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« Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau » de Jésus « de grand matin »…  Nous sommes donc ici au matin d’un lendemain de sabbat (samedi), ce qui correspond aujourd’hui à notre Dimanche. La veille de ce sabbat, un vendredi donc, Jésus était mort sur une croix à l’heure où l’on égorgeait dans le Temple de Jérusalem tous les agneaux qui devaient être mangés lors de la fête de Pâque, qui tombait cette année-là un jour de sabbat. Jésus est bien « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). « Il a aboli le péché par son sacrifice », écrira plus tard l’auteur de la Lettre aux Hébreux (Hb 9,26). Puis, «  ayant offert pour les péchés un unique sacrifice », le sien, « il s’est assis pour toujours à la droite de Dieu », au jour de sa résurrection d’entre les morts (Hb 10,10), en « Sauveur du monde » (Jn 4,42)…

Et il ne cesse de nous dire et de nous redire : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir » (Lc 5,31-32). Alors, puisque le péché ne sème derrière lui que « souffrance et angoisse » (Rm 2,9), « si quelqu’un a soif », soif de vrai Bonheur, de vraie Vie, « qu’il vienne à moi et qu’il boive celui qui croit en moi ! Comme il est écrit : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit », l’Esprit de Lumière et de Vie, « que devaient recevoir ceux qui croient en lui » (Jn 7,37‑39).

Tel est le cadeau offert désormais aux pécheurs qui jour après jour, se détournant de leurs péchés et de leurs misères, avec le secours de sa grâce, se tournent de tout cœur vers le Christ Ressuscité, « Sauveur du monde », Lui qui offre inlassablement « le pardon des péchés » (Lc 1,76-79) à tous les cœurs repentants, en leur communiquant au même moment tout ce dont ils étaient privés par suite de leurs fautes : la Plénitude de sa Vie, de sa Lumière et de sa Paix… « Le salaire du péché, c’est la mort. Mais le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle, dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

En s’approchant du tombeau de Jésus, Marie de Magdala « s’aperçoit donc que la pierre avait été enlevée »… Il est ouvert ! Elle n’entre pas et « court alors trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait », certainement St Jean, « et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »

« Simon Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait », se mettent donc à courir vers le tombeau. Jean, certainement plus jeune, arrive le premier. Mais il n’entre pas. Il attend Pierre, et il le laisse entrer à l’intérieur… Tous les deux constateront ensuite qu’il était vide, « les linges gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête, non pas avec les linges, mais roulé à part, dans un endroit », celui qu’il occupait en fait sur la tête de Jésus. Lors de la résurrection, le corps a comme disparu, et les linges qui l’entouraient se sont tout simplement affaissés, gardant la place qu’ils occupaient sur le corps de Jésus… Bref, si l’on avait voulu prendre son corps et lui seulement, il aurait fallu dénouer tous les linges, et les laisser en vrac sur le sol. Ce qui n’était pas le cas. C’est ce que St Jean constate : « Il vit et il crut » (Jn 20,1-10).

          Juste après ce récit, et donc toujours « le premier jour de la semaine », nous voyons Marie Madeleine rencontrer le Christ dans sa condition nouvelle de Ressuscité. Cela ne fait que trois jours qu’elle ne l’a plus vu, mais elle ne le reconnaît pas immédiatement. C’est pourtant bien le même, mais il est maintenant dans une tout autre condition… Et ce n’est que lorsqu’il va l’appeler par son nom, « Marie ! », que Marie Madeleine va le reconnaître : ce « tout autre », apparemment inconnu, connaît son nom, et sa Parole a la même résonance au plus profond de son cœur que toutes celles qu’elle a déjà entendues de Jésus… « Tu as les Paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68)… Son amour le reconnaît : c’est Lui ! « Rabbouni ! », « mon Maître ! » «  Ne me touche pas », lui répond Jésus, « car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Et c’est bien ce qu’elle fera…

Et le Christ se manifestera à eux… « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; – car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1Jn 1,1-3).

C’est pour faire mémoire de cet événement unique, la Résurrection du Christ, que la communauté chrétienne tout entière est invitée à se rassembler, notamment le Dimanche, autour de son Seigneur, pour le rencontrer dans la foi, dans un cœur à cœur où il s’agira de « vivre » d’une vie nouvelle, de « voir » une réalité spirituelle, invisible à nos seuls yeux de chair, et d’ « entendre » résonner à nos cœurs cet éternel « je t’aime » que le Père du ciel, « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), ne cesse d’adresser à chacun de ses enfants, et donc à tous les hommes… « Heureux alors vos yeux parce qu’ils voient ; heureuses vos oreilles parce qu’elles entendent. En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ! » (Mt 13,16‑17).

Il s’agit donc « d’entendre », dans le silence de nos cœurs, ce « Je t’aime » que le Père dit déjà à tout homme, puisque nous avons tous été créés par amour… Il ne peut en être autrement, puisque « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16). Et ce « je t’aime » ne cesse de retentir, d’une manière ou d’une autre, tout au long de nos existences… « Le Père lui-même nous aime », nous dit Jésus. Et il faut que « le monde reconnaisse que tu les as aimés comme tu m’as aimé », dit-il encore (Jn 16,27 ; 17,23). Mais comment le Père aime-t-il le Fils ? En se donnant à Lui de toute éternité, gratuitement, par amour : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’Il Est, tout ce qu’il a (Jn 16,15 ; 17,10). Et c’est par ce Don total de Lui-même qu’il l’engendre en Fils, « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo).

Le Père aime chacun d’entre nous « comme » il aime le Fils de toute éternité ? Cela signifie que le Père ne cesse de proposer à nos cœurs et à nos vies ce même Don qu’il fait au Fils de toute éternité, un Don par lequel il l’engendre en Fils « de même nature que le Père » (Crédo). Telle est l’aventure qui nous est proposée : accueillir nous aussi, dans notre condition de créatures, ce Don de Dieu, ce Don du Père, et il aura en nous les mêmes effets que ceux qu’il a dans le Fils de toute éternité : il nous engendrera nous aussi à la Plénitude même de Dieu,  nous donnant de participer par grâce à ce que  Dieu Est par nature de toute éternité (2P 1,3-4)… Nous vivrons alors de sa Vie, nous nous réjouirons de sa Lumière, nous connaîtrons sa Paix qui est Plénitude de Joie, de Bonheur profond… Alors, la volonté de Dieu sera accomplie sur chacun d’entre nous… Il suffit que nous acceptions de nous laisser aimer tels que nous sommes, laissant le Christ Sauveur du monde, le Christ médecin, accomplir en nous son œuvre de salut…

Diacre Jacques Fournier, Dimanche de Pâques, 16 avril 2017

 

Prions avec Charles de Foucaud

Mon Père, je m’abandonne à Toi, fais de moi ce qu’il Te plaira.

Quoi que Tu fasses de moi, je Te remercie, je suis prêt à tout, j’accepte tout.

Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures,

je ne désire rien d’autre mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains.

Je Te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur,

parce que je T’aime,

et que ce m’est un besoin d’amour de me donner,

de me remettre entre tes mains sans mesure,

avec une infinie confiance, car Tu es mon Père.

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