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« Elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire.. »

                 Noël est un mystère d’une simplicité déconcertante. Tout se passe donc à Bethléem, comme le livre de Michée l’avait annoncé : « Et toi, Bethléem Ephrata, petite parmi les clans de Juda. C’est de toi que sort pour moi celui qui doit gouverner Israël… C’est pourquoi il les abandonnera jusqu’au temps où aura enfanté celle qui doit enfanter ».

           Quand nous savons que Bethléem veut dire « la Maison du Pain », nous pouvons facilement imaginer Marie en train de pétrir le pain du Shabbat « de Dieu », le pain du Jour nouveau de la Résurrection, Jésus notre pain, à Bethléem dans la « maison-du-pain ».

          Les choses de la vie sont le symbole et le signe des choses de Dieu, c’est vrai : mais il faut aller plus loin. Les choses de la vie certes, nous conduisent aux choses de Dieu et nous les révèlent, mais les choses de Dieu nous révèlent encore plus le sens des petites choses de notre vie. C’est pourquoi, toute chose dans nos vies, même la plus insignifiante en apparence, est sacrée, sacralisée parce que Dieu s’en sert pour nous révéler son Visage, sa Puissance, sa Miséricorde. Le plus important pour nous qui sommes tellement aveugles, c’est de lui demander la grâce de « voir ».

          Marie, maîtresse de la maison Eglise où se fabrique le Pain du Royaume, est sur la route avec Joseph, vers Bethléem, puis dans la ville surpeuplée en cette période de recensement.  « Or, il advint, comme ils étaient là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter » (Lc 2,6). L’heure de Marie arrive, Jésus fera allusion à cette heure quand il dira : « La femme sur le point d’accoucher s’attriste parce que son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus des douleurs, elle est dans la joie qu’un homme soit venu au monde » (Jn 16,21).

          Le temps de Marie est donc venu.

          Dans l’Evangile le temps est une réalité sacralisée par la prière qui le rythme.

Quand le temps de Marie arrive, elle enfante et le Salut vient.  Quand le Seigneur semble tarder, c’est qu’il y a des pécheurs quelque part – peut-être nous – qui le font attendre et qu’Il prend patience en espérant leur prochain retour.

          C’est dans l’aujourd’hui que j’ai à recevoir le don de Dieu. C’est maintenant et ici, ni ailleurs, ni demain. La Fidélité de Dieu m’a accompagné, elle m’accompagne et elle m’accompagnera toujours. Mais, c’est aujourd’hui, maintenant, que je reçois ma vie des mains de mon Père.  Nous avons l’habitude de dire : « Mon Dieu,  demain si telle chose arrive, comment vais-je faire ? – Patience ! Demain tu auras la grâce de demain, aujourd’hui tu as la grâce d’aujourd’hui, tu n’as pas la grâce de demain. Tu ne peux pas, aujourd’hui, avoir le courage de vivre l’épreuve qui t’attend peut-être demain, mais demain Dieu seras là, alors ne t’inquiète pas. »

          Nous devons apprendre à vivre dans l’aujourd’hui, sans enjamber le temps,  sans retarder le temps. Marie n’a pas  eu un accouchement prématuré, elle n’a pas non plus prolongé ce temps si doux d’intimité avec Jésus, ce temps où Jésus était en elle ;  elle n’a pas cherché à garder Jésus. Simplement, le temps était venu, elle a mis au monde son enfant. Elle nous enseigne la simplicité par rapport au temps, par rapport à la vie, à l’accueil du don de Dieu chaque jour. En naissant, Dieu va nous révéler son Visage.

« Marie  le déposa dans une crèche. »

          Ce geste de Marie est étonnant. En cette nuit froide, elle aurait dû  garder l’enfant bien au chaud contre elle. Or, elle le dépose.  Marie, Par ce geste, offre Jésus, elle se détache de lui comme  elle va continuer à le faire à Cana. En effet,  cette crèche est le signe donné aux bergers : « Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche » (Lc 2,12). Marie ne garde pas pour elle le corps de Jésus nouveau-né, il ne lui appartient pas.

Déjà, elle le livre aux hommes. Les bergers viendront les premiers, les petits, à l’annonce de la Gloire de Dieu. 

