Prédication disponible en format audio.

« Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait réveillé d’entre les morts. On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus.

          Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum.
          Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? » Il parla ainsi, non par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait.

          Jésus lui dit : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. »

          Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait réveillé d’entre les morts. Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus » (Jn 12,1-12).

 

          Juste avant notre passage, St Jean nous a raconté le retour à la vie de Lazare. Alors que sa maladie s’aggravait, ses deux sœurs, Marthe et Marie, avaient envoyé chercher Jésus. Mais lorsqu’il arriva auprès d’elles, Lazare était mort et mis au tombeau depuis quatre jours déjà…

          « Seigneur » lui avait dit Marthe, « si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera ». Et « elle s’était arrêtée, comme au seuil d’une impossible prière » (P. Xavier Léon Dufour). « Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » « Je sais », dit Marthe, « qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » » Et cette foi en un « à-venir » n’allait pas, au présent, lui rendre son frère, et la consoler de sa peine, immense… Jésus lui avait alors répondu en mêlant étonnamment « futur » et « présent » : « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » ; et telle était bien la foi de Marthe. Mais Jésus avait rajouté : « Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu ? » Ici, tout est au présent en fait… Que signifie en effet « il ne mourra jamais » sinon « il vit et vivra pour toujours » ? Marthe, ton frère est mort dans cette condition humaine de chair et de sang qui est actuellement aussi la tienne, mais il vit toujours, autrement mais bien réellement… Et Jésus avait conclu par « Le crois‑tu ? », c’est-à-dire par un appel à la foi… Et Marthe avait aussitôt répondu de tout cœur : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde ».

          Et alors que Jésus ne lui avait plus rien dit, elle avait compris que cet appel à la foi, à l’espérance et donc à la joie s’adressait aussi à sa sœur Marie, anéantie comme elle par la perte de leur frère. Alors, « ayant dit cela, elle s’en alla appeler sa sœur Marie, lui disant en secret : « Le Maître est là et il t’appelle » ». Et aussitôt, elle aussi, mais sans un mot, elle avait exprimé sa foi, son « oui ! » par un mouvement de tout son être : « A cette nouvelle, elle se leva bien vite et alla vers lui »… 

          « Arrivée là où était Jésus, Marie, en le voyant, tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ! » », et elle tomba en larmes… La foi et la confiance ne suppriment en rien la douleur liée à la perte d’un être cher… Et cette souffrance bouleverse aussi le cœur de Dieu : « Jésus pleura »… Mais il n’en resta pas là… Il alla au tombeau, et ordonna qu’on enlève la pierre. Puis, il rendit grâce à Dieu son Père et s’écria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et « le mort sortit »…

          L’impossible prière que nul n’avait osé formuler est exaucée… La joie de Marthe et de Marie est indescriptible… La mort leur avait volé le plus grand trésor qu’il soit à leurs yeux, leur frère… Jésus le leur rend, bien présent, vivant, souriant…

 

          A cette folie de l’Amour Marie va répondre par une folie de l’amour… Peu de temps après, Jésus est à nouveau à « Bethanie, la Maison du Dieu qui fait grâce », en hébreu… « Marthe servait. Lazare était l’un des convives. Alors Marie, prenant » plus de trois cent grammes « d’un parfum de nard pur », le nard étant une huile parfumée provenant d’une plante de l’Himalaya, « oignit les pieds de Jésus et les essuya de ses cheveux », un geste d’amour d’une incroyable délicatesse, si simplement et si pleinement humain… Un geste fou, et c’est Judas qui le soulignera en précisant le prix de ce parfum : « trois cents deniers », le fruit de trois cent journées de travail, dix mois de salaire, soit pour un Smic actuel à 1219,00 € net, un total de 12.190 € ! Quelle folie ! Mais cette folie de Marie nous rappelle ce qui est important dans nos vies… Non pas nos biens matériels, mais celles et ceux que nous aimons… Là est la vraie richesse, le seul trésor qui, ici-bas, vaille la peine… « Tout passe… L’amour seul demeure » (Ste Thérèse d’Avila).

          Et ce geste de Marie nous dit aussi quelque chose de la Folie de Dieu à notre égard, Lui qui, en son Fils, n’hésitera pas à mourir sur une Croix, au milieu d’atroces souffrances, et cela pour chacun d’entre nous… « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Et au moment de mourir, c’est cette joie de l’Amour Vainqueur qui pouvait se lire sur son visage, joie de savoir que son offrande allait être une source éternelle de joie pour la multitude des hommes qu’il appelle au salut… « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6)…

          « Le Christ a enduré la croix en vue de la joie qui lui était proposée (Heb 12,2), c’est-à-dire la joie de sauver les hommes et de les réconcilier avec le Père. C’est en vue de cette même joie qu’il continue à supporter nos péchés et qu’il reste toujours disposé à les pardonner, même s’ils se renouvellent plusieurs fois par jour, pourvu qu’à chaque fois nous revenions à lui avec un cœur contrit. Les souffrances qu’il a endurées jusqu’à la mort montrent bien qu’il est disposé sans limite à supporter nos péchés, car son cœur connaît la faiblesse de notre nature, la défaillance de notre volonté et la grande misère de l’homme.

          Aussi est-il bon de se présenter au Christ, durant la prière, dans l’attitude du pécheur conscient de sa misère, se frappant la poitrine, la tête baissée et le front couvert de poussière, mais en même temps avec l’assurance d’être accueilli et pardonné par lui en raison de sa grande compassion, de la prédilection qu’il a pour les plus faibles et de la joie qu’il éprouve à chacun de nos retours » (P. Matta El Maskîne, « Conseils pour la prière »).

 

Prions

          Seigneur Jésus, tu t’es fait chair pour révéler l’Amour de Dieu pour tous les hommes, un Amour proche, déjà offert, discret, humble mais tout puissant… Que cet Amour, jour après jour, fasse irruption au cœur de nos ténèbres, et qu’il nous donne de percevoir ainsi, quelque peu, l’infini de Lumière et de Tendresse que tu veux offrir à tous…  Que cette même Lumière, que cette même Force, ne cesse d’accompagner tous ceux et celles qui ne te connaissent pas encore, mais qui, par leur bonne volonté, par leur dévouement au service des autres, portent déjà tes fruits au cœur de notre monde… Et que tous, nous ayons la joie de découvrir pleinement « Qui » tu es vraiment : un Être de Lumière et d’Amour qui ne désire que le meilleur pour chacune et chacun d’entre nous, pour l’humanité tout entière que Dieu aime déjà, infiniment…

 Méditations Carême 2020 – Lundi Saint 6 avril 2020 – Diacre Jacques Fournier

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