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« En famille, avec Jésus, vivons la Miséricorde » 

Quatrième étape : Membres de la grande famille humaine, disciples de Jésus, ayons à cœur de vivre la Miséricorde dans nos propres familles respectives…

Nous avons vu que le Dieu Unique (Dt 6,4 ; Jn 5,44), le Dieu Famille éternelle, Père, Fils et Saint Esprit, unis l’un à l’autre dans l’unité d’un même Esprit (Jn 10,30 ; Ep 4,3 ; 2Co 13,13), d’une même Lumière (1Jn 1,5), d’un même Amour (1Jn 4,8.16), a voulu créer une humanité famille pour qu’elle soit elle aussi « à son image et ressemblance » (Gn 1,26), c’est-à-dire une comme ils sont un, dans la communion d’un même Esprit… « Père, qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,22)…

Mais cette expression « image et ressemblance » s’applique également à chaque homme, chaque femme créé(e) « à l’image et ressemblance de Dieu », et s’exprimer ainsi dans la Bible est caractéristique de la notion de paternité : Dieu est Père de tout homme. Tout homme est son enfant… Et avec St Paul, nous prenons conscience que nous avons tous été appelés à « reproduire l’image du Fils » (Rm 8,29), « né du Père avant tous les siècles, engendré non pas créé »… Or le Père engendre le Fils en se donnant tout entier à Lui, en lui donnant tout ce qu’il est. Le Père est Dieu ? Le Fils est alors « Dieu né de Dieu ». Le Père « est Lumière » (1Jn 1,5 ; Jc 1,17) : le Fils est alors « Lumière née de la Lumière ». Mais, nous dit St Jean, si « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), il est aussi « Esprit » (Jn 4,24). Le Père engendre donc le Fils en lui donnant, de toute éternité, la Plénitude de son Esprit. Et le Fils, envoyé par le Père, est venu nous rejoindre dans notre condition humaine pour nous inviter à nous tourner avec Lui de tout cœur vers le Père (Mc 1,15 ; Mt 4,17 ; Jn 1,18). Si nous consentons à répondre à son appel, si nous nous détournons du mal et du péché, grâce à sa Miséricorde et à son aide continuelle, nous pourrons alos recevoir nous aussi ce que Lui reçoit du Père de toute éternité : le Don de l’Esprit Saint par lequel il est engendré en Fils. Et ce Don de l’Esprit nous engendrera à notre tour en fils, « à l’image du Fils » (Rm 8,29)… « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est Esprit » (Jn 3,6)… « Vous êtes tous alors fils de Dieu », écrit St Paul, « par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3,26-28), « tous un » « à l’image et ressemblance » du « Dieu Unique » (Jn 5,44), Père, Fils et Saint Esprit, « un » dans la communion d’un même Amour, d’une même Lumière, d’une même Vie (Jn 10,30 ; 17,20-23)… Et il poursuit : « Quand est venu l’accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme (…) pour qu’il nous soit donné d’être des fils (…). Fils, vous l’êtes bien : Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba – Père ! Tu n’es donc plus esclave mais fils » car « tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. » « Et comme fils, tu es aussi héritier », « héritier de Dieu et cohéritier du Christ », et tout cela, « c’est l’œuvre de Dieu » (Ga 4,4-7 ; Rm 8,14-17).

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Or, si cet Esprit de Dieu est reçu en vérité, vérité d’un cœur qui se repent, reconnaît pécheur et offre tout au « Dieu riche en Miséricorde » (Ep 2,4), il ne peut qu’apporter avec lui une Force pour Aimer. En effet, « l’Esprit que Dieu nous a donné est un Esprit de Force, d’Amour et de maîtrise de soi » (2Tm 1,7 ; Ac 1,8). Avec lui, « l’Amour de Dieu », l’Amour avec lequel Dieu nous aime, « a été versé dans nos cœurs » (Rm 5,5). Si cet Esprit d’Amour et de Miséricorde a été reçu en vérité, nous en serons bien sûr les premiers bénéficiaires en pécheurs pardonnés et soutenus dans notre faiblesse, et il ne pourra aussi que nous entraîner à vivre l’amour et la miséricorde envers tous ceux et celles qui nous entourent…

