Prédication disponible en format audio.


Nous terminons les méditations de cette 1ère semaine de carême sur le thème de la rencontre entre le catholicisme et les religions non-chrétiennes abordée hier. Oui, l’interreligieux appartient à l’une de ces périphéries citées le pape François (§§ 250-254),  entre peur et confiance. Mais c’est là où l’exemple du Christ nous inspire : l’Evangile nous le montre aller à la rencontre de toute type de personne, c’est son charisme. L’actualité internationale nous porte parfois au pessimisme. Mais notre tradition spirituelle nous pousse au discernement : repérer l’action du mal ou de Dieu, ne pas mettre tout le monde dans le même panier, garder le cœur ouvert, bref discerner afin de trouver « purification et enrichissement » (§250). C’est ce qu’illustre l’histoire véridique suivante vécue en Turquie, dont l’histoire contemporaine laïque n’est pas spécialement favorable aux chrétiens, notamment orthodoxes. Mais ce qui est arrivé au père jésuite Thomas Michel nous laisse plus que songeur.

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            « J’avais été invité à enseigner une introduction à la théologie chrétienne à la faculté théologique de la ville de Konya, la ville du célèbre poète sufi Rumi. J’ai loué un appartement dans un quartier populaire, puis ayant fait progressivement connaissance avec le voisinage, on m’a surnommé « le moine chrétien ». Un après-midi, en rentrant chez moi, je trouve un homme assis sur les escaliers en face de mon appartement, qui me dit : « Ma femme était passée par là, mais elle a trouvé votre porte fermée. » Je lui répondis que je ferme habituellement ma porte lorsque je ne suis pas. Il réplique : « Ne t’en soucie pas, les femmes du voisinage sont toujours dans les parages, et elles auraient su si quelqu’un avait cherché à entrer chez toi. Donc, inutile de fermer ta porte ! » J’obéis dès le lendemain afin de m’intégrer parmi eux. Ainsi, à mon retour, je trouvais souvent un petit plat cuisiné sur ma table, mes vêtements lavés et repassés, les draps changés. Sans jamais voir ni le visage ni les doigts de fée qui prenaient autant soin de moi.

Cela a duré six mois. Arrive la fin de mon séjour et le temps de retourner chez mes frères jésuites à Rome. A l’un des voisins, je lui formule ma demande de pouvoir remercier personnellement les femmes pour leur générosité. Il me répond : « Tu ne peux pas les rencontrer. Elles ne le font pas pour toi, mais pour Dieu, et Dieu qui voit tout ce que nous faisons, les récompensera. Le Coran nous enseigne que les moines représentent une des causes de l’amitié entre chrétiens et musulmans. Il est donc de notre devoir de les traiter avec gentillesse. » A moi, l’étranger au milieu d’eux, ces femmes m’ont appris qu’une vie partagée entre croyants de Dieu peut revêtir des formes très variées. Elles m’ont résumé de façon admirable le sermon du Christ sur la montagne, les Béatitudes : sois charitable, que ta main gauche ne se sache pas ce que fait ta main droite (Mt 6, 3)».

Prions :

En ce début de Carême, ouvre-nous à la même charité Seigneur :

charité de cœur, de corps et d’esprit.

Mets en nos âmes ta paix afin de pouvoir mieux t’écouter et te servir. Amen.

Père Pascal CHANE-TENG

Chemin de Carême, le 15 mars 2014

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