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Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore?

  Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance.

Rm 8, 24-25

Alors que nous vivons dans une société en mal d’espérance, Saint Paul nous ramène à une vérité à laquelle nous ne pouvons nous soustraire : c’est en espérance que nous sommes sauvés.

Quel défi dans notre monde d’aujourd’hui !

Découragement, démotivation, ou au contraire, fuite en avant, activisme, zapping, le manque d’espérance conditionne notre manière de vivre. Nous entrons dans un mode de vie centré sur le « culte de l’immédiateté ».

Saint Paul le disait déjà : « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourons »(1 Co 15.32).

Notre monde peut nous entraîner dans une situation où il est de plus en plus difficile d’espérer.

Pourtant nous tenons bons et déclarons souvent : j’espère ….

Dans le langage courant, l’espérance porte sur quelque chose de possible, incertaine mais possible : J’espère qu’il guérira, j’espère que je décrocherai ce job, j’espère pouvoir lui pardonner…

Or Saint Paul nous dit « l’espérance qu’on voit n’est plus l’espérance ». Pour nous chrétien l’espérance porte au contraire sur l’improbable, l’invisible, quelque chose contraire à toute logique humaine mais dont nous sommes certains.

L’espérance est la certitude des choses promises par Dieu.

Ce n’est pas une vertu qui sécurise car nous devons espérer l’inconcevable. Nous devons « espérer contre toute espérance »(Rm 4, 18). Là encore Saint-Paul nous donne la vertigineuse mesure de l’espérance et nous rappelle qu’Abraham, est celui qui nous montre ce qu’est l’espérance : « Espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d’une multitude de peuples » (Rm 4, 18)

Même quand il n’y avait plus d’espérance, Abraham a continué à espérer et il crut à la parole de Dieu, qui lui promettait un fils.

« Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer. » Et il lui dit : « Telle sera ta descendance. » (Gen 15, 2-6)

L’espérance nous ouvre l’horizon de tous les possibles, celui de Dieu.

En croyant, l’espérance nous amène à rendre certain ce qui va au-delà de toute logique humaine, de tout raisonnement, de toute la prudence et la sagesse du monde. L’espérance nous fait entrer dans la grandeur de Dieu.

C’est là, la toute-puissance de l’espérance.

Elle nourrit et fortifie notre foi pour que nous nous mettions en marche.

L’espérance est l’ancre de l’âme : elle relie le présent du chrétien à son avenir avec Dieu.

… Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. Lc 10, 20

Benoît XVI insistait sur ce point en affirmant que l’éternité est « quelque chose comme le moment rempli de satisfaction, dans lequel la totalité nous embrasse et dans lequel nous embrassons la totalité. Il s’agirait du moment de l’immersion dans l’océan de l’amour infini, dans lequel le temps – l’avant et l’après – n’existe plus. » Il cite à ce propos l’évangile selon Saint Jean, où Jésus dit : « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn. 16, 22)

Il y a-t-il plus bel avenir ? Il y a-t-il plus belle espérance ?

C’est déjà vrai mais pas totalement accompli, alors en marche ! L’espérance est, en effet, en lien avec les choses à venir mais à un effet immédiat, comme Abraham elle nous met en marche. Grâce à l’espérance nous acceptons de quitter la terre de nos habitudes, en espérant cet impossible promis par Dieu.

Alors comme Abraham continuons de croire en Dieu et à espérer. Prions, interpellons-le.

Pour reprendre les mots du pape François

« Abraham s’adresse donc à Dieu, dans la foi, pour qu’il l’aide à continuer à espérer. C’est curieux, il ne demanda pas un fils. Il demanda : « Aide-moi à continuer à espérer », la prière d’avoir de l’espérance. (…)

 « Aide-moi à continuer à espérer »

Son unique certitude est d’avoir confiance dans la parole du Seigneur et de continuer à espérer. »

Cela est la foi, nous dit le pape, cela est le chemin de l’espérance que chacun de nous doit parcourir. Si comme Abraham pour avoir une idée de la promesse de Dieu, il ne nous reste à nous aussi, comme unique possibilité, que celle de regarder les étoiles, alors le temps est venu d’avoir confiance en Dieu.

Il n’y a rien de plus beau.

Prions avec la petite espérance de Charles Peguy – extrait

La Foi voit ce qui est.
Dans le Temps et dans l’Éternité.
L’Espérance voit ce qui sera.
Dans le temps et dans l’éternité.
Pour ainsi dire le futur de l’éternité même.

La Charité aime ce qui est.
Dans le Temps et dans l’Éternité.
Dieu et le prochain.
Comme la Foi voit.
Dieu et la création.
Mais l’Espérance aime ce qui sera.
Dans le temps et dans l’éternité.

Pour ainsi dire dans le futur de l’éternité.

L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera.
Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera
Dans le futur du temps et de l’éternité.

Comme Abraham demandons encore : Dieu, Aide-moi à continuer à espérer.

Mercredi de la deuxième semaine de Carême – 16 mars 2022 – Gabrielle Grondin, laïc

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