de Jésus qui lui donne de se sentir purifié et guéri dans les tissus les plus  intimes de son âme.

Nous avons vécu pendant un an le Jubilé de la miséricorde. Le pape François a prêché la miséricorde au cœur de la misère humaine. Sainte Faustine nous exhorte à agir en apôtres de la miséricorde.

Chaque chrétien représente un « blessé-guérisseur ». Blessé par le mal, guéri par le Christ, il en devient son témoin.

Le pape François exerce sa mission de souverain pontife dans une diplomatie de la miséricorde. Il regarde le monde et les problèmes politiques avec les yeux de Dieu. Dans les relations avec les chefs d’État, le pape annonce la miséricorde surtout à travers des gestes symboliques forts : visite aux immigrés de Lampedusa, action commune avec un iman au service de la paix en République centrafricaine, repas partagés avec les SDF à Rome…

L’art chrétien se plaît parfois à nous présenter à Noël l’Enfant-Jésus couché sur une croix. Le Fils de Dieu est entré dès sa naissance dans un monde de violence et d’exclusion dont la cruauté atteindra son paroxysme sur le Calvaire. Du haut de la croix, Jésus demandera à son Père la miséricorde pour ses bourreaux : « Père, pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).

La miséricorde n’est pas enfermée dans les églises mais elle illumine les relations humaines. Impossible de vivre ensemble sans demander et sans s’accorder la miséricorde.

« Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7).

Fr. Manuel Rivero O.P.

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