Dieu sauve le pauvre par sa pauvreté, il lui ouvre l’oreille (c’est-à-dire qu’il l’instruit) au moyen de sa misère.  Livre de Job, chapitre 36, verset 15

La méditation

Je voudrais vous lire l’angoisse d’un prêtre. Il s’appelle Joseph. Il a bourlingué au plus près de la misère humaine. Sa hantise du plus pauvre ne cesse de l’habiter tout comme le chemin qu’il doit continuer à emprunter pour les venir en aide : « Il y a, Seigneur, que tu as voulu être, en ces temps-ci, le « lumpenprolétariat » : le haillonneux, l’humilié, l’inconnu des zones de misère. Tu as voulu être de ces hommes qui me font peur ».

Les pauvres nous inspirent-ils la peur ? Devons-nous avoir une sacrée frousse de ceux-là mêmes qui sont le premier choix de Dieu pour son Eglise et pour son Royaume ? Bien sûr que non. Hier, dans notre méditation, nous avons exprimé la ferme résolution de ne pas prendre son parti de la pauvreté. Allons-nous faire machine arrière et dézinguer la plus charitable de nos intentions de carême ?

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Apprenons l’amour désintéressé et humanisant. Ne servons pas les pauvres pour l’Eglise, pour qu’elle fasse bonne figure avec eux à l’intérieur ! Servons-les, instruisons-les pour eux-mêmes. Quand il nous arrive de dire « pour l’amour de Dieu » que cela sonne juste et signifie bien « pour communier à l’amour de Dieu ». Apprenons à ne pas faire pour les pauvres, mais avec eux, sujets et partenaires.

 

« Notre engagement ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion et d’assistance ; ce que l’Esprit suscite n’est pas un débordement d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre qu’il « considère comme un avec lui », souligne le Pape François dans « La joie de l’Evangile » (199). Que le Seigneur nous donne l’intelligence d’y travailler à ce que les « frères » de Jésus  le deviennent, dans la société et les communautés ecclésiales.

Que nos frères démunis, humiliés, aux existences quadrillées dans toutes ses lignes par une misère tenace, aux errances chaotiques et cabossées, aux vides intérieurs qui les hantent,  puissent y prendre la parole, y compris dans la prière. Et si nous leur faisons aussi l’honneur de la sagesse !

Diacre Jean-Marie Armand

Chemin de Carême, le 19 mars 2014   

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