Jésus est le Visage de la Gloire de Dieu, Marie est le Temple de la gloire de Dieu.  Ils sont là, ils sont au milieu de nous. La gloire de Dieu nous enveloppe mais elle ne nous éblouit pas, ne brûle pas nos yeux, une gloire qui s’est faite douceur à la mesure de nos yeux d’aveugles. Ainsi la gloire de Dieu illumine cette nuit.

          La réponse d’Hérode est tristement significative (Mt 2,8) : « Allez vous renseigner exactement sur l’enfant ; et quand vous l’aurez trouvé, avisez-moi afin que j’aille, moi aussi, lui rendre hommage ».

          Que disons-nous, parfois : « Allez voir, puis vous reviendrez nous dire… » Nous pratiquons si facilement la Foi par personne interposée ! La Foi indique toujours une mise en route dans la nuit. « Venez et voyez » dira Jésus aux premiers disciples. Il faut « venir » pour « voir » et non voir pour venir. Il y a un risque, les mages l’ont pris. Ils sont repartis dans la nuit, se fiant à la Parole reçue. Et voilà que l’étoile réapparaît et les devance à nouveau. « La vue de l’astre les emplit d’une très grande joie »…

          Alors, ils trouvent Dieu, l’adorent et lui offrent ce qu’ils ont et ce qu’ils sont. « Ils virent l’enfant avec Marie, sa mère ». Ils reçoivent Jésus des mains de Marie. Telle est leur Foi, tel est souvent le cheminement de la nôtre.

          Les évènements vont se succéder : le Nom donné à Jésus qui signifie « Dieu sauve », la fuite en Egypte, le massacre des innocents, prémices du massacre du Seul innocent.  Imaginons-nous ce que cela a dû être pour Marie ?

          Elle part dans l’obéissance à Joseph car c’est Joseph qui reçoit le message de Dieu et c’est lui qui les emmène en Egypte. Marie ne dis pas : « Dieu protègera mon enfant, ce n’est pas la peine de prendre des précautions. » Sa Foi n’a rien de présomptueux. Marie ne tente pas Dieu, elle fuit et pourtant, elle sait qu’ils sont dans la main de Dieu.

          De s’être livrée à la volonté de Dieu dans la Foi ne simplifie pas la vie de Marie, c’est le moins qu’on puisse dire… Aïn Karem chez Elisabeth, Bethléem, à présent l’Egypte, sans doute après être montée à Jérusalem… 

          Certains jours, la paisible maison de Nazareth doit lui sembler bien loin, et probablement bien enviable.

          Par cela, nous comprenons que toute démarche de foi est, par nature, Pèlerinage, c’est-à-dire rupture et mise en route vers l’inconnu, sans d’autre appui que la Parole de Dieu. Tel Abraham obéissant à l’appel : « Quitte ton pays et va vers le pays que je te donnerai ».

          Ainsi l’Esprit du Seigneur nous pousse-t-il en avant sans nous laisser tourner la tête. C’est dérision ou caricature de croire que la Foi va nous procurer confort et tranquillité. Marie a dû en faire le dur apprentissage mais elle nous aide à comprendre que jour après jour, nous nous approchons de l’éblouissante Rencontre.

MÉDITONS :

          POURQUOI JE T’AIME, Ô MARIE – Ste Thérèse de l’Enfant Jésus.

 

Oh ! Je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t’aime

Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur

Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême

Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur.

Si je te contemplais dans ta sublime gloire

Et surpassant l’éclat de tous les bienheureux

Que je suis ton enfant je ne pourrais le croire

O Marie, devant toi, je baisserais les yeux !…

 

Il faut pour qu’un enfant puisse chérir sa mère

Qu’elle pleure avec lui, partage ses douleurs

O Ma Mère chérie, sur la rive étrangère

Pour m’attirer à toi, que tu versas des pleurs !…

En méditant ta vie dans le saint Evangile

J’ose te regarder et m’approcher de toi

Me croire ton enfant ne m’est pas difficile

Car je te vois mortelle et souffrant comme moi…

« Je vous annonce une Bonne Nouvelle,

Qui sera une grande joie pour tout le peuple ».

 

JOYEUSE FÊTE DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR À TOUS ET À TOUTES.

Fête de la Nativité Mardi 24 décembre 2019– Noéline FOURNIER 

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