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« Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » (Jean 13, 8)

Ne sommes-nous pas un peu comme Pierre, révélant notre incompréhension devant le geste du Mandatum, le lavement des pieds ? Ne sommes-nous pas amenés à voir dans ce geste de Jésus au soir de la Cène, lavant un à un les pieds de ses disciples, un geste d’humilité, et même d’humiliation insupportable, car dans la société culturelle d’alors on ne pouvait exiger d’un Juif de laver les pieds de quelqu’un ?

Si nous portons notre regard au-delà de ce qui n’est ni un baptême ni une simple ablution rituelle,*nous comprenons que le dernier signe de Jésus-car s’en est un- renvoie à quelque chose de fondamental. Si le Christ s’humilie, se dépouille devant ses disciples, c’est bien pour leur signifier qu’ils ne peuvent communier à sa personne à moins de se laisser servir par lui, jusqu’à l’humiliation de la croix.

Osons croire que Jésus nous aime assez pour aller jusqu’au don total de son être pour nous. Cessons de nous demander comme on l’entend parfois : « Comment Dieu peut-il m’aimer à ce point, moi qui suis pécheur, faible, instable, souvent égoïste ? » L’heure n’est plus à nos questionnements existentiels mais à notre décision  : se laisser aimer jusqu’au bout de la croix. C’est ce que, à la suite de Pierre, nous sommes appelés à faire si nous voulons « participer » à la personne du Christ et à l’œuvre de salut accomplie par lui.

Voilà qui nous glisse plus sûrement vers le second versant du geste de Jésus, son imitation avec le commandement d’amour : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ».** Voulons-nous aimer les autres à sa manière, « jusqu’au bout », jusqu’au don total de nous-mêmes ? Refoulons, là aussi, les questions du genre : « Mais, Seigneur, tu me connais, tu sais bien que je ne peux pas aimer comme toi. Où veux-tu que je prenne la force de te suivre jusque-là ? » Pensons alors au corps et au sang que Jésus nous laisse au soir de l’institution du sacrement eucharistique. Corps mystique qui nous donne de communier à son humanité habitée par cette force d’amour.***

Que ce divin corps qui a tant aimé, qui s’est fatigué à servir – la foule dans des endroits déserts, la Samaritaine au puits de Jacob, les lépreux et d’autres infirmes, les enfants, les riches et les pauvre- raffermisse notre esprit de service. Et si nous formions des bataillons de serviteurs affectés à un service humble, à un service joyeux, à un service jusqu’au bout. Dans l’amour du frère. Dans cet amour divin qui nous fait passer de la mort à la vie !

Pleins de reconnaissance, prions le Seigneur au milieu de nous :   

Seigneur Jésus, tu t’es mis à genoux devant l’homme

Pour le servir jusqu’au bout,

Dans l’humiliation de la croix.

Donne-nous d’aimer, nous aussi, jusqu’au bout,

Jusqu’au don total de nous-mêmes.

Et que nous prenions ta serviette,

Pour nous laver les pieds les uns les autres.

Amen ! 

 

*Yves-Marie Blanchard, Signes et sacrements dans le quatrième Evangile, Artège Lethielleux, 2018, p. 141

**Jean 13, 34

***1 Corinthiens 11, 23-26  

Méditation du Jeudi 1er avril 2021 – Diacre Jean-Marie Armand 

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