 

Or, dans une famille, le noyau de toute famille est bien le père et la mère, un homme et une femme qui se sont aimés, et qui, en s’unissant, ont donné la vie… Si cet Amour est authentique, il vient de Dieu car c’est justement le projet de Dieu : que l’homme et la femme soient féconds dans l’Amour : « Soyez féconds, multipliez vous, remplissez la terre et soumettez là »… Et souvenons-nous de ce récit imagé de la création de la femme : « Alors le Seigneur Dieu fit tomber une torpeur sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, le Seigneur Dieu façonna une femme et l’amena à l’homme. Alors celui-ci s’écria : Pour le coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée femme (Ishah en hébreu), car elle fut tirée de l’homme (Ish en hébreu), celle-ci ! C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair » (Gn 2,21-24).

En reprenant le langage de St Paul pour l’Eglise, on pourrait dire : « ils deviennent un seul Corps ». En effet, St Paul écrit en parlant de la communauté des disciples de Jésus : « Nous ne formons qu’un seul Corps dans le Christ » (Rm 12,5), au sens où nous sommes tous unis les uns aux autres et au Christ dans la communion d’un même Esprit, cet Esprit que le Fils reçoit du Père de toute éternité, un Esprit qu’il est venu nous communiquer au Nom de son Père : « Recevez l’Esprit Saint », dit-il, Ressuscité, à ses disciples (Jn 20,22). St Paul écrit ainsi : « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés pour former un seul Corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit » (1Co 12,13). L’homme et la femme, tous les deux « remplis de l’Esprit Saint », pour reprendre une expression de St Luc (Elisabeth en Lc 1,41, et son mari Zacharie en Lc 1,67 et… leur enfant Jean-Baptiste en Lc 1,15) sont ainsi appelés à « devenir une seule chair » en vivant ce Mystère de communion dans l’unité d’un même Esprit, l’Esprit d’Amour, de Miséricorde et de Tendresse… « L’amour de Dieu », l’amour avec lequel Dieu nous aime, « a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). « Le fruit de l’Esprit est donc amour, joie, paix » (Ga 5,22). L’homme est ainsi invité à aimer sa femme grâce à cet Esprit d’Amour et de Miséricorde qui ne cesse de lui être communiqué par le Dieu d’Amour et de Miséricorde : «  Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée. C’est de la même façon que les maris doivent aimer leur femme : comme leur propre corps ». En effet, nous l’avons vu avec le Livre de la Genèse, l’homme et la femme sont appelés à « devenir une seule chair », soit, pour reprendre l’expression de St Paul, « un seul corps », tout comme le Christ et l’Eglise forment un seul Corps dans l’unité d’un même Esprit… Et c’est bien cette comparaison qui est le fondement du raisonnement de St Paul dans ce texte de sa Lettre aux Ephésiens que nous lisons en ce moment. « Celui qui aime sa femme », poursuit-il « s’aime soi-même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église. Pour en revenir à vous, chacun doit aimer sa propre femme comme lui-même » (Ep 5,25-33).

L’homme est ainsi invité à aimer sa femme de cet Esprit d’Amour et de Miséricorde qu’il ne cesse de recevoir pour lui-même et pour son salut en pécheur pardonné, mais en pécheur infiniment aimé par « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3). Cet Esprit d’Amour et de Miséricorde est le même que le Fils reçoit du Père de toute éternité, un Esprit qui l’engendre en Fils, « en Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière ». Et puisque « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), le Père est Amour, et le Fils lui aussi est Amour. Et cet Amour s’est pleinement manifesté notamment dans l’épisode du lavement des pieds où le Fils, par amour, s’est mis aux pieds de ses disciples pour les leur laver en signe de ce service qu’il ne cesse de vouloir mettre en œuvre pour tout homme, pour son seul bien, pour sa plénitude, pour sa vie et sa joie éternelle… « Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. Au cours d’un repas (…), sachant que le Père lui avait tout remis entre les mains et qu’il était venu de Dieu et qu’il s’en allait vers Dieu, il se lève de table, dépose ses vêtements, et prenant un linge, il s’en ceignit. Puis il met de l’eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (Jn 13,1-5)… Ce geste préfigurait le don de sa vie, où Jésus va déposer ses vêtements et mourir sur une croix, pour le seul bien de tous les hommes… « Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle »…

