En cette fête de la Nativité du Seigneur Jésus, la liturgie de la parole de Dieu nous offre ce texte unique et magnifique qui résume le mystère du Salut : le Prologue de saint Jean.

Dans ce message révélé à saint Jean, évangéliste symbolisé par l’aigle, tellement son regard de croyant est haut et perçant, les spécialistes de la Bible aiment à mettre en lumière le centre de ce texte : « À ceux qui ont accueilli le Verbe, Dieu a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Cf. Jn 1,12).

La naissance du Verbe fait chair, Jésus, engendre la renaissance des hommes par la foi en Lui.

À Noël, les chrétiens fêtent la naissance de Jésus. Ils fêtent aussi leur nouvelle naissance à la vie de Dieu. Les Pères de l’Église enseignent que chacun par la foi en Jésus peut renaître à une vie nouvelle, celle des enfants de Dieu.

Marie a donné naissance à Jésus par sa foi en l’annonce de l’ange Gabriel. À l’exemple de Marie qui est devenue mère de Jésus, le croyant peut engendrer Jésus dans son âme par la foi. C’est pourquoi certains auteurs chrétiens se plaisent à appeler l’âme du fidèle « Marie ». Comme Marie, l’âme qui croit en la parole de Dieu donne naissance à Jésus en son sein. Notre âme de chrétien s’appelle « Marie » !

Dans son évangile, saint Jean présente la conversation du pharisien Nicodème, autorité juive, qui est allé rencontrer Jésus dans la nuit pour ne pas être repéré. Le Maître avait dit à Nicodème : « À moins de naître d’en-haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jn 3,3). Il s’agit de « naître de l’eau et de l’Esprit » pour entrer dans le mystère de Dieu.

La naissance de Jésus à Bethléem annonce déjà sa Passion et sa résurrection.  À Bethléem il y a pauvreté, exclusion et mort des innocents. Sur le Calvaire, le Vendredi saint, Jésus sera crucifié injustement hors de la ville. Certains peintres ont placé la croix en-dessous de la paille de la crèche de Bethléem pour relier les deux événements : la pauvreté et la gloire de Bethléem d’un côté ; la souffrance et la gloire de Jérusalem de l’autre. Le mystère de la Rédemption est un : il commence dans l’Incarnation pour s’accomplir dans le mystère pascal.

Dans son génie théologique, saint Jean transforme les symboles de la mort -eau, sang et dernier soupir- en symboles de naissance : nouvelle naissance de l’eau et du Souffle Saint dans le sacrement du baptême, Sang du Christ dans l’eucharistie, don de l’Esprit-Saint à la Pentecôte.

Alors que nous parlons souvent du vieillissement de la population et de la fatigue provoquée par le stress quotidien, il est bon d’accueillir le message de rajeunissement apporté par Noël.

En réalité, il en va autrement dans la vie spirituelle que dans l’existence physique. Notre corps vieillit alors que notre esprit se renouvelle pour parvenir au difficile esprit d’enfance. Devenir enfant de Dieu suppose que nous comptions sur Dieu pour avancer dans le labyrinthe de l’existence humaine.

Pour passer de l’orgueil à la confiance en Dieu il nous faut une vie entière. Et comme le disait l’écrivain catholique Georges Bernanos dans ses « Dialogues des Carmélites » : « Le don de l’enfance est rarement donné à l’enfance. » Il nous faudra des années pour y arriver à l’image du veilleur qui traverse la nuit dans la fatigue et l’angoisse avant de se réjouir de la naissance d’un nouveau jour.

Comment dire cette vie de foi en Jésus aux enfants si présents à Noël ? Nous disons souvent « Amen » dans nos prières. « Amen » vient de l’hébreu et signifie s’appuyer sur quelque chose de solide. La foi consiste à s’appuyer sur Dieu comme un montagnard s’accroche à un arbre solide quand il craint de déraper.  La Bible parlera en ce sens de Dieu, « mon roc ». Croire est tout simplement saisir la main tendue par Jésus quand nous avons du mal à marcher ou à tenir debout. Les enfants prennent la main de leurs parents pour traverser les rues devenues dangereuses par le trafic des voitures. Jésus leur dit en leur tendant sa main: « N’aie pas peur ! Donne-moi ta main ! » Les dangers ne sont pas loin, mais l’enfant marche alors dans la paix et la lumière.

Puissions-nous conduire les enfants éblouis par les cadeaux et le papier cadeau au véritable cadeau de Noël : l’Enfant Jésus !

Puissions-nous éduquer les enfants à partager avec ceux qui sont dans le besoin, la maladie ou l’échec !

Puissions-nous vivre dans la prière de Noël l’émerveillement de l’enfant qui découvre des cadeaux arrivés de manière mystérieuse et heureuse !

Seigneur, Jésus, il est temps de renaître à ta vie divine par ton Souffle saint ! Viens à notre aide, augmente en nous la foi !

Fr. Manuel Rivero O.P.

Dominicains. Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion).

 

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