Prédication disponible en format audio.

Quelle angoisse au jardin ce matin ! Le tombeau, le tombeau ! Il est ouvert et vide ‼ Pourtant la veille au soir, tout était fermé et plus rien ne bougé. Marie Madeleine le sait, elle était là assise toute en pleure à côté[1]. Et à l’aube, alors que le soleil brille à peine, que l’on distingue à peine les ténèbres et la lumière[2], à ce moment le tombeau est ouvert…

C’est la plus grande marque d’espérance qui nous est donnée. Et toutes ces « ouvertures » que nous avons entrevues pendant cette Semaine Sainte, trouvent leur accomplissement, leur raison d’être, dans ce tombeau ouvert. De la séparation de la lumière et des ténèbres, de l’ouverture des entrailles de Sarah, en passant par la parole des prophètes face à la trahison, le pain rompu, jusqu’à la lance dans le côté, et le silence face au tombeau, tout cela tendaient mystérieusement vers cette pierre roulée dans un aurore nouveau.

Le Seigneur a ouvert un passage insoupçonné. Tel Moïse acculé devant la Mer Rouge, avec les troupes de pharaon faisant pression, le Seigneur ouvre un passage par la mer[3]. Cette mer, déjà symbole du shéol (séjour des morts[4]), fait place, se retire, pour laisser place aux vivants, aux sauvés. Et Moïse entonne le premier chant de toute la Bible, un chant de victoire, un chant de salut[5] !

Et voilà que le Seigneur recommence son œuvre, mais que dans cette nouvelle version il va encore plus loin, il accomplit les signes. L’ennemi n’est plus un souverain oriental, c’est la mort elle-même. Et le passage n’aboutit pas à une terre, mais au séjour éternel. Notre espérance, c’est que face au mur (mer ?) de la mort, Dieu ouvre un passage. Depuis ce matin, dans ce jardin près de Jérusalem, nous croyons que la mort n’est pas une fin. Nous croyons qu’il existe un chemin, nous croyons que les pierres des tombeaux peuvent s’ouvrirent et laisser sortir ceux qu’ils tenaient prisonnier.

L’espérance est donc l’assurance que Dieu n’abandonne pas, et qu’il tient parole. Nous l’avons vu dans notre parcours de cette semaine, cette fidélité de Dieu prend maintes formes. Ce matin, c’est sa forme ultime, la plus fondamentale. Dieu ne fait pas que donner un enfant à un couple qui ne peut en avoir, il donne sa vie éternelle. Cette espérance, parce qu’elle est une ouverture, change tout le reste de notre vie. On ne se comporte plus de la même manière lorsque l’on comprend et que l’on vit vraiment de cette espérance. Le moindre obstacle est remis à sa juste place, beaucoup de drames sont déchargés, et même certains soucis n’en sont plus. Il veille le Seigneur, « non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël[6]. » Nous pouvons dormir, nous endormir même dans la mort, sur nos deux oreilles, il prend soin de nous, « sur [les] remparts, [de] Jérusalem, [il a] placé des veilleurs ; ni de jour ni de nuit, jamais ils ne doivent se taire. Vous qui tenez en éveil la mémoire du Seigneur, ne prenez aucun repos[7] ! » Ces veilleurs nous donnent d’espérer. Ils guettent l’arrivée du Seigneur, l’arrivée de l’aurore, l’arrivée du jour nouveau.

Si l’espérance ouvre, ne fermons pas, ni notre cœur, ni les situations que nous vivons. Cette espérance ultime face à toutes ténèbres doit nous habiter même pour les plus petites réalités. Face à telles ou telles difficultés, nous sommes fortifié par l’espérance des sauvés. Telle ou telle situation ne peut être un mur et une fin en soi, puisque la pire de ces situations, la mort, n’en n’est plus une depuis ce matin…

[1] Cf. Mc 15.47.

[2] Ce moment où Dieu sépare les deux, les ténèbres et la lumière, cf. méditation de lundi.

[3] Cf. Ex 14.15 – 15.2.

[4] A la fin de l’Apocalypse, il n’y a plus de mer, parce qu’il n’y a plus de mort (cf. Ap 21.1). Notons que l’on retrouve la même expression mais au sujet du temps : « du temps, il n’y en aura plus » (Ap.     10.6)…

[5] Cf. Ex 15.2-18.

[6] Ps 120.4.

[7] Is 62.6.

Dimanche de Pâques – 17 avril 2022 – Fr. Etienne HARANT, o.p.

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