Prédication disponible en format audio.

L’Evangile de ce mardi nous plonge dans l’expérience du pardon. D’emblée, nous demandons à Dieu sa grâce et sa force pour la vivre, surtout si nous sommes bloqués : « Pitié pour moi Seigneur dans ton amour, selon ta grande miséricorde efface mon péché, lave-moi tout entier de la faute, purifie- moi de mon offense » (Ps 50). Cette expérience est plus que sérieuse car il est souvent difficile de pardonner, comme si c’était la première fois : « Pitié pour moi Seigneur dans ton amour. » Notre cœur est ainsi fait : toujours à mettre des limites à l’amour, mais aussi capable de grandes choses. Jésus est plus grand que notre coeur et le Sang de sa Croix nous lave de tout péché, telle est notre consolation et notre foi :

« Voici qu’à présent, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix … supprimant en sa chair la haine … par la Croix, en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2, 13s.).

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Comment certains chrétiens vivent-ils ce défi ? L’interview du père Toufic Eid, curé de Maaloula, peut nous éclairer (Famille Chrétienne, n° 1936, du 21 au 27 février 2015, p. 22). Ce village de Syrie, atteint par la guerre civile actuelle, est une des rares localités où les chrétiens sont majoritaires, parlant la langue du Christ, l’araméen. En 2013, une voiture piégée explose à l’entrée du village qui n’est pourtant pas situé sur une route stratégique. Le curé comprend que les chrétiens sont visés et qu’une invasion est proche. Alors, il décide de quitter les lieux avec nombre de fidèles. Sept mois plus tard, le village est libéré par l’armée nationale aidée par d’autres militaires musulmans, le Hezbollah. Une partie de la population est revenue, dont des familles musulmanes qui avaient dû fuir aussi. Depuis, les chrétiens reconstruisent ce qui a été détruit ou pillé.

Mais le véritable défi concerne les relations avec certains voisins musulmans avec qui les chrétiens vivaient depuis des années et qui ont collaboré avec les occupants. L’enjeu est de « rester chrétien, de pardonner et ainsi d’offrir à l’autre la possibilité de conversion ». C’est « notre vocation, parce que c’est dans les ténèbres qu’il y a besoin de Lumière. Le pardon n’est pas humain, il est divin », martèle le père Toufic.

« Concrètement, il encourage ses fidèles à essayer d’aimer par de petites attentions, même si certains nous détestent … Elle est là l’héroïcité chrétienne ! … Si le pardon est divin, le père Toufic sait en revanche que la réconciliation est humaine et conditionnelle : les chrétiens n’ont jamais rendu celle-ci impossible, elle ne dépend pas d’eux. Pour se réconcilier, il faut identifier celui qui a fait le mal, et celui qui a subi le mal … Cette étape est dans les mains des musulmans du village et le curé de Maaloula ne cesse de le répéter aux responsables religieux comme aux autorités, car sans vérité, la paix est impossible. Ses fidèles pourraient partir, son rôle n’est pas de les retenir de force, mais il insiste quotidiennement sur la nécessité d’une présence chrétienne au Moyen-Orient.  »

Que le Christ nous guide dans notre démarche, prions à nouveau avec la lettre de St Paul aux Ephésiens précitée :

 

« Par sa Croix, en sa personne, Jésus a tué la haine.

Alors il est venu proclamer la paix, la paix pour vous qui étiez loin, et paix pour ceux qui étaient proches : par lui, nous avons en effet, tous deux en un seul Esprit, libre accès auprès du Père. »

 

Père Pacsal CHANE TENG

Chemin de Carême, Mardi 10  Mars 2015

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