Prédication disponible en format audio.

Le roi Nabuchodonosor parla ainsi : « Est-il vrai, Sidrac, Misac et Abdénago, que vous refusez de servir mes dieux et d’adorer la statue d’or que j’ai fait ériger ? » (Tonnantes paroles royales tirées du livre du prophète Daniel, au chapitre 3, verset 14).

Méditation de la Parole en ce Mercredi 6 avril 2022 – Chemin de Carême

 

L’élévation de poupées dérisoires. L’érection de statues de bois, d’or, ou de métaux précieux, représentant de faux dieux, ou des dieux dits païens, dans le but de les vénérer, c’est bien là le sens de l’idolâtrie que l’on trouve dans maintes pages de la Bible. Mais vite, des prophètes déclareront l’impuissance des faux dieux et l’unicité de Dieu.

Entendons Isaïe au deuxième livre de son opus prophétique : 

« Avant moi aucun Dieu n’a été formé et après moi il n’y en aura pas. Moi, c’est moi Yahvé. Et en dehors de moi, il n’y a pas de sauveur […] Et moi, je suis Dieu, de toute éternité je le suis. »*

Bravache, Jérémie en vient à balayer d’un revers de manche toute peur à leur égard :

« Comme un épouvantail dans un champ de concombres, ils ne parlent pas ; il faut les porter car ils ne marchent pas ! N’en ayez pas peur : ils ne peuvent faire de mal, et de bien, pas davantage. »**

Mais ne sommes-nous pas, en ce monde, quelque part, des adorateurs des « veaux d’or » que nous nous forgeons ? Un peu comme des « verseurs d’artefacts dans la mer de nos psychismes inconscients », selon le mot célèbre de Claude Lévi-Strauss.***  N’en est-il pas ainsi quand nous érigeons en idoles (des stades ou des foules) nos champions de sport,  nos stars et starlettes de cinéma, des artistes flamboyants, d’incontournables vedettes de la télévision ? Sans honte bue souvent, nous portons sur eux un regard de fascination… Certains même seraient prêts, prêtes, à s’incliner bien bas devant eux pour leur montrer une admiration sans borne.

Pourtant, ceux que nous considérons comme des héros, des modèles à suivre ou des exemples de perfection (!) sont sûrement bourrés de défauts comme tout le monde, non ? Et s’il n’y avait seulement que des personnes au panthéon de notre admiration : nous voyageons quotidiennement avec nos téléphones et nos tablettes dont nous sommes devenus normativement indépendants, entièrement addicts. Ai-je besoin d’évoquer les possessions que nous accumulons à outrance, notre souci de perfection, du confort, et ce bien-être indolent auxquels nous tenons, et ce, au prix de tant d’efforts ?

Frères et sœurs en Christ, dans notre jardin de méditation ce matin, puis-je me faire une petite voix amie ? A l’horloge du temps, notre moment de Carême nous fait converger à pas comptés vers le dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur. C’est dire qu’il nous reste encore  du temps pour réfléchir et prendre conscience que toutes ces idoles lovées dans nos vies sont en quelque sorte plus importantes que notre relation à Dieu. Il n’est sans doute pas nécessaire de les renier toutes, mais auxquelles d’entre elles pourrions-nous renoncer pour dégager cet espace de liberté qui favoriserait une meilleure intimité avec le Seigneur ?

Pourquoi hésiter à livrer « l’enveloppe chrétienne de nos vies » (Saint Jean XXIII) à un abandon total dans les seuls bras du Père et du Fils, à la manière de saint Paul dans cette admirable confession aux Galates ? :

«Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. »****

Enfants de Dieu, nous le sommes ! Enfants de Dieu, nous le restons ! Alors, soyons capables d’arbitrer nos choix entre ce qui est essentiel et futile, entre ce qui nous éloigne de lui ou ce qui nous en rapproche. Prions ensemble notre Dieu qui n’est pas indifférent au monde et aux êtres qu’il a créés. Remercions le Vigilant, qui regarde, écoute et intervient dans l’histoire de notre humanité :

« Je lève les yeux vers les montagnes :

Mon secours, d’où viendra-t-il ?

Le secours me vient de Yahvé

Qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il ne laisse chanceler son pied !

Qu’il ne dorme ton gardien !

Vois, il ne dort ni ne sommeille,

Le gardien d’Israël. »*****

 

Bonne montée vers la Pâque du Ressuscité, chers amis. Que les méditations de notre équipe vous aident à vivre et grandir dans la Foi, l’Espérance et la Charité. Et que, toujours, nous puissions saintement et tout uniment affirmer :  

« L’amour pour Dieu seul, considéré en lui-même et sans aucun mélange de motif intéressé, ni de crainte, ni d’espérance, est le pur amour ou la parfaite charité. » ******

 

*Isaïe 43, 12, 13

** Jérémie 10, 5

*** Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, Plon, 1955

**** Galates, 2, 20

***** Psaume 121

****** Fénelon, Maximes des saints

 

Le Mercredi de la 5ème semaine de Carême – 6 avril- Jean-Marie Armand, Diacre permanent

Votre email ne sera pas publié. Les champs obligatoires sont marqués *

*