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       « Jésus proclame la venue en ce monde du Royaume de Dieu (Mt 4,17). Mais ce Royaume est une réalité spirituelle qui n’est accessible qu’à la foi »… En effet, « le Règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17), « dans la communion du Saint Esprit » (2Co 13,13), « dans l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3). « Dans cette foi, l’Espérance de l’Eglise est comblée car le Don de l’Esprit a achevé d’accomplir les promesses » que Dieu a faites dans l’Ancien Testament… En effet, dit Jésus en mourant pour nous tous sur une croix, « tout est accompli » (Jn 19,30)… Et Ressuscité, il déclare à « tous les hommes qu’il attire à lui » (Jn 12,32) d’une manière ou d’une autre : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22)…

            Ainsi, écrit St Paul, « Dieu vous a fait le Don de son Esprit Saint » (1Th 4,8), « il nous a donné de son Esprit » (1Jn 4,13 ; Rm 5,5) confirme St Jean, et cela gratuitement (Rm 6,23), par Amour (1Jn 4,8.16 ; Rm 5,6-11). Tel est le grand Don de Dieu, offert à tout homme de « bonne volonté » (Lc 2,14) et pleinement révélé par et en Jésus Christ : « Après avoir entendu la Parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis, pour la louange de sa gloire… Cherchez donc dans l’Esprit votre plénitude » (Ep 1,13-14 ; 5,18).

            Cet « accomplissement des promesses en Jésus Christ joue un rôle fondamental dans la réflexion de Paul. La gloire attendue est une réalité actuelle (2Co 3,18-4,6), bien qu’invisible (2Co 4,18 ; Rm 8,24s) ». En effet, si « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rm 3,23), Jésus, en priant son Père, évoque ses disciples et à travers eux nous tous en disant : « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée (…) parce que tu m’as aimé dès avant la fondation du monde » (Jn 17,22-24). Et il nous la donne en nous donnant « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu », et cela tout spécialement au cœur même de toutes les souffrances que nous pouvons connaître en ce monde : « Heureux êtes vous » alors, envers et contre tout, « car l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu repose sur vous » (1P 4,14). Avec lui et par lui, nous sommes ainsi tout à la fois « dans la fin de l’épreuve », une épreuve malgré tout toujours présente, « et dans le début d’une ère de paix et de joie » (Note Bible de Jérusalem pour 1Co 1,3), une ère qui, cependant, n’est pas encore pleinement manifestée, et demeure ici-bas comme « en énigme » (1Co 13,12). Mais cela n’enlève rien à la réalité de ce Don spirituel qui nous rejoint au plus profond de notre être : « Le monde nouveau est présent au sein du monde ancien, et le chrétien uni au Christ » « dans la communion du Saint Esprit » (2Co 13,13), « dans l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3), « est consolé au sein même de sa souffrance » par cet « Esprit de force » (2Tm 1,7) dont le fruit est « joie » (Ga 5,25 ; 1Th 1,6). « Paul insiste ainsi constamment sur la présence de réalités antagonistes, voire contradictoires, dans le Christ, l’apôtre et le chrétien : souffrance et consolation (2Co 1,3-7), mort et vie (2Co 4,10-12 ; 6,9 ; Rm 6,23), pauvreté et richesse (2Co 6,10 ; 8,9), faiblesse et force (2Co 12,9-10). C’est le mystère pascal, la présence du Christ ressuscité au milieu du monde ancien de péché et de mort », et donc en nos cœurs mêmes de pécheurs blessés, souffrants, si souvent titubants dans nos ténèbres… Mais, « le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui demeuraient dans la région sombre de la mort, une lumière s’est levée » (Mt 4,16), manifestant ainsi pour chacun d’entre nous « l’Amour vainqueur »…

            Alors, si Dieu le Père a ressuscité son Fils d’entre les morts en déployant en Lui la Toute Puissance de son Esprit de Lumière et de Vie, « et si », par la foi et dans la foi, « l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11), et cela commence dès maintenant, bien réellement, dans l’invisible de la foi… Tel est le Trésor du croyant, Don gratuit de l’Amour, Source de son Espérance…

            A ce titre, « un baptisé est déjà ressuscité (Rm 6,1-7 ; Col 3,1) ; dans l’Esprit qu’il a reçu comme arrhes (2Co 1,22 ; 5,5 ; Ep 1,14) et prémices (Rm 8,11.23) du monde à venir, il possède déjà ce monde nouveau, et son espérance peut alors « surabonder » (Rm 15,13) »…

            Ainsi, l’espérance personnelle de Paul gémit de n’être pas encore comblée (2Co 5,4s ; Rm 8,23) et exulte à la pensée de l’avenir qu’elle attend (1Co 15,54s)… Ne prenant appui que sur la grâce de Dieu et non sur les œuvres (1Co 4,4 ; 15,10 ; Rm 3,27) elle anime cependant de son dynamisme la course (Ph 3,13s) et le combat (2Tm 4,7) qu’il mène pour accomplir sa mission… Il sait que sa récompense est le Christ Lui-même (Ph 3,8). Son espérance, c’est avant tout d’être avec lui (Ph 1,23 ; 2Co 5,8). L’apôtre n’attend plus son bonheur personnel, mais tout simplement quelqu’un qu’il aime. Ce désintéressement foncier de son espérance se manifeste encore par son ouverture au salut des « autres » (2Tm 4,8 ; 2,7), chrétiens (1Th 2,19) ou païens, à qui il veut révéler le Christ, « espérance de la gloire » (Col 1,24-29) (P. Jean Duplacy ; Vocabulaire de Théologie Biblique (col. 384 – 387)).

Prions

            Dieu notre Père, tu nous dis : « J’ai élevé des enfants, je les ai fait grandir… mais ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau » (Is 1,2-4 ; Jr 2,13)… C’est pourquoi « leur langue est desséchée par la soif.

            Mais moi, le Seigneur, je ne les abandonnerai pas… Sur les monts chauves » du Gologotha, « je ferai jaillir des fleuves, et des sources au milieu des vallées. Je ferai du désert un marécage et de la terre aride des eaux jaillissantes » (Is 41,17-18 ; cf. Jn 4,10-14 ; 7,37-39 ; 19,34)…

            Alors, « s’écrie Jésus : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive celui qui croit en moi », selon le mot de l’Ecriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en Lui » (Jn 7,37-39).

            Seigneur, aide-nous à accueillir en vérité ce Don de l’Esprit que tu veux voir régner en nos cœurs plus que nous-mêmes, et cela pour notre seul bien…

 1er Dimanche de Carême – 6 mars – Jacques FOURNIER, Diacre

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