Prédication disponible en format audio.

Le Christ est né. En ce jour où nous célébrons la présentation de Jésus au temple, il irradie le monde entier de sa lumière.

Cette lumière était présente chez Monseigneur Claverie, béatifié le 8 décembre 2018 à Oran en Algérie avec 18 autres martyrs assassinés au cours de la guerre civile algérienne entre 1994 et 1996 dont les moines de Tibhirine, frère Henri Vergès, des Pères Blancs et six religieuses de différentes congrégations.

 Je vous propose de cheminer ces prochains jours avec lui, faisant écho à la dernière encyclique du pape François Fratelli tutti.

Né à Bab El Oued, dans un quartier d’Alger le 8 mai 1938 dans une famille de pied-noir, Pierre a, selon ses paroles, vécu son enfance et son adolescence comme un étranger dans le pays de sa naissance. Les Arabes, disait-il, faisaient partie du décor de ses sorties mais ils n’ont jamais été des partenaires. Encore moins des frères. C’est cette déchirante prise de conscience d’avoir vécu dans une bulle, toujours selon ses mots, qui sera à l’origine de sa vocation religieuse. Dès lors, revenu en Algérie comme dominicain, plus tard aussi comme évêque d’Oran, il n’aura de cesse d’être cet « Algérien par alliance » qui ne mâche pas ses mots et ne compte pas son amour pour son pays de naissance, puis d’adoption.

À l’âge de vingt ans, il quitte Alger pour faire des études à Grenoble. Tenté par le militantisme de « l’Algérie française », il connaît une notable conversion et rentre au noviciat des dominicains de Lille. Il y rencontre des confrères ouverts et écoutants, porte sur son passé et son avenir un autre regard qui, peu à peu, lui fera reconnaître dans les Algériens des amis et des frères. Après plusieurs années passées au Saulchoir, il désire retourner en Algérie, mais autrement. « Ce n’est qu’à mon retour en Algérie, en 1967, que j’ai découvert, au-delà des terroristes, des personnes. J’ai eu, j’ai toujours des amis musulmans. »

Il raconte : Dans mon milieu social, j’ai vécu dans une bulle, ignorant l’autre, ne rencontrant l’autre que comme faisant partie du paysage ou du décor que nous avions planté dans mon existence collective. L’émergence de l’autre, la reconnaissance de l’autre, l’ajustement à l’autre sont devenus pour moi des hantises. Je me suis demandé pourquoi, durant toute mon enfance, étant chrétien, entendant des discours sur l’amour du prochain, jamais je n’avais entendu dire que l’Arabe était mon prochain.

 

Sa soif d’engagement se concrétise : il prend la responsabilité du Centre diocésain d’Alger.

 

En 1981, il est nommé évêque d’Oran. Il dira dans son homélie d’ordination : « Mes frères et amis algériens, je vous dois à vous aussi d’être ce que je suis aujourd’hui. Vous aussi vous m’avez accueilli et porté dans votre amitié. Je vous dois d’avoir découvert l’Algérie qui était pourtant mon pays, mais où j’ai vécu en étranger toute ma jeunesse. Avec vous, en apprenant l’arabe, j’ai surtout appris à parler et à comprendre le langage du cœur, celui de l’amitié fraternelle où communient les races et les religions ».

 

Il participe avec ardeur au débat social et politique et se place aux lignes de fracture, là où se forme le futur du pays, mais là aussi où la vie est en danger. Comme évêque et comme dominicain, il refuse le silence ; au contraire, il pousse la parole avec lucidité vers l’audace de la vérité. Sa vie en sera le prix.

 

Prions :

Seigneur notre Dieu,
qui as donné au bienheureux évêque Pierre
et à ses compagnons martyrs,
la grâce de communier à la passion du Christ
en étant fidèles à l’Evangile jusqu’à la mort ;
Accorde-nous, par leur intercession,
d’être d’ardents témoins du pardon et de la paix.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui règne avec toi et le Saint-Esprit,
maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen.

  Méditation du Mardi 29 décembre 2020 – Sylvia O.P.

Vous pouvez nous envoyer vos demandes de grâces et intentions de prière en répondant dans l’espace de commentaires. Elles seront recueillies et portées en intention à la messe du weekend à la Cathédrale de Saint Denis. Nous vous invitons aussi à partager cette méditation avec vos amis.

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