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Cette ouverture à l’espérance que Dieu réalise dès le commencement du monde se reproduit à de multiples reprises dans l’histoire. Et cela semble même être une sorte de signature divine. Dieu « ouvre », et il « ouvre » quand tout semble tout à fait perdu.

Abraham et Sarah sont face à un dilemme inextricable, âgés et stériles (de surcroît !), Dieu leur a pourtant promis une descendance innombrable[1]. Ils ne saisissent pas bien ce que Dieu veut leur dire, et il tente de différentes manières de palier à cela. En reconnaissant Loth[2] (le neveu) comme héritier, et Dieu dit non ! Et puis en enfantant Ismaël[3] avec la servante Agar : « – Toujours pas, Abraham, tu ne comprends pas. C’est de Sarah que tu auras un fils ». [4] Et finalement, 25 ans après la promesse faite, le Seigneur rend visite au berger nomade et à sa femme, sous un chêne, celui de Mambré[5]. Et il annonce que ça y est, il est venu le temps de la promesse. Dieu a « ouvert » les entrailles de Sarah. C’est en « visitant »[6] Sarah que Dieu agit et ouvre ce qui avant été fermé. La Parole se réalise enfin, Abraham et Sarah ont enfin une descendance, c’est un tout autre avenir qui se profile pour eux. D’autant que cet avenir n’aura rien de banal, puisque cette naissance fait d’eux les parents d’un peuple entier.

Restons attentif à cela. D’une situation qui semblait sans issue, dans laquelle Abraham cherche des petites solutions, des anesthésies locales, Dieu donne une solution, qu’il avait d’ailleurs annoncé depuis le début. Et cela se réalise quand Abram devient Abraham (nouveau nom que lui donne Dieu), il devient « père d’une multitude » (signification de « Abraham »). Tout cela advient quand ce nomade accepte véritablement de garder espérance dans le Seigneur, qui jusque-là ne l’avait même pas trahit. La situation sans issue en trouve une quand Abraham et Sarah acceptent cette espérance, quand ils finissent par s’en remettre vraiment à la Parole qui leur a été dites, quand ils passent par « l’ouverture ».

Il me semble bien que ce passage du livre de la Genèse est un excellent antidote contre la désespérance. N’oublions jamais que pour faire tout un peuple, duquel il fera naître son Messie Sauveur, Adonaï va chercher deux vieux stériles…ça ne se présenté par sous les meilleurs hospices, tout comme pour faire un monde, reflet de sa beauté, Dieu prend du « rien »…Dieu peut faire cela, Dieu veut faire cela. Dieu veut faire de la stérilité de nos vies un peuple fécond qui chante ses louanges. Dieu veut nous « visiter » et ainsi ouvrir la matrice de notre cœur pour qu’il puisse porter du fruit et en porter en abondance. Mais si nous n’espérons pas en lui, tout restera bloqué et fermé. Si nous cherchons des petites solutions transitoires, éphémères, qui ne font que tenter de palier, Dieu ne pourra pas faire. En adoptant son neveu, ou en allant vers sa servante, Abraham fait du connu, il se rassure et croit peut être même accomplir cette promesse. Mais l’espérance c’est plus que cela. C’est prendre Dieu au mot, c’est vraiment espérer qu’il peut nous donner, ce qu’il a vraiment promis : la joie éternelle. C’est ce que fini par dire Sarah : « Dieu m’a donné l’occasion de rire : quiconque l’apprendra rira à mon sujet[7].» Ce rire ne semble plus être celui de la moquerie ou du doute comme lors de la rencontre à Mambré[8], mais bien celui de la joie qui irradie de la réalisation de la promesse. C’est un jolie jeu de mots que fait la matriarche d’Israël, puisque le nom de son fils Isaac signifie justement : « il rit » !

Voilà bien un beau modèle : après bien des tribulations, ce couple parvient à entrer dans l’espérance et cela fera toute leur joie !

[1] Cf. Gn 15.

[2] Cf. Gn 15.

[3] Cf. Gn 16.

[4] Cf. Gn 17. 18-19 :” Et il dit à Dieu : « Accorde-moi seulement qu’Ismaël vive sous ton regard ! » Mais Dieu reprit : « Oui, vraiment, ta femme Sara va t’enfanter un fils, tu lui donneras le nom d’Isaac. J’établirai mon alliance avec lui, comme une alliance éternelle avec sa descendance après lui.”

[5] Cf. Gn 18.1-15.

[6] Cf. Gn 21.1.

[7] Gn 21.6.

[8] Cf. Gn 18.12-15.

Mardi Saint – 12 avril 2022 – Fr. Etienne HARANT, o.p.

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