Prédication disponible en format audio.

A l’occasion de l’hommage national rendu ces derniers jours au Colonel Arnaud Beltrame, nous avons eu l’occasion d’entendre les témoignages de certains de ses collègues qui l’ont bien connu : il faisait tout à fond, du mieux qu’il pouvait, aussi bien l’organisation de grandes manifestations publiques, que les soirées de fête, entre amis…

La veille de sa mort, Jésus, ici, fait de même… A l’occasion d’un repas tout simple partagé avec ses disciples, il va poser à leur égard des gestes simples de la vie quotidienne, en utilisant les réalités simples et humbles de notre vie à tous… En agissant ainsi, il nous révèlera l’intention profonde qui habite son cœur, son sens du devoir, sa volonté d’aller jusqu’au bout, par amour de Dieu son Père, et par amour de tous les hommes, et cela quoiqu’il arrive… Et c’est bien ce qu’il vivra dès le lendemain, humblement, simplement, le plus souvent en silence, mais avec une incroyable détermination…

            C’est ce que St Jean nous suggère tout de suite dès les premiers versets de l’Evangile de ce jour, « le Lavement des pieds » (Jn 13,1-20) : « Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin », « jusqu’à l’extrême de l’amour », précise en note la Bible de Jérusalem. Et peu après, Jésus déclarera : « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : déposer sa vie pour ses amis », librement, en offrande, en sacrifice pour eux, et rien que pour eux (Jn 15,13)… Et c’est ainsi que Lui, l’innocent, va mourir, en supportant toute la haine, la méchanceté, l’aveuglement des hommes qui pousseront la cruauté jusqu’à le crucifier sur une croix… Et Lui, il offrira sa vie pour eux, pour que l’Amour de Dieu triomphe de leur haine, sa Bonté de leur méchanceté, sa Lumière de leur aveuglement… « C’étaient nos péchés qu’en son propre corps il portait sur le bois… Par tes blessures, ô Christ, nous sommes guéris » (1P 2,21-25). Le courage et l’abnégation du Colonel Arnaud Beltrame nous font frémir, un tel don de soi de Jésus, dans de telles souffrances, innommables, et cela pour notre seul bien à tous, nous fait aussi frémir…

Le vêtement dans la Bible renvoyant au Mystère de celui qui les porte, Jésus enlève ici ses vêtements et il les « dépose » comme il « déposera » plus tard sa vie pour nous sur une croix… Puis, « il prend un linge et s’en ceignit », comme le font tous les serviteurs pour laver les pieds de leurs maîtres, ou les pieds des invités de leurs maîtres… « Quel est parmi vous le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,24-27). Mais avec lui, ce signe d’humble service à l’égard de tous les hommes est d’autant plus fort qu’Il Est le Seigneur et le Maître, celui « par qui tout advint, et sans qui rien n’advint» (Jn 1,3). Nous pécheurs, désobéissants, si souvent méprisants à son égard, si peu aimants, nous sommes tous ses invités, gratuitement, par Amour, et c’est Lui, le Seigneur et le Maître qui, en Personne, se propose d’accomplir à notre égard ce rite d’accueil avant d’entrer dans sa Maison ! « Comment, toi, Seigneur, me laver les pieds ? », lui dit St Pierre ? « Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais ! ». Et pourtant, pour entrer dans la pureté du Ciel, nous avons tous besoin d’être « lavés, purifiés, justifiés, sanctifiés » (1Co 6,9‑11) et cela ne peut se faire que par le Don de Dieu, cet Esprit Saint qui se joint « au bain d’eau qu’une Parole accompagne », le baptême : « Le Christ », écrit St Paul, « a aimé l’Église », et ici, le mot « Eglise » a le sens de « l’humanité tout entière » appelée au salut, car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés », écrit-il encore, et c’est bien dans ce but que « le Christ s’est livré en rançon pour tous », poursuit-il en 1Tm 2,3-6. « Le Christ » donc « a aimé l’Eglise », il a aimé l’Humanité : « il s’est livré pour elle afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne, car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (Ep 5,25-27).

            Tel est le sens du lavement des pieds : il préfigure, par un geste simple accompli au cœur de circonstances toutes simples, l’offrande totale que le Christ fera de lui-même pour que l’Humanité tout entière soit lavée, de cœur, par le Don de Dieu : l’Esprit Saint « Eau Pure » qui purifie (Ez 36,24-28), « Eau Vive » qui vivifie (Jn 4,10-14 ; 7,37-39 ; 19,33-35 ; 20,19‑23)…

Et le Christ invite tous les hommes de bonne volonté à faire de même : se mettre au service de leurs frères les hommes, et cela pour leur seul bien : « C’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous… Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites » (Jn 13,15-17).

 

Prions

Seigneur Jésus, en ton humanité, tu es venu nous révéler le plus beau de Dieu et le plus beau de l’homme, ce « plus beau » que nous avons tous reconnu dans l’offrande du Colonel Arnaud Beltrame… Aide-nous à marcher à ta suite, à suivre votre exemple à tous les deux, vous qui ne cherchiez que le bien, la vie des autres : pour le Colonel Arnaud Beltrame, la vie de cette jeune femme, Julie, mère d’une petite fille de deux ans et demi ; pour toi Jésus, le Fils Unique et éternel du Père, la vie de tous les hommes que Dieu aime… Deux offrandes, une seule et pure intention de cœur, un seul sens du devoir, et cela jusqu’au bout, par amour…

Jacques Fournier, Diacre – Temps de Carême – Jeudi Saint 29 mars 2018

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