Prédication disponible en format audio.

Pierre Claverie était convaincu que sa mission en tant qu’évêque d’Oran, en Algérie, était de cultiver l’amitié avec les musulmans. C’est au nom de cette amitié qu’il s’opposa publiquement aux islamistes qui terrorisaient le pays. Il commença à recevoir des menaces de mort. Ses prêtres lui dirent qu’il fallait absolument qu’il cesse de s’exprimer ouvertement, et ses amis musulmans essayèrent de le protéger. Mais le 1^er août 1996, il trouva la mort. Après une journée passée avec le ministre français des Affaires étrangères, il revenait chez lui avec son chauffeur et jeune ami musulman, Mohammed Bouchikhi. On l’attendait. Au moment où il entrait chez lui, une bombe explosa qui les pulvérisa tous les deux, laissant leurs sangs chrétien et musulman mélangés sur le mur. A la cérémonie d’enterrement, à laquelle assistèrent une foule de musulmans, plusieurs de ses amis lui rendirent témoignage. La dernière fut une jeune musulmane qui raconta comment il l’avait ramenée à sa foi à elle, et que « Pierre était aussi l’évêque des musulmans ». Il fut enterré avec son étole favorite, qui porte les mots arabes Allah mahabban « Dieu est amour ». Aujourd’hui encore, amis musulmans et chrétiens veillent à ce que sa tombe soit couverte de fleurs. L’amour ne passe pas.

Timothy Radcliffe, ancien Maitre de l’Ordre des Prêcheurs, écrira dans son livre Au bord du Mystère :

L’année dernière, je suis allé sur la tombe de mon bien-aimé frère Pierre Claverie qui fut l’évêque d’Oran, en Algérie. On l’a assassiné parce qu’il s’opposait à la violence. Et cependant mille musulmans assistaient à ses funérailles. Peu à peu, un bourdonnement de voix s’exprimant en arabe monta de la cathédrale. Je demandais ce que disaient ces gens. Mille musulmans répétaient : « Il était aussi notre évêque. » L’acte abominable qui avait provoqué sa mort portait ce fruit inattendu. Le pardon, c’est cela.

La vie et la mort de Pierre Claverie, frère dominicain et évêque d’Oran, offrent une réponse aux signes de notre temps, caractérisés par des tensions souvent violentes entre des personnes qui vivent des fois et des croyances différentes.

L’incessante recherche de Dieu et l’appel à tous les croyants que fait Mgr. Claverie, de vivre ensemble dans la paix et dans le respect réciproque, trouvent une expression dans une existence vouée tout entière à l’annonce de sa propre foi : une longue fidélité, où son engagement en faveur du dialogue a été le centre et sa vie le prix.

Non, la parole du Frère prêcheur qu’était Pierre Claverie, cette parole tellement libre parce que tellement vraie, n’a pas achevé sa course. Elle demeurera encore longtemps semence de vie pour ses auditeurs : « Apprendre à donner et à se donner, autrement dit aimer, c’est tromper la mort qui n’aura rien à nous prendre car l’amour aura tout donné. » Les assassins n’ont rien pris à l’évêque d’Oran : il avait tout donné.

Prions :

Seigneur notre Dieu,
qui as donné au bienheureux évêque Pierre
et à ses compagnons martyrs,
la grâce de communier à la passion du Christ
en étant fidèles à l’Evangile jusqu’à la mort ;
Accorde-nous, par leur intercession,
d’être d’ardents témoins du pardon et de la paix.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui règne avec toi et le Saint-Esprit,
maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

  Méditation du Vendredi 1er décembre 2020 – Sylvia O.P.

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