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L’Eglise célèbre ce jour l’institution de l’Eucharistie par Jésus au cours du dernier repas qu’il prit avec ses disciples. Marc, Matthieu et Luc nous en donnent le récit… « Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude » (Mc 14,22-24) « en rémission des péchés » ajoutera St Matthieu (Mt 26,26-28).

St Jean ne nous rapporte pas ce récit, mais il y fait allusion quand il nous raconte la multiplication des pains : « Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives » (Jn 6,11). Puis Jésus se présentera longuement dans la synagogue de Capharnaüm comme étant « le Pain de Vie », et c’est certainement ce discours qui, dans tous les Évangiles, nous en dit le plus sur l’Eucharistie (Jn 6,26‑71).

Il est d’abord, nous dit-il, « Pain de Vie » par sa Parole. Et cette Parole est avant tout témoignage à la relation qu’il vit de toute éternité avec son Père (Jn 8,38-40), une relation où le Père, par Amour, se donne tout entier à Lui, en tout ce qu’il a, en tout ce qu’il est (Jn 3,35 ; 16,15 ; 17,10), et il Est Esprit (Jn 4,24), il Est Vie (Jn 6,57). Et c’est par ce Don éternel de Lui-même que le Père « engendre » le Fils en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière », « né du Père avant tous les siècles », « de même nature que le Père » (Crédo). Ce Don du Père, par Amour, étant éternel, Jésus peut dire : « Je vis par le Père », depuis toujours et pour toujours… La relation à son Père est donc pour lui vitale, existentielle… Sans Lui, il ne vit pas, il n’est rien, il ne peut rien… Tel est le témoignage que le Fils ne cesse ainsi de donner à son Père par sa Parole… Croire en cette Parole, c’est croire en l’Unique Engendré, c’est s’ouvrir de tout cœur à Lui et donc au même moment à son Père qui l’engendre en Fils… et c’est finalement, par cette ouverture du cœur, accueillir avec le Fils ce Don qui ne cesse de jaillir du Père pour l’engendrer en Fils, le Don de l’Esprit qui est Vie… C’est ainsi que Jésus dira : « C’est l’Esprit qui vivifie, mes Paroles sont Esprit et elles sont Vie »… St Pierre l’aura bien reconnu : « Tu as les Paroles de la vie éternelle… Nous, nous croyons et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6,63-69)…

Après s’être présenté comme « Pain de Vie » par sa Parole, Jésus se présentera également comme « Pain de Vie » par sa Chair offerte sur la Croix, sommet de la Révélation du Don total par Amour qu’il fera de Lui-même dans le seul but de vaincre, toujours par Amour, tous les obstacles que les hommes mettront entre eux et Lui… C’est comme si Jésus disait : « Tout ce déchaînement de haine et de violence ne m’empêchera pas de vous aimer, de continuer à vous dire au Nom de mon Père : Dieu vous aime et ne cesse de vouloir, de rechercher, de se donner pour votre seul bien »… « Manger sa chair », « boire son sang » (Jn 6,48-58) devient alors un acte de foi en l’Amour du Dieu fait homme qui s’est donné tout entier, jusqu’au bout, jusqu’à la dernière goute de son sang, pour chacun d’entre nous… Envers et contre tout, quelle que soit l’étendue de nos misères et de nos fautes, nous pouvons donc toujours compter sur l’Amour, nous tourner vers Lui, et espérer de Lui le meilleur… Et c’est encore le Don gratuit de l’Amour qui fera son œuvre, en éclairant nos ténèbres (Jn 1,5 ; Ep 5,8), en lavant et en purifiant nos cœurs de toutes souillures (Ez 36,24-28 ; Ap 1,5), en les fortifiant dans leur faiblesse (2Co 12,7-10), et en leur donnant de pouvoir repartir sur le Chemin de la Vie (Jn 14,6), de la vraie Vie, cette Vie qui est celle-là même du Dieu Amour, une Vie qui ne pourra donc qu’être, à son tour, don gratuit de soi pour le seul bien des autres, de tous les autres…

C’est ce que St Jean, encore lui, nous montre lorsqu’il nous offre, à la place du récit de l’institution de l’Eucharistie, celui du lavement des pieds des disciples par Jésus… Voilà ce que ne cesse de vouloir faire l’Unique Engendré à notre égard, « Dieu né de Dieu », Amour né de l’Amour… Et voilà ce qu’il fait, avec joie, dès lors que l’on accepte de se laisser faire, de se laisser aimer, laver, purifier, gratuitement, par Amour… « Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (Jn 13,13-15)… « Sachant cela, heureux êtes-vous si vous le faites » (Jn 13,17) car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). Ce Bonheur, est en fait Celui de Dieu Lui-même qui, par Amour, ne cesse de se donner pour notre seul bien… Quelle joie pour Lui quand il peut vraiment faire pour nous ce qu’il désire… Accepterons-nous de le laisser faire, de nous laisser faire, et de marcher ensuite humblement à sa suite sur le chemin de l’amour, du Don gratuit de nous-mêmes pour le seul bien des autres ? « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11)…

 

Prions :

Seigneur Jésus, Fils Unique, Unique Engendré, tu t’es fait chair dans le sein de la Vierge Marie pour nous montrer ce chemin qui, de la Croix, conduit à la Joie, ta Joie… « Heureux les pauvres de cœur », nous dis-tu, heureux qui comptent avant tout sur un autre qu’eux-mêmes, sur Toi, « car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5,3) puisque Dieu notre Père «  a trouvé bon de nous donner ce Royaume » (Lc 12,32) en nous donnant son Esprit de Paix, de Douceur, de Force et de Joie… « Recevez l’Esprit Saint », nous diras-tu, Ressuscité (Jn 20,22), cet Esprit que tu reçois toi-même du Père de toute éternité, un Esprit par lequel le Père t’engendre en Fils Unique, « Doux et Humble de cœur » (Mt 11,29), ce Fils qui « ne crie pas, ne hausse pas la voix, ne fait pas entendre sa voix dans la rue » mais se plaît à « ne pas briser le roseau froissé, à ne pas éteindre la mèche qui faiblit » (Mt 12,18-21 ; Is 42,1-4), et c’est bien ce que nous sommes tous, pécheurs blessés… Que ta Miséricorde, Seigneur, nous garde tous jour après jour à ta suite, alors, en pensant à toi, nous pourrons chanter avec Christophe Maé :

« Il est où le bonheur, il est où ? Il est où ?

Il est où le bonheur, il est où ? Il est où ?

Il est là le bonheur, il est là ! Il est là !

Il est là le bonheur, il est là ! Il est là !

 

C’est une bougie, le bonheur

Ris pas trop fort d’ailleurs, tu risques de l’éteindre…

On l’veut le bonheur, on l’veut, ouais ! Tout le monde veut l’atteindre…

Mais il fait pas de bruit, le bonheur, non, il fait pas de bruit

Non, il n’en fait pas »…

 

Diacre Jacques Fournier, Jeudi Saint, 13 avril 2017

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