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Spontanément, lorsque le temps du Carême arrive, notre premier réflexe peut nous pousser à penser au jeûne de nourriture et de boisson… Mais St Paul est clair à ce sujet : «  Le règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Bien plus, si nous nous arrêtons à ces seules pratiques, nous risquons fort de tomber dans les pièges de l’orgueil, et c’est toujours St Paul qui nous le dit dans la Lettre aux Colossiens : « Dès lors, que nul ne s’avise de vous critiquer sur des questions de nourriture et de boisson… Tout cela n’est que l’ombre des choses à venir, mais la réalité, c’est le corps du Christ. Que personne n’aille vous en frustrer, en se complaisant dans d’humbles pratiques, dans un culte des anges : celui-là donne toute son attention aux choses qu’il a vues, bouffi qu’il est d’un vain orgueil par sa pensée charnelle, et il ne s’attache pas à la Tête », le Christ, et cela de tout cœur, humblement, le Christ « dont le Corps tout entier », ses disciples et avec eux tous les hommes de bonne volonté (cf. Lc 2,14), « reçoit nourriture et cohésion, par les jointures et ligaments », les relations humaines vécues dans la justice et la vérité, « pour réaliser sa croissance en Dieu » par le Don de l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour, de douceur et de paix (Col 2,1619)…

            Certes, si le fait d’être pécheur consiste à rechercher éperdument et égoïstement, en ne pensant qu’à soi et seulement à soi, son bonheur, sa satisfaction personnelle, sa jouissance, d’une manière ou d’une autre, et si la nourriture et la boisson en sont l’occasion, remettre Dieu à la première place de sa vie sera alors, dans ce cas-là, jeûner et se priver, pour être plus raisonnable, éviter tout excès, ce qui ne peut qu’aller dans le sens de l’équilibre, vraie base de toute santé… Mais c’est l’équilibre qui est recherché, cet équilibre qui permet l’oubli de soi et le don de soi pour les autres… Le but, n’est donc pas de se priver de ceci ou de cela, mais de tout ce qui nous replie sur nous-mêmes, nous enferme en nous-mêmes, nous pousse à ne penser qu’à nous-mêmes, à ne nous préoccuper que de nous-mêmes, sans tenir compte ni de Dieu ni de celles et ceux qui nous entourent… Ainsi, pendant le temps du carême, celles et ceux qui pourraient se négliger eux-mêmes ou se priver habituellement et excessivement de nourriture, auront pour effort de carême de bien manger, d’apprendre à s’aimer eux-mêmes tels qu’ils sont, pour atteindre cette paix intérieure et ce socle fondamental de « bien-être » qui leur permettra ensuite de ne plus penser à eux mêmes, et donc de vivre pour les autres, de s’occuper des autres…

            C’est à ce détachement de notre « égo » que le Christ ne cesse de nous inviter pour que nous nous tournions vraiment, à notre mesure, autant que nous le pouvons, vers celles et ceux qui nous entourent, et cela pour concourir à leur bien… « Quand donc tu fais l’aumône, ne va pas le claironner devant toi ; ainsi font les hypocrites, dans les synagogues et les rues, afin d’être glorifiés par les hommes… Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment, pour faire leurs prières, à se camper dans les synagogues et les carrefours, afin qu’on les voie… Et quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites : ils prennent une mine défaite, pour que les hommes voient bien qu’ils jeûnent » (cf. Mt 6)… Tout ces biens que sont l’aumône, la prière et le jeûne sont alors pervertis par l’orgueil dont ils deviennent alors la nourriture… Et il peut en être ainsi de toute pratique religieuse…

            L’important donc n’est pas de faire ceci ou cela, de se comporter comme ceci ou comme cela, mais d’aimer, de nous ouvrir à Dieu et aux autres, et de travailler, à notre mesure, au bien de tous, autant que notre faiblesse le permet… Et le rocher de notre vie est alors cette Miséricorde inlassable de Dieu qui ne cesse de venir à notre rencontre pour nous relever et nous relever encore, nous purifier et nous purifier encore, nous fortifier et nous fortifier encore pour que nous puissions reprendre et reprendre encore, avec Lui, à sa Suite, le chemin de la vie en le servant et en servant nos frères…

Prions

            « Seigneur, donne-nous de pouvoir t’adorer sans partage en ayant pour tout homme une vraie charité. Apprends-nous à vivre de ta miséricorde pour que ton règne vienne et que ta volonté de salut s’accomplisse sur la terre comme au ciel. 

            Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen… » (cf. Prière du 4ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A).

Le jeudi après les cendres – 23 février 2023 – Jacques Fournier, diacre

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