Prédication disponible en format audio.

Nous lisons dans le Martyrologe : « Quarante-huit ans après l’arrivée de Saint François Xavier en 1597», patron principal de notre diocèse de la Réunion, « le Japon donna au Seigneur ses premiers martyrs : trois frères Jésuites, dont Paul Miki, quinze laïcs japonais, et avec eux six Franciscains étrangers. Leur passion commença par une marche exténuante, longue des quatre cents kilomètres qui séparent Kyoto de Nagasaki. En chemin, les disciples de Jésus trouvèrent deux hommes de bonne volonté pour les soulager dans leurs souffrances : Pierre qui leur achetait en chemin ce qu’ils désiraient et François, qui non content d’aider les martyrs, voulait à toute prix être comptés parmi eux. Les soldats finirent par les joindre tous les deux aux condamnés, et c’est au nombre de vingt-six qu’ils arrivèrent à Nagasaki. Là, sur une petite colline, vingt-six croix les attendaient. Ils y furent crucifiés comme Jésus, la poitrine transpercée de coups de lance.

Deux enfants de douze ans se trouvaient au nombre des martyrs… Le petit Louis était un vrai boute-en-train. Quand il se vit condamné, sa joie redoubla. Parvenu sur la colline, il demanda : « Quelle est ma croix ? ». Il y courut et l’entoura de ses bras. Quant au jeune Antoine, du haut de la croix, à la vue des larmes de ses parents, il leur dit : « Ne pleurez pas »… Puis, après avoir chanté avec tous ses compagnons le « Benedictus », il pria le Père Pierre-Baptiste d’entonner avec lui, comme il le lui avait promis, le psaume « Laudate Dominum ». Celui-ci absorbé dans une profonde contemplation ne lui répondit pas ; l’enfant commença alors tout seul le psaume, et il l’acheva au ciel »…

Telle est « la croix glorieuse »… Notre Dieu et Père ne peut vouloir la souffrance pour ses enfants, et il ne peut les voir souffrir sans venir à leur aide, pour les réconforter, les soutenir, les soulager… Le Christ devant lequel St François Xavier a prié pendant toute son enfance en est une belle illustration… Son visage souriant exprime une joie profonde, en totale contradiction, humainement parlant, avec les souffrances qu’il supportait en ces instants… Tel est le Mystère chrétien… Nous, nous voudrions que ces souffrances disparaissent, et c’est normal… Le Christ lui aussi, quand il a vu son heure arriver, a demandé à son Père : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi. Cependant, non pas comme je veux mais comme tu veux » (Mt 26,39). Il aurait bien aimé, comme nous tous, ne pas avoir à souffrir… Cela c’est son « comme je veux », et c’est bien cela aussi que nous voulons tous… Mais sa prière a quand même été exaucée, certes, non pas comme il l’aurait voulu, mais comme le Père l’a voulu… Et le Père l’a rejoint au tréfonds de son cœur, pour, mystérieusement, porter avec lui sa souffrance à tel point que la joie a fini par prévaloir…

            Et c’est ce qu’il désire faire dans nos vies à tous… « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute nos souffrances, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque souffrance que ce soit. De même en effet que les souffrances du Christ abondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notre consolation. Sommes-nous dans la souffrance ? c’est pour votre consolation et salut. Sommes-nous consolés ? c’est pour votre consolation, qui vous donne de supporter avec constance les mêmes souffrances que nous endurons, nous aussi. Et notre espoir à votre égard est ferme : nous savons que, partageant nos souffrances, vous partagerez aussi notre consolation » (2Co 1,3-7).

En contemplant le Christ souriant de St François Xavier, on comprend mieux la réaction du Centurion romain qui le voit ainsi mourir au milieu d’atroces souffrances : il rayonne de joie, son visage exprime un bonheur profond, une Plénitude d’Être et de Vie ! « Voyant qu’il avait ainsi expiré, le centurion, qui se tenait en face de lui, s’écria : Vraiment cet homme était fils de Dieu ! » (Mc 15,39).

Cette Parole que Jésus nous avait donnée au tout début de son ministère, sur une haute montagne, s’accomplissait pour lui : « Heureux les affligés, car ils seront consolés… Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5,1-12)…

 

Prions avec Ste Thérèse de Lisieux et quelques extraits de son poème « Ma Joie » :

« Il est des âmes sur la terre

Qui cherchent en vain le bonheur.

Mais pour moi, c’est tout le contraire

La joie se trouve dans mon cœur.

Cette joie n’est pas éphémère,

Je la possède sans retour ;

Comme une rose printanière,

Elle me sourit chaque jour…

 

… (C’est pourquoi), je souris en versant des pleurs

J’accepte avec reconnaissance

Les épines mêlées aux fleurs.

 

(Car) la joie se trouve dans mon cœur.

Cette joie n’est pas éphémère,

Je la possède sans retour ;

Comme une rose printanière

Elle me sourit chaque jour. »

 

Jacques Fournier, Diacre – Temps de Carême – Vendredi Saint 30 mars 2018

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