Prédication disponible en format audio.

« Vous ne connaissez ni moi ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. » (Sentencieuses paroles du Christ dans l’évangile de saint Jean, au chapitre 8, verset 19).

Méditation de la Parole en ce Lundi 4 avril 2022 – Chemin de Carême

Remarque cinglante, syllogisme imparable ne faisant pas dans la demi-mesure, voilà qui est bien envoyé, aurait pu dire, à ces mots de Jésus, un observateur attentif dans le Temple de Jérusalem où le Fils de l’homme enseigne les foules, lors de la fête des Tentes. Des paroles pesées au trébuchet de la sagesse divine. Il ne pouvait en être autrement face à des hommes tournant le dos à leur propre salut. Des pharisiens et des scribes certes versés dans la connaissance des Ecritures mais « torréfacteurs imparfaits  de la Parole divine » à en croire Jacques Maritain (1882-1973).**

Car ces hommes-là voient uniquement Jésus en tant qu’homme. Un humble Nazaréen, charpentier de métier, donne-t-on pour sûr, qui, cependant, avec l’aplomb du Maître-qui-sait, les bouscule dans leurs certitudes blindées, dans la porosité de leurs retranchements, par son enseignement contrariant. La cécité de leur cœur, un peu comme l’obturateur par trop bloqué d’une caméra, les ferme à l’évidence. Ils ne peuvent accepter que ce jeune rabbin, adulé des foules suspendues à ses lèvres, conquises par ses guérisons miraculeuses, soit le Fils de Dieu. Ne pas le connaître, c’est par conséquent ne pas reconnaître en lui, assure saint Paul, « la force de Dieu et la sagesse de Dieu. »*** De leurs bouches, il ne saurait donc y avoir de jugement juste. Encore moins ne peuvent-ils percevoir dans son enseignement révolutionnaire et ses actes l’amour, le pardon et la paix du Père.

C’est pourtant en Jésus que nous est donnée la parfaite connaissance de Dieu.

« Ô délice de mon cœur, pourquoi ne l’ai-je découvert que si tard ?, pouvait en faire l’amer regret saint Augustin sur son chemin de conversion.

Connaître l’extase sublime, si chère à la grande Catherine de Sienne, « auprès de son divin Sauveur », en cette inextinguible communion d’amour Père-Fils, c’est entrer dans un immense courant de vie et de lumière jailli du cœur de Dieu et qui ramène à lui. 

Nous ne pouvons entrer en relation avec Dieu, le connaître dans cette intimité exclusive,

« si nous ne faisons pas vraiment l’expérience de l’abandon », résumait Madeleine Delbrêl (1904-1964)

Si nous ne restons pas greffés sur le Seigneur qui nous façonne avec la patience du potier, nous nourrit de sa parole salvatrice et « rêve pour chacun de nous plus grand que ce que nous pouvons imaginer », prophétisait, quelques jours avant son assassinat, Mgr Oscar Romero****

Dieu veuille que cette attitude des pharisiens ne vienne fausser chez nous la bienveillante rectitude que nous devons  en toute circonstance observer à l’égard des autres ! Gardons-nous de les juger sur leur apparence ou sur ce que nous savons de leur passé. Pas de regard biaisé porté sur eux, car nous ne les verrons plus alors, et avant tout, comme des enfants de Dieu.

Comme le rappelle cette admirable sentence des Pères du désert :

«  N’oublions pas que Dieu se fait voir et connaître par eux ; qu’il aime en eux ce que nous ne savons voir. »

Aussi, dans notre quête de mieux te connaître, Père, nous « qui sommes dans le Véritable, dans [ton] Fils Jésus Christ » (1 Jean 5, 20), nous portons sur nos lèvres cette humble prière :

Seigneur Dieu, toi qui te fais connaître par ton Fils Jésus, tu te montres également dans les personnes qui nous entourent. Ouvre les yeux de nos cœurs afin que nous puissions te reconnaître et t’aimer en elles. Et que la connaissance de « l’amour de [ton] Christ qui surpasse toute connaissance »*****, plus que jamais en ce temps de Carême, nous élève dans une pleine et bienheureuse espérance.

Bonne et belle journée à tous. Retrouvons-nous demain avec joie pour continuer, ensemble, à « grandir dans l’Espérance » sur notre chemin de Carême.

 

*1 Jean 5, 20

** Philosophe français, défenseur de la pensée catholique contre la philosophie matérialiste

*** 1 Corinthiens 1, 24

**** Archevêque de San Salvador, assassiné en pleine messe le 24 mars 1980

***** Ephésiens 3, 19

Le Lundi de la 5ème semaine de Carême – 4 avril 2022 – Jean-Marie Armand, Diacre permanent

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