Prédication disponible en format audio.

A l’époque de Jésus, cela faisait déjà plus de trois siècles que les derniers grands prophètes (Malachie, Joël) s’étaient éteints… Et depuis, plus rien… Les cieux semblaient fermés, et une prière s’élevait : « Regarde et vois, depuis le ciel, depuis ton palais saint et splendide : où sont donc ton ardeur et ta vaillance, l’émoi de tes entrailles ? Tes tendresses pour nous ont-elles été contenues ? C’est que notre Père, c’est toi ! C’est toi Seigneur qui es notre Père, notre Rédempteur depuis toujours, c’est là ton nom. Pourquoi, Seigneur nous laisser errer loin de tes voies et endurcir nos cœurs en refusant ta crainte ? Reviens, à cause de tes serviteurs… Ah ! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais » (Is 63,15-19)…

Avec Jésus, cette prière s’accomplit, et St Marc apporte un soin tout particulier à nous le montrer… En effet, le verbe « déchirer » qui intervient dans l’expression « (Jean le Baptiste) vit les cieux se déchirer » (skhizô, en grec) n’apparaît, dans tout son Evangile, qu’ici, au tout début, et à la fin, juste après la mort de Jésus en croix, lorsque « le voile du Sanctuaire se déchira en deux, de haut en bas » (Mc 15,38).

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« De haut en bas » : c’est bien Dieu, du haut du Ciel, qui le déchire… Et ce « voile » séparait la pièce la plus sacrée du Temple de Jérusalem, où Dieu était censé siéger sur son Trône, « le Saint des Saints », de la pièce, « le Saint », où les hommes, les prêtres, venaient lui apporter les offrandes et brûler de l’encens en signe de prière. Le message est identique à celui du baptême : avec le Christ, il n’existe plus désormais de séparation entre le Ciel et la terre, entre « le Saint des Saints » et « le Saint », entre le monde de Dieu et le monde des hommes… Désormais, avec le Christ, les deux ne font plus qu’un, et ceci est l’œuvre de Dieu qui a « déchiré » Lui-même toutes les séparations qui pouvaient exister entre lui et les hommes, et manifesté à quel point « le Royaume de Dieu est tout proche » (Mc 1,15), déjà là, déjà présent « au milieu de nous » (Mt 12,28 ; 28,20). Avec le Christ, « Lumière du monde » (Jn 8,12), Lumière de l’Amour, « les ténèbres s’en vont, et la véritable Lumière brille déjà » (1Jn 2,8).

« Déchirer », renverser, abattre tout ce qui nous empêche de vivre pleinement la relation avec Lui : voilà ce que Dieu veut accomplir pour le seul bien de chacun d’entre nous, car il nous a tous créés pour Lui, pour nous combler de la Plénitude de sa Vie : « là » se cache ce Meilleur pour chacun d’entre nous, un Meilleur que l’Amour désire pour nous plus que nous-mêmes ! A en mourir sur une Croix ! Alors, ne cessons pas de lui offrir tout ce qui, dans notre vie, nous apparaît comme un obstacle à notre relation avec Lui, à nos relations avec nos frères… Et laissons-le agir, car « il n’y a qu’un mouvement au cœur du Christ : effacer le péché et emmener l’âme à Dieu » (Elisabeth de la Trinité). En effet, « comme le ciel domine la terre, fort est son Amour pour qui le craint ; aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés » (Ps 103(102),11-12) car il ne cesse d’être, inlassablement, « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29)…

Avec le Christ et par Lui, Dieu se propose donc de « déchirer », d’ « enlever » « ce voile » de notre égoïsme, de notre orgueil, qui « posé sur nos cœurs » nous empêche de voir l’Autre, les autres, et qui nous enferme dans nos ténèbres… Mais « c’est quand on se convertit au Seigneur », quand on accepte de reconnaître avec lui nos péchés dans les eaux de notre baptême, « que le voile est enlevé » (2Co 3,16), par Dieu Lui-même ! « En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre et, délivrés de l’ombre et des ténèbres, les yeux des aveugles verront. Les malheureux trouveront toujours plus de joie dans le Seigneur, et les plus pauvres des hommes exulteront à cause du Saint d’Israël » (Is 29,18-19)…

 Chemin de Noël – Jeudi 8 janvier 2014 – Diacre Jacques Fournier.

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