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L’évangile d’aujourd’hui, selon Luc (11,29-32), fait référence au prophète Jonas : « A cette génération il ne sera donné que le signe de Jonas le prophète ».

L’évangile d’hier 28 février, selon Mathieu (6,7-15), présente la prière du « Notre Père » donnée aux disciples qui demandaient à Jésus comment prier.

Alors comment passer d’un jour à l’autre, d’une prière d’espérance à une déclaration aussi surprenante et implacable.

En se replaçant dans la chronologie de l’évangile de Luc, celui-ci indique comme Mathieu l’épisode du Don de la prière du « Notre Père » aux disciples. Il poursuit sur la nécessaire demande des hommes à DIEU du Don de l’Esprit Saint, qui peut même sembler à regard humain insistante, dérangeante et inopportune, mais pas au regard de Dieu.

Puis vient la guérison d’un homme muet et c’est suite à cet événement, qui déclenchait chez certains la mise à l’épreuve de Jésus en « cherchant à obtenir de lui un signe venant du ciel », qu’intervient ce verset de l’évangile.

Dans ce contexte, Jésus fait référence à la première lecture du livre de Jonas (3,1-10). Cette mémoire est importante car elle rappelle la réponse des Ninivites à l’annonce d’un prophète parcourant « très rapidement » l’immense ville païenne de Ninive.

Point de miracle mais une simple annonce, sans espérance : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite ! ». A la lecture du livre de Jonas, prophète visiblement peu enthousiaste – il a d’abord fui sa mission puis exprimé peu de joie au salut accordé par Dieu aux Ninivites -, on constate pourtant que Dieu, par cette annonce du prophète, a su convertir une grande foule, sans miracle ni promesse ! Seul Dieu peu imaginer cela.

L’important est donc dans la réponse apportée par les hommes à la présence de Dieu parmi eux. Dans le cas des Ninivites, il est indiqué que les gens de Ninive crurent en Dieu, ils annoncèrent un jeûne et tous, du plus petit au plus grand, se vêtirent de toile à sac. Le roi de Ninive l’apprenant fit de même et s’assit sur la cendre. Dieu voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, renonça au châtiment dont il les avait menacés.

Alors, pourquoi Jésus a-t-il des mots aussi durs pour la génération qu’il rencontre, et comment en tirer une voie d’espérance ? Bien sûr Jésus ne dit pas ces mots à la légère, il semble donc parler à un peuple à la nuque raide, à des gens rebelles à la conversion et qui n’accueillent pas la présence du Fils de Dieu (bien plus que Jonas) au milieu d’eux.

Cette période de carême, qui a débuté par le mercredi des cendres, doit donc nous rappeler l’attitude humble des Ninivites, Jésus précise même qu’ils se lèveront lors du jugement de cette génération mauvaise et la condamneront. Il semble possible d’extrapoler cela à toutes les générations mauvaises.

9 janvier 2013 : Illustration sur le carême. Du pain, un verre d’eau et une bible ouverte, Paris (75), france
January 9, 2013: Period of lent. Bread, a glass of water and an open bible, Paris (75), France.

La période de carême est donc une période de jeûne, de prière et de pénitence. Quelle attention portons-nous à cela ? En temps que chrétien, y répondons-nous ainsi :

« Oui, bien sûr, mais quand même c’était pour avant, maintenant le confort, la liberté, la facilité ont changé notre société, c’est une autre époque ? »

Pour Dieu, qu’est-ce qui a changé ? Nous ne pouvons pas y répondre à sa place, mais nous pouvons nous questionner cependant :

« Sommes-nous une génération prompte à rechercher les miracles, les réponses spectaculaires et immédiates en oubliant que la Croix portée comme le Christ est un long chemin de patience et de persévérance, d’abandon et d’amour révélé dans l’épreuve ? ». Bien sûr des signes il y en aura, mais ceux qui proviennent de la grâce se manifestent le plus souvent par une paix infuse et douce, la prévenance de Dieu se veut bien souvent discrète et intime.

La souffrance et les épreuves, les nôtres mais aussi et surtout celles de nos proches nous font espérer toujours une réponse rapide, spectaculaire et par des moyens et des intervenants parfois douteux, mêlant l’apparent bon avec le mauvais, et il convient de discerner la présence de Dieu des pratiques magiques déguisées qui pullulent à notre époque. Ce discernement ne peut passer que par un chemin de prière, de lecture de la parole de Dieu et de sanctification personnelle, non de recherche isolée et opportune de spectacle spectaculaire ou de guérisseurs. Le salut de Dieu vient bien par Jésus mais c’est la Foi qui sauve.

Pour les pèlerins que nous sommes, de passage dans une époque tourmentée ou les critères de la société prônent une existence autonome sans Dieu, niant le plus possible son existence, cet évangile semble nous ramener au temps des Ninivites, et donc à répondre de la façon qui plait à Dieu :

  • La repentance et la prise de conscience de notre état spirituel (à la lecture des évangiles et non selon les critères de la société bien sûr)
  • La prière confiante vers un Dieu de Miséricorde, la seule crainte devant être d’offenser Dieu
  • Le jeûne adapté à la situation particulière de chacun, pourvu qu’il soit sincère et discret.

Tout cela ne peut s’envisager que dans la lecture régulière (si possible quotidienne) de la parole de Dieu qui est nourriture spirituelle, méditée dans la chambre intérieure de notre cœur.
Nous pouvons évoquer cette phrase de Pierre Chrysologue, à méditer : « La prière frappe à la porte, le jeûne obtient, la miséricorde reçoit ». Quel beau programme de carême pour « porter sa croix pour trouver l’Amour et la Joie ! »

Sans nul doute un tel programme aura pour effet de nous faire comprendre la pauvreté qui plait à Dieu : cela veut dire limiter nos appétits, nos égoïsmes, avoir faim dans le sens de ne pas être repus ou ragoulés et revêtus d’humilité pour nous rapprocher de nos frères les plus affaiblis ou rejetés.

En conclusion, que tirer d’un évangile aussi implacable en ce temps de carême ?

Tout d’abord, il ne semble pas possible de se soustraire à un exercice de Vérité sur nos situations personnelles :

  • Sommes-nous des chrétiens « arrivés » ? Si les réponses nous poussent à l’orgueil et au pharisianisme, il y a urgence à la conversion.
  • Avons-nous un cœur plus païen que Chrétien ? : Courage, les Ninivites ont été convertis, ils ont accepté Dieu dans leur Vie. Imitons-les et n’ayons pas peur, les conversions les plus inattendues et inespérées sont celles qui comblent le plus le Père de l’Enfant Prodigue, et souvenons-nous qu’il y a plus de Joie au ciel pour un pêcheur qui se repend que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance (Luc 15 :7)

Plus que jamais, avec Jésus à nos côtés jusqu’à la fin des temps, il devient raisonnable d’espérer contre toute espérance, puisque Dieu semble lui-même, comme pour les Ninivites, espérer notre espérance, exprimée dans l’humilité et la repentance, et manifestée pour notre époque dans la Foi du Salut en son Fils Jésus Christ.

Mercredi de la 1ere semaine de Carême – 1er mars 2023 –Patrick pour la Fraternité Lataste.

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