Et la femme est invitée, bien sûr, à aimer son mari du même amour, dans la même foi… Chacun est alors invité dans l’amour à s’obéir mutuellement, ce que St Paul appelle, pour tout chrétien, l’obéissance de la foi (Rm 1,5 ; 16,26). Or, dans l’amour, on ne peut que rechercher le bien de celui, de celle qu’on aime… Obéir à celui ou celle qui vous aime, c’est alors accepter de recevoir ce bien qu’il veut mettre en œuvre pour celui ou celle qui l’aime. Ainsi en est-il de notre relation avec Dieu. Dieu est Amour ? Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même, une expression à comprendre littéralement pour Dieu qui, par Amour, ne cesse de donner ce qu’Il Est Lui-même de toute éternité : le don de l’Esprit Saint… Obéir à Dieu sera donc avant toute chose accepter de recevoir ce Don gratuit de l’Amour… Voilà donc l’obéissance mutuelle que l’homme et la femme sont invités à vivre, chacun recherchant le seul bien de l’autre… « Vous qui craignez le Christ, soumettez vous les uns aux autres », obéissez-vous mutuellement les uns aux autres, comme l’Eglise obéit au Christ, Lui qui ne cesse d’être à ses pieds pour les lui laver… C’est en ce sens que St Paul écrit : « Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur. Car le mari est le chef de la femme, tout comme le Christ est le chef de l’Eglise, lui le Sauveur de son Corps » (Ep 5,21-23), Lui qui s’est donné tout entier pour le seul bien de tous les hommes qu’il aime… En effet, pour le Christ, « être chef », « être roi », « régner », c’est servir par amour. Avec Lui, c’est l’Amour qui est Roi… « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,24‑27)…

Cet Esprit d’Amour, reçu dans la foi, sera donc le ciment qui unira l’homme et la femme, le mari et son épouse… L’homme aimera sa femme en vivant avec elle du Don qui lui est fait, le Don de l’Esprit d’Amour et de Miséricorde, la femme aimera son mari en vivant avec lui le Don qui lui est fait, le Don de l’Esprit d’Amour et de Miséricorde.

Et il en sera de même des parents vis-à-vis de leurs enfants, et des enfants vis à vis de leurs parents… St Paul reprend alors cette notion d’obéissance dans la foi, obéissance à Celui qui vous aime et ne cesse de rechercher votre bien. Cette obéissance devient alors accueil d’un bien… « Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur : cela est juste. Honore ton père et ta mère, tel est le premier commandement auquel soit attachée une promesse : pour que tu t’en trouves bien et jouisses d’une longue vie sur la terre. Et vous, parents, n’exaspérez pas vos enfants, mais usez, en les éduquant, de corrections et de semonces qui s’inspirent du Seigneur » (Ep 6,1-4), Lui qui est « doux et humble de cœur » (Mt 11,29), « riche en patience, en bonté » (Rm 2,4) et « en miséricorde » (Ep 2,4 ; 3,8). « Enfants, obéissez donc en tout à vos parents, c’est cela qui est beau dans le Seigneur. Parents, n’exaspérez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se découragent » (Col 3,20-21).

 

Tous remplis de l’Esprit Saint, tous vivants de l’Esprit Saint, un Esprit d’Amour et de Miséricorde accueilli jour après jour par la prière, « vivez dans la prière, priez en tout temps dans l’Esprit » (Ep 6,18), la famille parents-enfants sera alors à l’image de l’Eglise « Corps du Christ » : un Mystère de Communion dans l’unité d’un même Esprit, un Mystère offert gratuitement, par amour, par le Dieu Créateur et Père à l’humanité tout entière, pour son seul bien, pour son vrai bonheur…

Diacre Jacques Fournier

Fête de la Miséricorde, Dimanche 12 avril

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