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En ce temps de l’Avent, Jésus nous avertit dans l’Évangile : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées » (Évangile selon saint Luc 21, 25-26).

La Compagnie de Jésus et le diocèse de Rome dont le pape François est évêque, ont pris l’heureuse initiative de mettre en lumière la vie et l’œuvre du père Pedro Arrupe, qui fut général de la Compagnie de Jésus.

Le pape a bien connu le père Pedro Arrupe qui le nomma maître des novices et provincial des jésuites en Argentine. La foi, l’audace apostolique et la miséricorde du père Arrupe ont marqué profondément la spiritualité du pape François et de nombreux chrétiens.

Le père Pedro Arrupe était au Japon lors de l’explosion de la bombe atomique d’Hiroshima le 6 août 1945. Médecin de formation, il se consacra au soin des victimes.

Né à Bilbao en Espagne, le père Arrupe fit des études de médecine à Madrid. Ordonné prêtre, il exerça son ministère comme aumônier de prison aux États-Unis auprès des hispanophones. Expérience de miséricorde où il discerna l’amour de Dieu présent dans la personne de chaque détenu et la capacité de chaque condamné à croire et à aimer.

Envoyé au Japon, il connut lui-même la prison à cause de sa foi. Cette épreuve le rapprocha de Jésus dans sa Passion. Sa dévotion au Sacré-Cœur conduisait le père Arrupe au mystère du Salut, au « moi central et profond du Christ » qu’il contemplait dans le silence de la prière et au cœur des événements.

Saint Thomas d’Aquin voit dans le Cœur transpercé de Jésus d’où jaillissent l’eau et le sang, symboles des sacrements du baptême et de l’eucharistie, le résumé et le symbole de la Bible révélée. Quand le soldat romain transperça de sa lance le cœur de Jésus en croix, l’esprit des hommes fut ouvert à l’intelligence des Écritures. Le centurion romain s’exclama sur le Calvaire : « Vraiment cet homme était fils de Dieu » (Évangile selon saint Marc 15, 39).

Par son péché, « Adam fut chassé du Paradis dont la porte lui fut fermée mais Jésus par sa Passion a ouvert cette porte et il a appelé les exilés dans le royaume. En effet, quand le côté du Christ fut ouvert, la porte du paradis le fut aussi : par l’effusion de son sang la souillure du pécheur fut effacée[1] ».

C’est pourquoi Jésus avait dit aussi au bon larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Évangile selon saint Luc 23, 43).

De nombreux chrétiens aiment à faire mémoire du Sacré-Cœur de Jésus chaque vendredi à 15 heures, en mémoire de la mort du Christ qui ouvrit le sens des Écritures et la porte du Ciel.

Touché par la souffrance des réfugiés dans les camps, le père Pedro Arrupe a promu le Service jésuite des Réfugiés.

Par ailleurs, il aimait à dire que « Dieu travaille à long terme » à la différence des hommes pressés d’obtenir des résultats immédiats. Habité par le désir de servir toujours davantage le Seigneur selon la devise « magis » (« plus ») de la Compagnie de Jésus, le père Arrupe se dépensa sans compter pour une plus grande justice sociale dans les établissements scolaires tenus par les jésuites reprochant même aux anciens élèves leur faible amour des pauvres.

Tombé malade à la fin de sa vie, il avait gardé trois mots dans sa prière vécue dans la solitude avec Jésus : « Amen ! Fiat ! Alléluia ! »

« Amen pour aujourd’hui ! », c’est-à-dire, s’appuyer sur Dieu dans l’aventure de la foi selon l’étymologie hébraïque de ce mot qui veut dire « s’appuyer sur quelque chose de solide ». Le Christ Jésus est bien le roc et la forteresse dans les combats spirituels.

« Fiat ! » À la suite de la Vierge Marie, le père Arrupe cherchait à accomplir la volonté de Dieu dans l’instant présent : « Qu’il me soit fait selon ta parole » (Évangile selon saint Luc 1, 38).

« Alléluia pour demain ! » Le père Arrupe se demandait ce que serait le Ciel que l’œil de l’homme n’a pas vu. Il se disait que ce serait l’accomplissement final dans son dernier « Amen » au moment de la mort avant de chanter le premier « Alléluia » de son éternité. Et ces pensées de foi comblaient son âme dans l’abandon du « Fiat » de la Vierge Marie à l’Annonciation.

Il est vrai que plus une âme se rapproche de Dieu, plus elle se dépouille.

Accorde-nous, Seigneur Jésus, de prier non pas avec abondance de mots mais avec un cœur qui cherche à faire ta volonté s’appuyant sur ta grâce !

Fr. Manuel Rivero O.P.

Dominicains. Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion).

[1] Saint Thomas d’Aquin, Le credo. Introduction, traduction et notes par un moine de Fontgombault. Collection Docteur Commun. Nouvelles Éditions Latines. Paris 1969. N° 70.

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