Dans le texte de l’Évangile qui nous est proposé ce jour, un verset a particulièrement retenu mon attention : le verset 19, où Jésus nous dit « qu’il ne peut rien faire de lui-même » et précise « qu’il fait ce qu’il a vu faire par le Père ».
Et ce verset 19 commence par « en vérité, en vérité, je vous le dis ». Et on sait que lorsque le Seigneur emploie cette expression, «amen, amen, je vous le dis », c’est qu’il a une chose particulièrement importante à nous dire et sur laquelle il veut attirer notre attention …
Et cette phrase nous rappelle l’immense abnégation, l’immense humilité de Notre Seigneur !

Mais la raison pour laquelle cette phrase a attiré mon attention, c’est que je trouve qu’elle nous renvoie à une actualité brûlante !
En effet actuellement (et tous en sont conscients) nous assistons à une « déchristianisation » de notre monde : Les chrétiens ne représentent pas plus d’un quart de la population mondiale ; et en proportion de celle-ci, ce nombre ne fait que décroître depuis plusieurs décennies !
Il est donc urgent d’aller évangéliser le monde … pour lui redonner cette espérance que, nous chrétiens, nous avons ; pour amener ce monde à rencontrer ce Seigneur et Sauveur qu’est Jésus-Christ ; et pour conduire ce monde qui est en train de mourir de soif jusqu’à cette source qu’il cherche, sans savoir où la trouver.

Mais le problème c’est que trop souvent, nous voulons évangéliser en ne nous appuyant que sur nos propres forces ! Nous oublions trop vite que nous avons besoin de la force de Dieu, de la force de l’Esprit Saint !

Si Jésus lui-même nous dit qu’il ne peut rien faire de lui-même, a fortiori chacun d’entre nous devrait prendre conscience qu’il ne peut rien faire de lui-même… et qu’il a un besoin urgent d’être guidé par cet Esprit Saint.
C’est sans doute une des raisons pour laquelle le Pape disait à la Pentecôte 2017 à Rome : « Faites connaître à tous la grâce du Baptême dans le Saint-Esprit ! »

Cette expérience spirituelle du Baptême (ou Effusion) du Saint-Esprit que beaucoup vivent dans l’Église catholique (et dans d’autres dénominations chrétiennes), depuis plusieurs dizaines d’années, son but principal, ne l’oublions pas, est de nous équiper pour l’évangélisation !
Si le Pape ose dire qu’il est important que « tous connaissent la grâce du Baptême dans le Saint-Esprit », c’est sans doute qu’il pense que cela a une réelle importance … et qu’il ne considère pas cette expérience spirituelle d’Effusion ou de Baptême du Saint-Esprit comme un gadget accessoire, juste bon pour quelques charismatiques un peu exaltés ! Au contraire il pense que les fruits de ce baptême permettront à chaque chrétien, prêtre comme laïc, d’être mieux armé, plus audacieux et plus efficace lorsqu’il s’agira d’annoncer sa parole, la Parole de Dieu.
C’est aussi en ce sens que Jésus, au début des Actes des Apôtres, invite ses disciples à demeurer à Jérusalem et leur dit qu’ils vont recevoir une puissance, celle de l’Esprit Saint et qu’alors (j’ai envie de dire : et alors seulement) ils pourront être ses témoins en Samarie, en Judée et jusqu’aux extrémités de la terre ! (Ac 1,8)

Et si Jésus lui-même nous dit qu’il ne peut rien faire si cela ne lui a pas été demandé par le Père, on comprend bien qu’il y a là une marque d’humilité extrême de sa part … et une invitation à ce que nous l’imitions.
Cet appel à l’humilité est une condition essentielle d’une bonne évangélisation où il s’agit, non pas de vouloir imposer quoi que ce soit, mais au contraire de proclamer la Parole, en sachant se mettre en retrait pour laisser le focus sur la Personne que nous annonçons.
Seigneur, merci de nous donner cet esprit d’humilité et de nous aider à accepter les cadeaux que tu nous fais, y compris cette Effusion du Saint-Esprit qui nous permettra d’être mieux armés pour participer à l’œuvre d’évangélisation de toute l’Église.

Puissions-nous aussi ne pas oublier que recevoir l’Esprit Saint, c’est pouvoir goûter à ses fruits, au premier rang desquels, nous dit Paul, en Galates 5,22, on trouve précisément cet Amour et cette Joie que nous espérons trouver lorsque nous prendrons notre croix (pour reprendre le thème de notre méditation de ce Carême) … Merci Seigneur . Amen.

Mercredi de la 4ème semaine de Carême – 22 mars 2023 – Roger Gaud Laïc