Prédication disponible en format audio.


Toutes les méditations de cette semaine prendront appui sur une attitude soulignée par le pape François au début de son exhortation « La joie de l’Evangile » : « sortir », que nous traduirons avec un brin d’humour créole par « Allez, sorte dehors ! ». Tel est le thème du chapitre 1, résumé par le paragraphe 49 : Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus … je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses sécurités.

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Quelques lignes auparavant, le pape cite un mot repris régulièrement par nos fidèles catholique : périphérie (§46), dans la phrase « l’Eglise ‘en sortie’ est une Eglise aux portes ouvertes. Sortir vers les autres pour aller aux périphéries humaines … »

Cette réflexion du pape ne peut que nous interpeller. Elle peut aussi faire peur devant l’ampleur de la mission et des défis actuels. Aussi proposerons-nous aujourd’hui de suivre la méthode du pape et de commencer comme lui par une courte contemplation biblique de Dieu et de Jésus afin d’aller aux sources de cette sortie. Oser sortir, mais pourquoi ?

La  sortie vers l’autre n’est pas une activité de Dieu, elle fait partie de son identité profonde : c’est cela l’amour. Dans la Trinité, le Père et le Fils se donnent, s’ouvrent l’un à l’autre grâce à l’action de l’Esprit Saint. Dans la Bible, c’est Dieu qui reprend contact avec Adam après sa faute en allant à sa rencontre dans le jardin (Gen 3, 9) : Adam, où es-tu ? La dynamique de la sortie caractérise les grands personnages bibliques. Abraham accepte de partir vers une patrie inconnue (Gen 12, 1-3). Moïse obéit à l’appel de Dieu afin de libérer son peuple de l’esclavage : Va, je t’envoie (Ex 3, 10). A Jérémie, Dieu dit : Vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras (Jr 1, 7). Moïse et Jérémie expriment tous deux leur peur de ne pas être capable de parler. Alors Dieu donne à Moïse l’aide de son frère Aaron (Ex 4, 13-16), et à Jérémie le charisme de la parole (Jr 1, 9).

Jésus est l’exemple suprême de la sortie de Dieu vers nous : c’est la crèche, c’est Noël : Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous (Jn 1, 14). Tout d’abord, il est dans la nature même de Dieu de donner et se donner : il nous a donné sa création, puis le souffle de notre vie, enfin il se donne lui-même par amour pour nous. N’est-ce pas magnifique ?! Puis, Jésus transmet ce désir de se donner à ses apôtres en les envoyant en mission.  La vie de la communauté des disciples est une joie missionnaire : les 72 disciples en font l’expérience et reviennent remplis de joie vers leur maître (Lc 10, 17). Jésus partage leur sentiment et exulte en même temps qu’eux en louant le Père car sa révélation réussit à toucher toute personne : A cette heure même, il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : « Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre… ». Oser semer la parole porte donc du fruit, et il faut oser semer, même petitement. Prions :

Bénis sois-tu Dieu notre Père pour le souffle de notre vie et pour le don de ton Fils Jésus. Nous te supplions de fortifier notre foi et nos pas, afin de renouveler, en ce jour, 

notre engagement pour le service de ton Royaume, avec l’aide de Jésus notre Seigneur, amen.

Père Pascal CHANE-TENG

Chemin de Carême, le 10 mars 2014

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