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« En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. » En effet, Jésus est « l’envoyé du Père » (Jn 5,37). Sa mission est de nous transmettre les paroles que le Père lui a données pour nous : « Père, les Paroles que tu m’as données, je les leur ai données ». Ainsi, « ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis » (Jn 17,8 ; 12,50).

Or, nous dit St Jean, « celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34). « Le Don de Dieu » (Jn 4,10), l’Esprit de Dieu, se joint donc toujours à la Parole de Dieu. Ouvrir son cœur à cette Parole, c’est accueillir au même moment le Don de l’Esprit Saint. Or, nous dit St Paul, « l’Esprit donne la vie » (Rm 8,2), « l’Esprit vivifie » (2Co 3,6), « l’Esprit est vie » (Ga 5,25). Accueillir l’Esprit en son cœur, c’est donc accueillir une réalité spirituelle qui est de l’ordre de la vie, et il s’agira de la reconnaître tout simplement en vivant ce qu’il nous est donné de vivre avec « un cœur brûlé d’attention, les yeux tournés vers ton Mystère » (Hymne CFC).

Si, avec l’aide de Dieu Lui-même, nous « gardons sa parole » en essayant de vivre en harmonie avec elle, en « cessant de faire la mal, et en apprenant à faire le bien » (Is 1,16), nous ne pourrons alors que recevoir, au fond du cœur, instant après instant, ce Don de l’Esprit qui est Vie et Paix… Vivant de la vie même de Dieu, sa vie éternelle, « nous ne verrons jamais la mort », la mort spirituelle, car la mort physique appartient à notre condition de créatures appelées, au terme de notre existence terrestre, à vivre éternellement auprès de Dieu dans sa Lumière et dans sa Vie… C’est pourquoi, Jésus peut dire aussi : « Qui refuse de croire au Fils », et donc d’accueillir sa Parole, et avec elle le Don de l’Esprit, « ne verra pas la vie » (Jn 3,36)…

« Le Règne de Dieu n’est pas une affaire de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17), « dans l’unité de l’Esprit » avec Dieu (Ep 4,3), une unité rendue possible par le Don gratuit de l’Amour, le Don de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63) : « Le salaire du péché, c’est la mort », la mort spirituelle ; « mais le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

            Ainsi, pour nous pécheurs, « garder sa Parole » c’est d’abord garder cette Révélation d’un Amour absolument inaltérable, un Amour Pur, gratuit, qui ne cherche, ne veut, ne désire que notre bien à tous… Le péché nous surprend ? Manifestement, nous ne vivons pas comme il le faudrait ? Dès que nous le réalisons, nous pouvons encore « garder sa Parole » en accueillant dans nos cœurs ce fondement de la foi : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir »  (Lc 5,31-32). En effet, il est « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Et comment fait-il ? Tout simplement en nous disant et en nous redisant au Nom de son Père : « Le Père Lui-même vous aime » (Jn 16,27). « Saint Paul dit que Dieu nous a aimés même lorsque nous nous étions trompés. Qui de nous aime de cette manière, sinon un père ou une mère ?  Une mère aime son enfant même quand il est pécheur. Dieu fait la même chose avec nous, nous sommes ses enfants bien-aimés » (Pape François). Ainsi, lorsque nous venons de constater à quel point nous pouvons être infidèles, revenir le plus vite possible à ce fondement de l’Amour c’est tout de suite « garder la Parole de Dieu » en accueillant à nouveau ce « je t’aime » dont nous ne sommes pas dignes… A cette Parole se joint toujours le Don de l’Esprit… Il se fera alors encore et encore car « Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner » (Pape François), Eau Pure qui purifie (Ez 36,24-28), Eau Vive qui vivifie (Jn 4,10-14 ; 7,37‑39)… Ainsi, le pécheur qui accepte de reconnaître qu’il n’a pas su garder la Parole de Dieu, au moment même où il le fait, il la garde ! Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Repentez-vous, convertissez-vous » ? Et aussitôt la Lumière de l’Esprit brillera à nouveau dans ses ténèbres, et les ténèbres ne pourront rien contre elle (Jn 1,5). « Moi Lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Je Suis la Lumière du monde. Qui me suit », en acceptant de se repentir et de se repentir encore, jour après jour, celui-là « ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8,12). Il est loin d’être parfait, mais l’Amour de Dieu à son égard s’est montré, se montre et se montrera, nous l’espérons tous, le plus fort (cf. Ps 117(116)).

 

Prions

« Le Règne de Dieu n’est pas une affaire de nourriture ou de boisson. Il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. » Seigneur, donne-nous de mourir à tout ce qui, en nous, tue ta vie, à tout ce qui, en nous, éteint ton Esprit de Lumière et de Vie… Et si le jeûne peut nous aider à le faire, apprend-nous à jeûner comme tu le désires, non pas pour alourdir encore le fardeau de nos existences, mais pour nous permettre de marcher plus légèrement à ta suite en te donnant tout ce qui nous pèse, nous entrave et nous empêche de vivre pleinement comme toi tu voudrais que nous vivions… « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau, et vous trouverez le repos, car je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs, au repentir »…

 

Jacques Fournier, Diacre – Temps de Carême – Jeudi 22 mars 2018

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